Payer les gens pour qu’ils vivent en région?
Des municipalités rurales d’ici aimeraient donner des incitatifs financiers aux familles, mais c’est en ce moment illégal
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Si le Japon sort son chéquier pour faire déménager les familles de Tokyo vers les régions rurales, au Québec, les municipalités qui offrent des avantages financiers pour attirer de nouveaux résidents viennent de se faire couper l’herbe sous le pied.
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La municipalité de Val-Alain en Chaudière-Appalaches compte à peine 1000 habitants. Pour continuer d’exister, elle offrait depuis 2021 des terrains gratuits à de jeunes familles qui promettaient d’y construire une résidence d’au moins 175 000 dollars et qui l’habiteraient pendant au moins une année.
Toutefois, la Commission municipale du Québec vient de trancher : une municipalité n’est pas autorisée à accorder une aide financière, que ce soit un don de terrain, une remise en argent ou même un crédit de taxes, pour favoriser l’arrivée de nouveaux résidents sur son territoire.
Sur les ondes de la télévision de Radio-Canada, le maire de Val-Alain, Daniel Turcotte, notait hier que sa municipalité n’est pas la seule à offrir des avantages. Aussi, il invitait le gouvernement à agir pour permettre aux municipalités de survivre.
L’exemple japonais
Le phénomène de l’exode des populations des régions vers les villes touche la plupart des sociétés développées et, combiné au vieillissement de la population, il mine la vitalité des zones rurales à bien des endroits. Ainsi, dans l’espoir de freiner le déclin des populations en région, le gouvernement japonais a récemment augmenté la mise pour convaincre des familles de Tokyo à déménager loin de la métropole.
Il offre désormais un million de yens, soit l’équivalent de 10 000 $ par enfant, aux familles qui partiront de Tokyo pour s’installer en région. La mesure incitative précédente, selon The Guardian, était de 300 000 yens et d’autres aides financières pouvaient atteindre trois millions de yens, soit 30 000 $.
Quelque 1300 municipalités, soit environ 80 % des municipalités du pays, sont ciblées par la politique gouvernementale et elles paieront pour la moitié des avantages financiers offerts. Pour pouvoir profiter de l’aide, les familles devront habiter en région pour au moins cinq ans.
L’objectif est double : revitaliser les régions et réduire la pression sur la demande en services publics dans la région métropolitaine de Tokyo, la plus peuplée au monde, avec 35 millions d’habitants.
Des initiatives au Québec
Les gouvernements du Québec et du Canada n’ont encore jamais mis de l’avant de telles politiques, mais des municipalités qui luttent pour leur survie ont déployé divers incitatifs dans les dernières années.
Dans Bellechasse, par exemple, Saint-Philémon s’est doté en 2012 d’une politique domiciliaire avantageuse. Les familles qui déménageaient là-bas pouvaient recevoir jusqu’à 500 $ par personne dans une période de cinq ans, en plus d’obtenir une exemption de droit de mutation et un crédit de taxes foncières de 30 %, jusqu’à concurrence de 500 $ par année pendant cinq ans.
Saint-Damien-de-Buckland offrait pour sa part 10 000 $ à un propriétaire qui construisait une résidence sur un terrain desservi par la municipalité.