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Essai: au secours d’une baleine

Mort à la baleine
Photo fournie par les Éditions du Boréal

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Burgeo, petit village paisible sur la côte Sud-Ouest de Terre-Neuve, avec ses maisons en bois de deux étages. Une terre dure comme la roche face à une mer toujours glaciale. Les habitants qui y survivent ont pris la couleur locale pour se forger un caractère apte à la survie. L’écrivain et baroudeur Farley Mowat est forcé d’y jeter l’ancre à la suite d’une avarie du moteur de sa goélette. L’endroit lui plaît et il accepte la proposition d’y acheter une maison avec vue imprenable sur la mer juste en face. La présence de baleines, ces « Colosses des océans », dans son environnement immédiat, changera à jamais sa vie.

On distingue deux sortes de baleines : à dents et à fanons, dont la baleine bleue, le plus grand colosse de tous les temps. Ces mammifères ont les mêmes origines que les humains, « des êtres qui, comme l’homme à ses débuts, étaient dotés d’un grand potentiel intellectuel, [mais] en dépit de notre capacité tant vantée à sonder les secrets de l’univers, on a jusqu’à maintenant échoué à sonder le mystère qu’est l’esprit de la baleine ».

Si, au départ, on chassait la baleine pour se nourrir, avec l’arrivée d’une société plus urbanisée, où les lampes à l’huile sont devenues une nécessité, on traquera la baleine pour d’autres considérations que la nourriture : la graisse pour l’huile pour alimenter les lampes, mais aussi les fanons pour fabriquer des ustensiles et des fenêtres de « corne ». 

Un véritable massacre, selon l’auteur, dans lequel les Basques étaient passés maîtres, mais aussi les Norvégiens, « les maraudeurs des mers les plus impitoyables de tous les temps et de loin les tueurs de vie marine les plus consommés. [...] Le massacre a atteint son paroxysme au début des années 1930, où jusqu’à quatre-vingt mille grandes baleines mouraient chaque année ! » 

Mowat nous fait partager son admiration pour les cétacés, toutes espèces confondues. 

Ce sont des êtres d’une beauté suprême, dit-il, « des parangons de grâce qui ont su établir une relation harmonieuse avec le monde aquatique, une relation comme jamais n’en connaîtrait l’homme dans l’air ou sur la terre, dans la nature ou dans l’art ». 

Sauvetage

Mais la bêtise humaine est incommensurable. L’auteur décrit à plusieurs reprises ces parties de chasse organisées en groupe pour tuer des baleines pour le simple « plaisir » de le faire, pour s’amuser en famille ou en groupe. 

Aussi entreprend-il, un jour, de sauver un immense rorqual – une femelle – coincé dans un étang et sur lequel des gens du village ont tiré avec des armes de gros calibre – plus de 150 petites brèches dans la peau –, mais sans réussir à l’abattre. 

Commence alors une véritable odyssée, une course contre la montre. En attendant de retrouver une certaine profondeur d’eau avec l’arrivée des grandes marées, qui permettrait au rorqual de sortir de sa prison, Mowat doit lui trouver suffisamment de nourriture pour l’alimenter. Il doit aussi convaincre les villageois de laisser l’animal tranquille, ce qui s’avère plus difficile. 

Bêtise humaine

Mowat décide d’ameuter l’opinion publique sur le sort qui guette le rorqual si rien n’est fait pour empêcher le massacre. 

Opération réussie. La presse s’emballe. Même le premier ministre de la province intervient en faveur de la baleine. De peine et de misère, on organisera l’alimentation de la baleine en poissons frais. Mais c’était trop peu trop tard. La bêtise humaine viendra finalement à bout de ce géant des eaux. Les blessures causées par les impacts de balles de gros calibre s’infecteront et, faute de puissants antibiotiques, la baleine rendra l’âme.

Accusés d’avoir causé la mort de la baleine par les médias internationaux, les gens de ce petit village paisible se retourneront contre l’écrivain qui n’eut plus d’autre choix que de quitter le village. Triste fin pour ce récit passionnant, à mi-chemin de l’essai.

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