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Révolution dans les évaluations: une école dit adieu aux notes chiffrées

Une école québécoise a mis au rancart les résultats chiffrés pour ses élèves du début du primaire

examens sans note
Photo Chantal Poirier De gauche à droite, la directrice adjointe de l’école primaire Henri-Beaulieu, Valérie Lacroix, en compagnie des enseignantes Sabrina Loubert et Émilie Martin.

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Convaincue des bienfaits d’évaluer les élèves sans résultats ni pourcentages, une équipe d’enseignants d’une école primaire de Montréal a mis au rancart les notes chiffrées, une véritable petite révolution dans le réseau public.

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À l’école primaire Henri-Beaulieu, situés dans l’arrondissement Saint-Laurent à Montréal, tous les élèves de la première et la deuxième année sont évalués depuis l’an dernier selon des mentions (voir encadré) plutôt que par une note chiffrée. 

Le virage s’est amorcé en troisième et quatrième année à la rentrée et l’an prochain, ce sera au tour des profs de cinquième et sixième année de dire adieu aux pourcentages. 

C’est la directrice adjointe, Valérie Lacroix, qui a mis en branle ce chantier après la lecture d’un rapport du Conseil supérieur de l’éducation sur l’évaluation, publié en 2018, qui l’a beaucoup fait réfléchir.  

«Le rapport montre que l’évaluation devrait se faire au profit des apprentissages et qu’elle n’est pas utilisée à bon escient», affirme-t-elle. 

Les enseignantes du premier cycle n’ont pas été difficiles à convaincre, puisqu’elles n’étaient déjà pas à l’aise avec les notes chiffrées dès le début de la première année. «Une note en pourcentage ne rend pas justice à ce que les élèves apprennent réellement, à leur progression. Et ça ne dit pas grand-chose aux parents», affirme l’enseignante Sabrina Loubert. 

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Les notes chiffrées poussent aussi les élèves à se comparer les uns les autres, en plus de faire monter le niveau de stress lors des examens, ajoute sa collègue Émilie Martin.  

Après avoir suivi des formations sur les pratiques d’évaluation efficaces, les enseignantes ont concocté de nouvelles grilles d’évaluation détaillées, qui permettent aux parents de mieux suivre la progression de leurs enfants. 

«Les parents nous demandaient beaucoup : qu’est-ce que je peux faire pour aider mon enfant? On répond beaucoup mieux à cette question avec nos grilles d’évaluation», affirme Mme Loubert. 

Selon un sondage réalisé auprès des parents, dont 85% ne parlent pas le français à la maison, la majorité d’entre eux préfèrent la nouvelle méthode d’évaluation sans notes chiffrées. 

«On a trouvé ça très encourageant parce qu’on se demandait vraiment comment les parents allaient réagir à ce changement», affirme Valérie Lacroix. 

Les impacts sur les élèves sont aussi bien réels, ajoute Sabrina Loubert. «On les sent plus relax et confiants par rapport à l’évaluation. Ils se comparent beaucoup moins entre eux et ils sont aussi plus engagés dans leurs apprentissages», dit-elle. 

Le bulletin chiffré demeure

La révolution entreprise à l’école Henri-Beaulieu demeure toutefois incomplète. Trois fois par année, les enseignants doivent convertir leurs nouvelles grilles d’évaluation en pourcentage puisque les notes chiffrées et les moyennes de groupe demeurent obligatoires dans le bulletin, selon les règles du ministère de l’Éducation. 

En 2018, le Conseil supérieur de l’éducation avait pourtant recommandé de mettre au rancart le traditionnel bulletin chiffré au primaire et les moyennes de groupe qui l’accompagnent, mais son rapport avait rapidement été mis de côté par Québec. 

Dans le réseau scolaire, plusieurs réclament maintenant une vaste réforme de l’évaluation, qui occupe beaucoup trop de temps en classe selon plusieurs enseignants. 

À l’école Henri-Beaulieu, les profs ont consacré beaucoup d’énergie à négocier ce virage, mais ils ne reviendraient pas en arrière. 

La directrice adjointe assure de son côté que la disparition des notes ne vise pas à masquer ou enjoliver la réalité, bien au contraire. «On n’est pas en train de lancer de la poudre aux yeux aux élèves, affirme Valérie Lacroix. Ils savent qu’ils ont des difficultés. Mais ils savent aussi quelles sont leurs difficultés et ce qu’ils peuvent faire pour s’améliorer.» 

Exemple de grille d’évaluation sans notes

ÉCOLE PRIMAIRE HENRI-BEAULIEU

Plutôt qu’une note en pourcentage, les enseignants attribuent l’une des mentions suivantes à l’élève :

L’élève développe très bien la compétence

L’élève développe bien la compétence

L’élève développe la compétence

L’élève développe la compétence avec difficulté

L’élève développe la compétence avec grande difficulté

Chaque mention est suivie de commentaires descriptifs. L’enseignant peut identifier une force et un défi pour chaque élève, ainsi qu’un moyen concret pour l’aider.

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