/news/society
Navigation

Trois fois où notre frontière avec les États-Unis a surchauffé

Coup d'oeil sur cet article

La gestion de la frontière canado-américaine s’invite régulièrement dans l’actualité. Je vous propose aujourd’hui un retour à une époque où cette frontière était mal définie, plus spécifiquement le segment bordant ce qui est aujourd’hui le Québec. 

1. La République du Vermont (1777-1791) : la révolution dans la révolution

Réunion des Green Mountain Boys.
Gravure sur bois, 1858, Library of congress
Réunion des Green Mountain Boys.

Dès l’époque coloniale américaine, les habitants d’une bande de territoire d’abord développée par des habitants du New Hampshire, puis liée à la colonie de New York, souhaitaient obtenir un statut indépendant.

C’est ainsi qu’en 1777, ce qu’on appela d’abord le New Connecticut, déclara en même temps son indépendance de New York et de la Grande-Bretagne.

La petite république disposait d’une milice locale, les Green Mountain Boys, menée par Ethan Allen, le patriote qui va capturer le fort Ticonderoga en compagnie de Benedict Arnold. Cet événement constituait la première action agressive des colons américains lors de la guerre d’indépendance.

La République du Vermont n’obtint jamais de reconnaissance du congrès continental (l’Assemblée législative des treize colonies). Après avoir brièvement songé à rejoindre les Britanniques sur le territoire canadien, le Vermont devint plutôt un État américain en 1791.

2. La République du Madawaska (1827)

Peinture inachevée de la signature du traité de Paris de 1783. Les commissaires britanniques ont refusé de prendre la pose. On y voit de gauche à droite : John Jay, John Adams, Benjamin Franklin, Henry Laurens et William Temple Franklin.
1783-1784, peinture de Benjamin West, Winterthur Museum, Garden and Library
Peinture inachevée de la signature du traité de Paris de 1783. Les commissaires britanniques ont refusé de prendre la pose. On y voit de gauche à droite : John Jay, John Adams, Benjamin Franklin, Henry Laurens et William Temple Franklin.

La création de la « République du porc-épic » (traduction du mot micmac Madawaska) résulte d’un flou du traité de Paris de 1783 qui marquait la fin de la guerre d’indépendance des treize colonies.

Le territoire revendiqué se situait à la jonction du Maine, du Nouveau-Brunswick et du Québec actuel. C’est le colon américain John Baker qui devint le principal activiste, poussant l’audace jusqu’à rédiger l’équivalent d’une constitution et à hisser un drapeau.

Les tensions furent telles que la situation dégénéra au point de mener à la guerre d’Aroostock, la « pork and beans war » (l’essentiel du menu des bûcherons qui peuplaient la région). 

Cet affrontement, que les dirigeants anglais et américains souhaitaient éviter, fut résolu par les voies diplomatiques et on ne rapporta aucun décès.

3. La République d’Indian Stream (1832-1835)

Pittoresco 2009

Ici encore, c’est le caractère vague du traité de 1783 qui explique la naissance de la République d’Indian Stream. Après la guerre d’indépendance, autant les Britanniques que les Américains revendiquaient ce territoire situé entre le Bas-Canada (le Québec) et l’État du New Hampshire.

Lasse d’être taxée par les deux camps, la petite communauté déclara son indépendance en 1832, sans savoir de qui elle se séparait officiellement ! C’est une occupation par la milice du New Hampshire qui va forcer les habitants à reconnaître l’autorité américaine.

Si vous traversez le New Hampshire, c’est cette petite communauté d’à peine 300 habitants qui est à l’origine de la ville de Pittsburgh.

Le traité Webster-Ashburton

Ratification du traité Webster-Ashburton de 1842.
Archives Nationales, Washington
Ratification du traité Webster-Ashburton de 1842.

L’existence de ces républiques autoproclamées fut de courte durée et c’est le traité Webster-Ashburton qui scellera leur sort. Non seulement ce traité distribuait des terres à chacune des parties impliquées, mais il fut également considéré comme une amélioration sensible des relations entre l’Angleterre et les États-Unis. L’ancienne métropole et la jeune république s’étant livré une guerre entre 1812 et 1814.

Les seules véritables perdantes de cette entente furent, une fois de plus, les Premières Nations. Non seulement on devait accepter les retombées du traité, mais jamais on ne les a consultées.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.