Une initiative qui pourrait faire du chemin
C’est en pleine pandémie, alors que les patients étaient souvent réduits à se contenter de consultations à distance avec des spécialistes de la santé, que le Levity a vu le jour.
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Sarah Lambert a gradué en physiothérapie en 2018. Plutôt que de faire ensuite une maîtrise dans ce domaine, elle s’est dirigée vers le génie mécanique.
«Je voulais trouver des solutions pour les patients que j’avais traités dans un stage. Les patients n’avaient rien entre les séances [de physiothérapie]. Je voulais reproduire ma thérapie manuelle à la maison pour qu’ils puissent s’améliorer à distance», explique la présidente d’Ora Medical, entreprise qu’elle a fondée en 2020 avec Louis St-Pierre.
En tenant le patient par les hanches, le Levity cherche «à imiter le soutien d’un physio qui se tiendrait en arrière. En fonction du niveau de soutien dont a besoin un patient, le physio va prendre une partie du poids. Ça demande beaucoup d’énergie pour le physio», avance Mme Lambert.
Le soutien du Levity soulage le patient d’une partie de son poids pour faciliter sa réadaptation ou son apprentissage de la marche.
«À mesure que le patient s’améliore, on ajuste le soutien partiel de poids en fonction des progrès pour lui permettre de s’améliorer à la marche. Une de nos patientes partenaires qui ne pouvaient faire que 3 pas par elle-même en faisait 80 après avoir utilisé le Levity pendant trois mois», précise Mme Lambert.
Mains libres
Et contrairement aux marchettes traditionnelles, sur lesquelles l’utilisateur se tient avec ses bras, les mains du patient sont dégagées avec le Levity.
«L’enfant est debout et peut se servir de ses mains, jouer, interagir avec son environnement et se sentir normal. Les patients ne se rendent pas compte qu’ils sont appareillés contrairement à une marchette antérieure», ajoute Mme Lambert.
Léger et pliable, le Levity peut être rangé dans une auto. Facile d’utilisation pour les parents, il a été pensé pour une utilisation quotidienne.
Dans le but de faire de la téléréadaptation, l’appareil dispose de capteurs dont les données peuvent être lues par une application sur téléphone.
«Nous voulons recréer un mini laboratoire de marche. Nous pouvons prendre des mesures comme la distance, la vitesse, l’orientation du tronc. Nous pouvons voir si le patient fait travailler ses jambes comme on le veut, évaluer sa fatigue pour voir s’il va à ses limites. Le patient peut aussi voir ses progrès. Ça l’aide à s’engager dans sa réadaptation», estime la cofondatrice.
«On commence aussi à créer nos premiers algorithmes d’intelligence artificielle qui vont prédire quand le patient pourra commencer à marcher [sans assistance]», poursuit-elle.
Création
Le Levity s’adresse à des enfants de 4 à 12 ans. Mais une version pour adultes est prévue l’an prochain. Au-delà de la réadaptation, l’appareil peut aussi avoir des applications pour les personnes à mobilité réduite.
«En étant debout, les gens deviennent plus autonomes dans leurs activités de la vie quotidienne, ça peut leur permettre de faire la cuisine par exemple», souligne Sarah Lambert.
Les deux entrepreneurs se sont entourés d’un «comité scientifique» formé de physiatres, pédiatres et d’un kinésiologue pour développer le Levity.
Les premiers prototypes sont apparus en 2021. L’entreprise espère recevoir dans les prochaines semaines l’approbation de Santé Canada.
«Romie-Rose (voir autre texte) va être une des premières utilisatrices à le recevoir», avance Mme Lambert, qui espère livrer les premières unités en mars. Une trentaine devraient pouvoir être produites d’ici l’été.
Expansion
Ora Medical a poussé dans l’incubateur montréalais Centech. L’assemblage est fait sur place, mais l’entreprise devra bientôt déménager.
«On assemble le tout au Québec pour s’assurer d’avoir un bon contrôle qualité. Les pièces viennent du Québec, de l’Ontario, des États-Unis et de l’Asie. On regarde pour de nouveaux bureaux. On va manquer de place en fonction des demandes qu’on reçoit», prévoit Sarah Lambert.
L’entreprise, qui a déjà reçu des demandes d’hôpitaux des États-Unis, compte d’ailleurs développer le marché chez nos voisins du sud.
L’appareil coûtera de 7000 à 9000$. L’entreprise est en processus avec la RAMQ pour que les patients puissent être éventuellement remboursés.
Et la demande pour de nouvelles options se fait déjà sentir. «Ça prend un modèle avec des roues pour l’extérieur!», a déjà indiqué à l’entreprise Julie Petitclerc-Hoffmann, la maman de la petite Romie-Rose.