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Un de mes lecteurs s’en est allé

Martin Alarie
Photo d’archives, Martin Alarie Mark Teitelbaum et sa conjointe Danièle Henkel en juin 2016.

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De plus, c’était mon ami. Il s’appelait Marcel (Mark) Teitelbaum.

Il était le mari, voire l’âme sœur de Danièle Henkel. Après une longue vie ponctuée de bas, mais surtout de hauts, il est décédé le 19 décembre 2022, entouré de sa famille...

Il fut un des êtres d’exception que le destin m’aura permis de rencontrer.

Un vrai « Mensch »

En allemand, en yiddish ou en hébreu, Mensch désigne une personne honnête, fiable, respectueuse, généreuse et bienveillante envers les autres.

Mark était cet homme de grande valeur morale et de caractère. Il l’aura incarné en tout temps autour de lui.

Nous avions par ailleurs eu beau avoir des opinions ou des positions politiques divergentes, jamais cela n’affectera notre amitié.

Il en était de même pour certaines de mes chroniques qu’il lisait assidûment dans ce journal...

En effet, l’amitié ne dépend pas de la politique et il est possible de respecter les opinions politiques de quelqu’un tout en étant amis.

Et cela peut même être enrichissant de discuter de sujets politiques avec des amis qui ont des points de vue différents, car cela peut permettre de mieux comprendre les perspectives de l’autre et de développer sa propre pensée critique.

Un survivant

À l’instar d’autres amis proches, je connaissais le volet le plus dramatique de l’histoire de Mark. Mais c’est en juin 2019 qu’il accepta de raconter publiquement, pour la première fois, comment il avait réussi à échapper au régime nazi alors que la France était occupée et qu’il n’était encore qu’un enfant.

Il partagea cette histoire de son enfance dans le cadre d’une émission animée par ma conjointe, Caroline, et moi-même à QUB radio.

Mark est né en 1940 en France, sous l’occupation. Pour échapper à la « chasse » aux Juifs orchestrée par la Gestapo, sa mère l’avait alors laissé grandir sous la peau d’une fillette jusqu’à l’âge de cinq ans.

En effet, comme le veut la religion juive, la circoncision était de mise pour les petits garçons. Et selon Mark, c’est par ce biais que la Gestapo identifiait souvent les Juifs...

Habillé en petite fille avec de longs cheveux, Mark passera incognito pendant des années.

Ayant quitté Paris avec ses parents, c’est dans un petit village situé dans le centre de la France qu’il trouve refuge. Avec l’aide du maire de cette petite localité, Mark et ses parents obtinrent des papiers sous de fausses identités.

Mark s’appellera alors « Marcelle » jusqu’à l’âge de cinq ans, prénom que ses parents lui feront constamment répéter pour qu’il s’en souvienne...

Une fois la France libérée, son père lui révélera sa véritable identité alors qu’il se trouve dans un salon de coiffure pour se faire couper les cheveux... Il était interloqué sur le coup. Le temps l’éclairera...

Quinze ans plus tard, en 1958, Mark découvre le Québec. Il est alors âgé de 18 ans.

Ses parents avaient choisi de s’installer au Québec. Cela sourira plus tard à Mark, notamment sur les plans affectif et professionnel.

Il n’aura vécu ni dans le ressentiment, ni dans la victimisation ou la culpabilisation. Il était une inspiration...

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