Devant le filet: Juuse Saros ou le petit géant
Moffet

Si Juuse Saros jouait à Montréal, on le surnommerait certainement Jésus Saros. Ce que le plus petit gardien de la LNH (5 pi 11 po) accomplit devant le filet des Predators de Nashville est surnaturel.
On l’a vu se moquer des Sénateurs d’Ottawa, lundi soir, dans un jeu blanc de 38 arrêts. Jeudi, il a stoppé 64 tirs dans une victoire de 5-3 en Caroline, mais on ne parle que de deux matchs anecdotiques, ici. C’est surtout sa constance au fil des ans qui est prodigieuse.
Saros, c’est le Jaroslav Halak du printemps 2010, mais année après année. Sa « pire » saison depuis son arrivée dans la LNH en 2016-17 fut celle de 2019-20 avec un respectable dossier de 17-12-4/,914/2,70. De quoi rendre jaloux Carey Price, Marc-André Fleury, Henrik Lundqvist et son ancien partenaire à Nashville, Pekka Rinne. Ils ont chacun connu des saisons plus difficiles.
Autre constat révélateur : parmi les gardiens ayant joué au moins 200 matchs depuis 2016, le Finlandais partage le 1er rang au taux d’efficacité global avec Andrei Vasilevskiy et Darcy Kuemper, à 0,920. Sa fréquence de départs de qualité de 66 % en six saisons est seconde derrière Kuemper à 66,5 %.
Il s’est classé quatrième dans notre Top 30 en 2020-21 et deuxième en 2021-22 en plus d’être finaliste au trophée Vézina.
De la dynamite
Féroce compétiteur, le Finlandais de 27 ans déjoue les probabilités à une époque où les recruteurs sont à la recherche de géants du filet. Le 9e cerbère repêché en 2013 compense sa petite taille avec un jeu de position précis basé sur sa grande explosivité, autant en réaction qu’en déplacement. Son contrôle des lames, sa compacité et aussi sa flexibilité font partie de sa recette.
Et il a ce don de bien retracer la rondelle lorsqu’elle rebondit de son corps, puis de se repositionner instantanément pour affronter le retour, utilisant s’il le faut, le grand écart frontal.
Tendance vers les géants
Dans les années 1990 et début 2000, je comparais souvent l’efficacité des gardiens selon la taille. Il y avait des vedettes dans chaque groupe, mais globalement, les portiers de 6 pi et 6 pi 1 po performaient mieux que les « géants » de 6 pi 2 po et plus qui ne bougeaient pas très bien à l’époque. Les deux autres groupes tenaient leur bout, soit celui des 5 pi 10 et 5 pi 11 po, ainsi que celui des 5 pi 9 po et moins.
Aujourd’hui, les petits gardiens mesurent désormais moins de 6 pi 2 po et il y en a huit parmi les 50 gardiens les plus sollicités.
Ce bloc démontre un taux d’efficacité de ,903, soit presque l’équivalent des 26 gardiens de taille moyenne (6 pi 2 po et 6 pi 3 po) qui sont à ,904. Les petits et moyens gardiens sont sous la moyenne globale de ,906. C’est la classe des16 portiers d’au moins 6 pi 4 po qui performe le mieux à ,911.
On comprend donc les recruteurs de rechercher les gros bonshommes, mais encore faut-il savoir reconnaître le talent, et à ce chapitre, plusieurs équipes de la LNH y perdent leur latin lorsque vient le temps d’évaluer les gardiens de but.
Il y aura toujours un Saros quelque part, mais il mesurera probablement au moins six pieds.
Gardien de la semaine
Saros est aussi notre employé de la semaine avec une fiche de 3-0-0/,955/2,00 et une moyenne de 44 tirs par match et un bond de quatre rangs au top 30. Il est 4e. Notre top 3 demeure inchangé.