Que nous réserve 2023: une année verte et occupée
Le prix du carbone, les redevances sur l’eau et le caribou retiendront l’attention
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Changements climatiques, perte de biodiversité, gaspillage alimentaire, pollution plastique, boom minier... En 2023, « les dossiers environnementaux vont prendre toute la place », résume Anne-Céline Guyon, chargée de projet climat chez Nature Québec. Alors que le temps presse pour la planète, voici quelques enjeux qui marqueront la prochaine année.
Coup de pouce aux caribous
La très attendue stratégie pour le rétablissement du caribou forestier devrait être rendue publique par le gouvernement Legault en juin, après maints reports.
« On s’attend à ce qu’elle prenne en compte les menaces à l’espèce, les conflits d’usage sur le territoire, et la science qui concerne la protection du caribou, la connectivité des aires protégées et la restauration des chemins forestiers », dit Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs.
Ce dernier espère que 35 000 km2 de l’habitat essentiel du cervidé menacé soient protégés, c’est-à-dire environ 2,3 % du Québec.
Le secteur des Montagnes blanches, entre le Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord, le centre de la forêt boréale, et une partie du territoire Eeyou Istchee, au nord de l’Outaouais, devraient être conservés en priorité, selon lui.
« On est à 5500 têtes à peu près, c’est rien dans la forêt boréale. Il faudrait tripler cette population », constate le biologiste de profession, encouragé par le récent changement de cap du gouvernement dans le dossier.
Plus cher pour notre or bleu
Le provincial compte déposer un projet de loi pour augmenter les redevances sur l’eau puisée commercialement au Québec, où il n’en coûte même pas un sou pour prélever 1000 litres.
« Actuellement, les redevances sont des pinottes », estime Mathieu Laneuville, PDG du Réseau Environnement, en soulignant qu’elles s’élèvent à environ 5,50 $ en France et à 12,50 $ au Danemark pour la même quantité.
Dans un récent mémoire, son regroupement insiste sur l’importance de dévoiler le volume d’eau prélevé et l’utilisation des fonds récoltés.
Le ministre de l’Envirionnement, Benoit Charette, a promis en marge de la COP15 que le texte déposé d’ici la fin de la prochaine session parlementaire comporterait des garanties de transparence.
Au Québec, des embouteilleurs, des stations de ski et des fabricants de produits chimiques utilisent tous des milliers de litres d’eau chaque jour.
Des frictions sur le carbone
Alors que le fédéral mise sur une hausse du prix du carbone pour limiter les émissions de GES, des experts entrevoient une année marquée par la controverse.
Dans le reste du Canada, le prix de la tonne de carbone passera de 50 $ à 65 $ le 1er avril 2023. Ce changement se reflétera dans le prix à la pompe.
« À Ottawa, le litre va augmenter de 3,3 cents, mais pas à Gatineau », illustre Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal.
Comme le Québec participe à un marché du carbone distinct, le prix est plutôt de 35 $ de la tonne et pourrait augmenter de quelques dollars seulement en 2023. De quoi provoquer de la jalousie des autres provinces.
Le ministre de l’Environnement canadien, Steven Guilbault, a aussi annoncé qu’il imposerait un maximum d’émission de GES aux pétrolières d’ici la fin de l’année. « Les discussions s’annoncent très délicates », souligne Mark Purdon, titulaire de la Chaire sur la décarbonisation de l’UQAM.
« Imposer une nouvelle contrainte, c’est se créer de nouveaux ennemis en Alberta », ajoute M. Pineau.
Fini le plastique au resto
À partir du 28 mars prochain, les restaurateurs montréalais ne pourront plus utiliser une foule de contenants en plastique à usage unique.
Les consommateurs devront ainsi dire adieu aux barquettes en styromousse à emporter ainsi qu’aux verres et aux ustensiles en plastique, à quelques exceptions près.
« Un des grands défis, c’est l’interdiction des plastiques pour boire. Beaucoup comptent remplacer le verre de plastique par du carton multicouche », entrevoit Martin Vézina, responsable des affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec.
Plus strict que son équivalent fédéral, le règlement adopté par Montréal entraînera des coûts supplémentaires « modestes » pour ses membres, selon lui.
Terrebonne et Mascouche ont adopté des mesures semblables qui entreront également en vigueur en 2023.
Un boom minier en perspective
Le boom minier entraîné par la ruée vers les métaux critiques et stratégiques présents dans le sous-sol du Québec ne montre aucun signe d’essoufflement.
« On a maintenant plus de 240 000 claims miniers sur notre territoire. Si on les mettait bout à bout, ça couvrirait une surface plus grande que Cuba », soulève avec inquiétude Rodrigue Turgeon, porte-parole de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine !.
Dix ans après la dernière réforme sur la loi sur les mines, ce dernier déplore le manque d’encadrement de l’industrie et l’opacité qui l’entoure tandis que la filière des batteries est en pleine expansion.
Le collectif surveillera donc de près des décisions du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada qui seront rendues cette année.
Les mines d’or de Marban, près de Val-d’Or, de Wasamac, près de Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue, sont en évaluation. D’autres projets d’exploitation de lithium et de graphite sont envisagés près des populations dans Lanaudière et en Outaouais.
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