Commencer l’année du bon pied en s’inspirant du mouvement Slow Food
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Après les abus de table du temps des Fêtes, pourquoi ne pas s’inspirer des principes du mouvement Slow Food pour ralentir le rythme et retrouver une relation plus saine avec la nourriture ? Une résolution aux bénéfices nombreux pour la santé, la nature et la communauté, mais également pour le portefeuille.
En opposition au modèle agroalimentaire industriel, le mouvement Slow Food met la biodiversité et les savoirs traditionnels au centre de son discours. Présent dans plus de 160 pays à travers le monde, et soutenu par des milliers de bénévoles, il multiplie les actions pour promouvoir une « nourriture bonne, propre et juste pour tous ».
Produire moins, tout en donnant plus de valeurs à la nourriture, ne pas la gaspiller, et prioriser l’achat direct aux producteurs locaux font partie des actions préconisées par Slow Food.
Transformer ses aliments soi-même en saison pour les conserver, voilà une façon de réduire le gaspillage alimentaire tout en réalisant des économies, explique Marc Desrosiers, coprésident de Slow Food Montréal. « En plein hiver, faire le meilleur choix entre des fraises poussées dehors au Mexique et des fraises poussées ici en serre, c’est parfois embêtant. Il y a des impacts énergétiques aux deux. Nous, ce qu’on suggère, c’est de stocker en été des fraises cultivées au Québec en prévision de l’hiver, ou de carrément s’en passer durant cette saison ! »
Certains commerçants basent leurs modèles d’affaires sur des principes conformes à ceux de Slow Food. C’est le cas de Pascal Hudon, nommé Personnalité canadienne de l’alimentation pour le Québec par Slow Food Canada, en 2019. Dans sa boucherie du quartier Villeray, Pascal le boucher, on trouve un choix d’aliments 100 % locaux et des produits issus des races patrimoniales, tels des œufs de poule Chantecler. « C’est important de prendre conscience d’où viennent nos aliments. Acheter, c’est voter. C’est nous qui décidons quelle sorte d’agriculture nous voulons encourager », dit Pascal Hudon.
« Marché de la Terre »
En juin dernier, le Marché de Val-David a été le premier au Québec, et le deuxième au Canada, à recevoir la certification « Marché de la Terre » de Slow Food, certifiant que de petits producteurs y vendent des produits locaux de saison et issus de pratiques durables. « Le processus a pris deux ans. Chaque producteur a répondu à un questionnaire, qui a été envoyé en Italie, où un comité s’est réuni pour accorder les accréditations », raconte Diane Séguin du Marché de Val-David.
Membre de la délégation canadienne depuis 2016, Bobby Grégoire participe aux rencontres internationales du mouvement. Il est allé en Afrique, en Asie et en Europe pour discuter de biodiversité alimentaire. « Slow Food c’est un mouvement citoyen à la base, et on arrive à avoir un impact politique. Un de nos grands succès, c’est qu’on parle de plus en plus de biodiversité alimentaire aujourd’hui. »
5 trucs pratiques pour une alimentation bonne, propre et juste pour tous
Selon Bobby Grégoire, consultant en écogastronomie et conseiller international pour Slow Food, certains principes peuvent être adoptés pour nous rapprocher de l’idéal de Slow Food, qui vise à favoriser une alimentation bonne, propre et juste pour tous.
1. En premier lieu, il est important de ne pas chercher la perfection, mentionne Bobby Grégoire, au risque de perdre sa motivation. « Selon où on habite, on n’a pas accès aux mêmes choses. Est-ce que ça coûte plus cher de s’approvisionner localement ? Parfois oui, parfois non. »
2. Deuxièmement, il recommande de faire ses choix en fonction des saisons. « Ça peut être plus difficile de trouver des produits frais en hiver, c’est pour ça que c’est une bonne idée de faire des conserves, des lactofermentations ou de congeler les aliments au moment des récoltes. »
3. Acheter directement du producteur et favoriser les circuits courts de distribution est également important, mentionne Bobby Grégoire. En plus de nous offrir l’opportunité de rencontrer directement ceux qui produisent nos aliments, cela permet de réduire le suremballage des produits et la pollution due au transport.
4. « Je recommande aussi de tenir un journal alimentaire. Toute démarche de changement en bénéficie. On peut noter ce qu’on mange, si on l’a apprécié, d’où ça vient. Ça nous oblige à prendre conscience de ce qu’on fait », ajoute-t-il.
5. Enfin, Bobby Grégoire conseille de prendre ses repas en famille. « Il faut que les repas redeviennent des moments de partage et de socialisation. C’est une façon de prendre le temps et d’apprécier encore plus la nourriture qu’on consomme. »