Examens ministériels: le nombre de plaintes liées à la modération des notes bondit
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Le nombre de plaintes liées au traitement statistique des notes lors des épreuves ministérielles a bondi au ministère de l’Éducation cette année, alors que la modération des notes a eu pour effet de faire échouer des élèves qui avaient obtenu de bons résultats pendant l’année scolaire.
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Au cours des trois années avant la pandémie, soit de 2017 à 2019, aucune plainte n’avait été reçue à ce sujet. Or à la suite des épreuves ministérielles de juin 2022 – qui ont repris cette année après deux ans de crise sanitaire –, une trentaine de plaintes ont officiellement été déposées au ministère de l’Éducation, selon des données obtenues à la suite d’une demande d’accès à l’information.
Les demandes de révision de notes ont aussi augmenté de 75% comparées à 2019.
Mauvaises surprises
La modération des notes effectuée par le Ministère lors de ces examens avait causé une mauvaise surprise à plusieurs jeunes, rapportait Le Journal en août.
Amélie Bérubé, une élève de quatrième secondaire qui avait obtenu une note-école de 72% en mathématiques en fin d’année, avait vu ce résultat chuter à 43% après avoir échoué à l’épreuve ministérielle.
Le choc fut grand pour plusieurs élèves qui se sont retrouvés dans des situations semblables, d’autant plus que les épreuves ministérielles ne comptaient cette année que pour 20% de la note finale de l’élève, alors que cette pondération s’élevait à 50% avant la pandémie.
Karine Boulay, la mère d’Amélie, a fait une demande de révision de notes, mais on lui a bien expliqué que ce processus vise la correction de l’examen et ne modifie en rien le processus de modération effectué par la suite, déplore-t-elle.
Sa fille devra retenter sa chance lors de l’examen de reprise prévu en janvier.
Des correctifs?
En août, l’ancien ministre de l’Éducation, Jean-françois Roberge, avait promis que des correctifs seraient apportés afin de mettre fin aux « effets pervers » engendrés par ce traitement statistique.
Quatre mois plus tard, «des réflexions sont présentement en cours» à ce sujet, se contente d’indiquer le Ministère.
Karine Boulay ne se fait pas trop d’espoir. «J’ai l’impression qu’il [le ministre] a dit ça pour se débarrasser de cet enjeu à l’approche de la campagne électorale», laisse-t-elle tomber.
La «modération» des notes est effectuée depuis 1974 par le Ministère et vise à rendre l’évaluation équitable pour tous les élèves afin d’éviter les notes bonbon ou les évaluations trop sévères.
Pour chaque groupe, les notes-écoles des élèves sont comparées avec celles obtenues à l’épreuve ministérielle.
Si, dans le même groupe, plusieurs élèves obtiennent des résultats à l’examen bien plus bas que la note accordée par leur enseignant, celle-ci sera revue à la baisse. L’inverse est aussi vrai.
Ce traitement statistique ne fait toutefois pas l’unanimité dans le réseau scolaire.