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Plusieurs pertes crève-cœur de notre patrimoine bâti en 2022 malgré les changements à la loi

Les changements légaux qui protègent nos bâtiments les plus anciens n’ont eu que peu d’effet l'an dernier

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo d'archives Agence QMI, Nelson Sergerie Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.

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L’an dernier encore, plus de 75 précieux bâtiments patrimoniaux ont disparu à tout jamais du Québec, alors que le renforcement de la loi censée les protéger tarde à se faire sentir.

• À lire aussi: 82 bâtiments patrimoniaux du Québec perdus à tout jamais

«Toutes les pertes sont crève-cœur, chacune à leur façon», soupire Martin Drouin, membre de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, en contemplant ce triste bilan.

On trouve un peu de tout sur la liste annuelle de l’urbaniste Guillaume St-Jean, derrière la page Facebook L’évolution du patrimoine bâti et des paysages au Québec. M. St-Jean la compile bénévolement à l’aide d’avis publics, d’une revue de presse et de demandes d’accès à l’information. 

En 2022, sa recension non exhaustive dénombre une dizaine de bâtiments religieux, des hôtels, des granges et de nombreuses résidences ancestrales rasées pour construire des immeubles à condos.

«On est encore beaucoup dans la densification, où on détruit une maisonnette pour la remplacer par un nouveau projet immobilier», fait remarquer Noémi Nadeau, directrice générale des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec.

«La voie de la facilité, c’est de passer le bulldozer. Mais à long terme, c’est une perte immense», regrette M. Drouin.

Négligence fatale

D’autres constructions ont été victimes d’incendies, des changements climatiques ou de la négligence de leurs propriétaires avant d’être démolies.

Cela n’est malheureusement pas étonnant aux yeux des experts, vu les coûts exorbitants pour rénover des bâtiments qui ont besoin d’une cure de jeunesse et le peu de subventions existantes.

Aussi, quelques édifices cités dans des répertoires de patrimoine culturel ont disparu en 2022, dont l’ancien centre commercial art déco du Domaine-de-l’Estérel, dans les Laurentides, et le Château Dubuc, emporté par les vagues à Chandler, en Gaspésie.

Une petite chapelle datant des années 1950 propriété de la Sépaq à l’Étape, dans la Capitale-Nationale, a aussi été démolie.

«C’est plutôt dommage», laisse tomber Guillaume St-Jean. Ce dernier relève toutefois moins de bâtiments disparus à cause de la non-exemplarité de l’État que dans ses bilans précédents.

Une loi existe

Adoptés en 2021, des changements à la Loi (provinciale) sur le patrimoine culturel devraient éventuellement mieux protéger nos bâtiments anciens.

Les municipalités doivent établir un inventaire de tous les bâtiments construits avant 1940, et se doter d’un règlement sur la démolition et l’entretien des bâtiments d’ici 2026.

Et en attendant, celles qui n’en ont pas doivent informer le ministère de leur intention de délivrer un permis de démolition pour les vieux bâtiments.

À terme, les spécialistes espèrent que les municipalités y penseront à deux fois avant d’accorder ces permis et seront mieux équipées pour empêcher la détérioration de leur patrimoine bâti.

«Mais pour l’instant, il n’y a pas encore d’impact visible sur le terrain», constate M. Drouin, professeur d’études urbaines à l’Université du Québec à Montréal.


FAUT-IL DÉMÉNAGER LES MAISONS MENACÉES?

Devrait-on déplacer des résidences ancestrales plutôt que de les démolir pour faire place à des constructions flambant neuves? La question n’est pas si simple.

En 2022, le scénario s’est répété près d’une vingtaine de fois. Une maison ancienne, somme toute en bon état, a été mise par terre par le promoteur d’un développement immobilier.

Or, dans plusieurs cas, «on aurait pu relocaliser la maison, plus loin sur le terrain [ou ailleurs]», estime Guillaume St-Jean, urbaniste et auteur du bilan des édifices perdus en 2022.

Ce genre de déménagement était d’ailleurs courant à une certaine époque, rappelle Charles Doyon, président d’une compagnie spécialisée dans le déplacement de bâtiments depuis 60 ans.

«Les gens vieillissaient, et on apportait leur maison au village. Avec mon père, on en faisait deux ou trois par semaine», se souvient-il.

Trop cher

Aujourd’hui, son entreprise n’en déplace plus qu’une poignée par année. 

«Les gens baissent les bras parce que ça coûte trop cher», constate-t-il à regret.

C’est qu’une telle opération coûte entre 30 000$ et 60 000$, sans compter les frais pour l’escorte policière et le rallongement des câbles de fibre optique. Mais il y a plus. 

«Qu’est-ce qu’on fait avec la maison? Où on l’apporte? Est-ce que c’est la responsabilité du promoteur de la vendre?» demande Noémi Nadeau, directrice générale des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec.

Dernier recours

Elle souligne également que transplanter une résidence revient à l’arracher à son emplacement d’origine, ce qui est loin d’être idéal. 

C’est aussi l’avis du ministère de la Culture et des Communications, qui n’a pas de subventions pour déménager des bâtiments patrimoniaux menacés.

Il s’agit selon lui d’une «solution de dernier recours», justifiée en cas de menace directe et irrémédiable, comme l’érosion côtière, un glissement de terrain ou des inondations.

Le ministère de la Sécurité publique a ainsi financé le déplacement de 15 maisons, sans égard à leur valeur patrimoniale, depuis 2017, selon des données officielles.

Vu les contraintes, Mme Nadeau encourage plutôt les promoteurs immobiliers qui acquièrent un terrain avec une «belle d’autrefois» à tirer parti de sa richesse.

«Concevoir un projet qui intègre la maison, ce n’est pas toujours possible. Mais souvent, ce l’est», rappelle-t-elle.

Quelques-unes des constructions disparues cette année

Usine Baronet (Sainte-Marie, 1920)

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo tirée de Google Street View

Une usine du siècle dernier jugée trop coûteuse à rénover a finalement été détruite par un promoteur immobilier à Sainte-Marie, en Beauce. 

«On était bien emballés, on voulait en faire des condos locatifs industriels. Malheureusement, on a réalisé que ça serait plus cher de la remettre aux normes que de la raser complètement [et de reconstruire]», affirme Stéphanie Girard, gestionnaire du projet d’appartement Le Baronet. 

L’Usine Baronet de Sainte-Marie avait été construite à l’origine en 1920 pour la fabrication de chaussures, avant de servir à la construction de meubles haut de gamme.

Le bâtiment avait été peu entretenu depuis la fermeture de ses portes en 2007, en plus d’avoir été inondé lors des crues du printemps 2019, selon Mme Girard. 

«On a essayé fort, mais la firme d’architecte et l’ingénieur en structures nous ont dit qu’il n’y avait plus rien à faire», assure la Beauceronne d’origine. 

L’urbaniste Guillaume St-Jean déplore que le bâtiment n’ait pu être réhabilité, notamment à l’aide de subventions gouvernementales. 

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo Stevens LeBlanc

«Le bâtiment était fort intéressant. On aurait pu utiliser la cour avant pour densifier et obtenir un nombre de logements similaires à ce qu’ils vont faire, mais en utilisant un bâtiment ancien d’intérêt patrimonial», souligne-t-il.

Château Dubuc (Chandler, 1916)

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo d'archives, Agence QMI

La tempête Fiona de septembre dernier a finalement emporté le Château Dubuc de Chandler, qui a longtemps appartenu au «roi de la pulpe» du Québec.

L’imposante auberge avait été construite en 1906 par Julien-Édouard-Alfred Dubuc, industriel actif dans le domaine des pâtes et papiers et homme politique du Saguenay. 

Cité au répertoire du patrimoine culturel, le bâtiment n’a pas résisté à l’assaut des vagues qui le menaçaient depuis des années. 

«C’était une mort annoncée», soupire l’urbaniste Guillaume St-Jean, qui s’inquiète des effets des changements climatiques sur notre patrimoine bâti. 

Radio-Canada rapportait, en décembre dernier, que les restes du Château avaient été acquis par un groupe qui compte utiliser le terrain en bord de mer pendant la belle saison. 

Ancien couvent des Soeurs de Sainte-Anne (Saint-Cuthbert, 1882)

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo courtoisie, Gaétan Gauthier

L’ancien couvent des Sœurs de Sainte-Anne, situé au cœur du village de Saint-Cuthbert, dans Lanaudière, est considéré comme une perte totale après un incendie en juin dernier. 

Érigé en 1882, l’édifice de style Second Empire avait été cité au répertoire du patrimoine culturel du Québec en septembre 2021 pour en assurer la conservation. 

Le Devoir rapportait que la communauté religieuse des Soeurs de Sainte-Anne l’avait longtemps habité avant qu’il ne soit racheté par un spéculateur immobilier qui l’a laissé vacant pendant des années. 

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo Martin Chevalier

Dans le même article, le maire du village assurait que le couvent n’était pas relié au réseau d’Hydro-Québec et se posait des questions sur l’origine du brasier.

Le bâtiment avait récemment été vendu pour taxes impayées à un entrepreneur qui espérait y installer des logements et conserver le caractère patrimonial de l’endroit. 

Tannerie Riou (Trois-Pistoles, 1889)

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo tirée de Google Street View

La Tannerie Riou, dans le paysage de Trois-Pistoles depuis la fin des années 1880, a finalement été démolie cette année pour faire place à un projet immobilier au goût du jour.  

18 appartements seront construits sur le site où s’élevait un petit complexe, utilisé jusqu’en 1977 pour la production du cuir. 

Les bâtiments en bois avaient une certaine valeur vu leur âge et le contexte les entourant, selon l’urbaniste Guillaume St-Jean.

«Sauf qu’on les a rasés et qu’on les a remplacés par des bâtiments totalement génériques, pas du tout conçus pour s’agencer avec un milieu ancien. Et pour rajouter l’insulte à l’injure, le projet de remplacement s’appelle Le Domaine de la Tannerie», critique-t-il. 

Les immeubles Yan Lagacé, promoteur du projet, n’a pas répondu aux questions du Journal

Ancien campus Merck (Kirkland, 1969)

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo tirée de Google Street View

Un ancien complexe de la pharmaceutique Merck érigé en 1969 à Kirkland a été rasé afin de faire place à une tour à bureaux.

«La Ville ne s’est pas forcée pour faire des recherches avant d’accorder un permis de démolition. Ils ont considéré que c’était laid, et que c’était du béton», reproche l’urbaniste Guillaume St-Jean. 

Le dossier présenté par le développeur Broccolini au comité de démolition ne s’attarde effectivement pas à l’histoire du complexe ou à sa valeur architecturale. 

Il présente plutôt le projet d’un immeuble de cinq étages vitré, qui ne rappelle en rien l’architecture moderne de son prédécesseur. 

Martin Drouin, professeur en études urbaines à l’UQAM, déplore aussi le gaspillage de ressources provoqué par la démolition du campus, alors qu’il aurait très bien pu être réhabilité. 

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo Martin Chevalier

«On parle de développement durable, mais on jette à terre un complexe de bâtiments comme celui-là qui n’a que 53 ans», fait-il remarquer. 

«On aurait pu le transformer, lui ajouter un étage... Sans le conserver sous une cloche de verre, il me semble paradoxal qu’en 2022, on ne trouve pas une solution pour faire durer un bâtiment construit il y a si peu d’années.»

Résidence (Pincourt, 1880)

Une grande résidence à toit mansardé en bordure du lac de Deux-Montagnes a été démolie en 2022 pour faire place à un projet de 24 condos de luxe à Pincourt. 

En ligne, l’annonce d’une unité de la Place Campbell en vente au coût de 435 000$ plus taxes évoque «une oasis sur l'eau» avec une vue à couper le souffle. 

Mais pas un mot ne rappelle le passé de la maison construite en 1880 qui a été sacrifiée pour faire place à ce projet immobilier. 

«C’est clairement un cas où la maison aurait pu être déplacée», estime l’urbaniste municipal Guillaume St-Jean, qui fustige la décision du conseil municipal d’avoir autorisé sa destruction. 

«Pourquoi a-t-on accepté qu’elle parte au vent? Parce qu’un terrain en bordure de l’eau, ça vaut son pesant d’or», ajoute Martin Drouin, professeur en études urbaines à l’UQAM. «On demande à la Municipalité de bien faire, mais on ne lui donne pas les moyens d’être plus sévère, parce qu’elle a besoin des taxes foncières.» 

Les Habitations Sylvain Ménard, promoteur du projet, n’a pas répondu aux questions du Journal

Hôtel Ottawa (Saint-Hyacinthe, 1903)

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo tirée de Google Street View

Un édifice centenaire de Saint-Hyacinthe a été complètement détruit par les flammes pour la deuxième fois de son existence l’an dernier.

L’Hôtel Ottawa, reconstruit en 1903 après un incendie qui avait ravagé Saint-Hyacinthe la même année, comptait 30 logements et trois locaux commerciaux. 

Il a été réduit en cendres pour une deuxième fois en avril. 

Le média local le Courrier de Saint-Hyacinthe rapporte qu’un stationnement municipal sera aménagé sur les lieux en attendant la proposition d’un projet plus intéressant. 

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo Martin Chevalier

L’urbaniste Guillaume St-Jean s’inquiète néanmoins pour l’avenir du centre-ville historique de municipalité, où plusieurs bâtiments ont été la proie des flammes dans les dernières années. 

«Le coeur de la ville est en train d’être remplacé par des nouveaux bâtiments qui imitent un style ancien, un peu comme si on était à Walt Disney», affirme-t-il. 

Chapelle Notre-Dame-de-L'Assomption (L’Étape, 1950)

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo tirée de Google Street View

Une petite chapelle érigée au milieu de la réserve faunique des Laurentides en mémoire des victimes d’un écrasement d’avion a été détruite par la Sépaq l’an dernier. 

C’est le ministre Camille Pouliot qui avait demandé sa construction en 1950, à la suite de la tragédie du mont Obiou, dans les Alpes, où plusieurs pèlerins québécois ont perdu la vie.

Construite dans un style régionaliste, elle était emblématique de l’architecture en vogue à l’époque, selon l’urbaniste Guillaume St-Jean. 

La Sépaq a cependant procédé à sa démolition l’an dernier, alors qu’elle présentait depuis longtemps des signes de dégradation, dont des fissures dans les fondations et des infiltrations d’eau, en plus d’avoir de l’amiante dans le revêtement extérieur, rapporte le porte-parole Simon Boivin. 

«La Sépaq n’avait aucun besoin de ce bâtiment pour ses opérations. Il n’a jamais été utilisé depuis qu’il nous a été transféré, en 1987», précise-t-il. 

Le Diocèse de Québec ne s’est pas non plus montré intéressé à restaurer la chapelle située à L’Étape, sur la route 175 entre Québec et Saguenay.    

«Avec la vocation récréotouristique de la Sépaq, on aurait sans doute pu lui trouver une vocation», regrette M. St-Jean, qui fustige l’État de l’avoir laissée se détériorer autant. 

Centre commercial du Domaine-de-l'Estérel (Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, 1936-1937)

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo tirée du site web du ministère de la Culture et des Communications du Québec

Le Domaine-de-l’Estérel, un joyau du patrimoine Art déco situé à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, dans les Laurentides, a été démoli illégalement lors de travaux effectués par un entrepreneur. 

Construit en 1936-1937 à la demande d’un baron belge fortuné, l’Estérel serait l’un des premiers centres commerciaux à avoir vu le jour au Québec, peut-on lire dans une description du ministère de la Culture. 

Or, la partie protégée de l’édifice s’est effondrée lors de travaux en mai 2022, malgré que le ministère n’avait pas octroyé d’autorisation pour ce faire. 

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo Martin Chevalier

Olymbec, propriétaire des lieux, a affirmé que la destruction avait été faite de façon «accidentelle» et «involontaire» par l’un de ses entrepreneurs. 

«On avait un bâtiment exceptionnel, unique, et on ne s’en est pas occupé», s’attriste Martin Drouin, membre de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain.

«Les choses ne semblent pas changer, malgré toute la mobilisation qui existait pour le conserver», poursuit-il. 

Plusieurs maires de la région ont présenté au ministère une résolution pour que le bâtiment soit reconstruit à l’identique, mais les experts sont divisés sur la question. 

Résidence (Scott, 1896)

Déjà menacé par la mer, le château Dubuc, cité comme bâtiment patrimonial en Gaspésie, a été ravagé par l'ouragan Fiona, le 24 septembre dernier.
Photo tirée de Google Street View

Une maison bourgeoise de Scott inondée lors de la grande crue en Beauce en 2019 a finalement été démolie en 2022, même si elle semble avoir été habitée entre-temps.

«Elle était vraiment magnifique...» laisse tomber Noémi Nadeau, directrice générale des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec.

La propriété datant de 1896 était cependant située dans une zone inondable, et avait été submergée sous 2 mètres d’eau lors des dernières inondations, rapporte Marie-Josée Larose, directrice du Service d’aménagement et développement du territoire de la MRC de la Nouvelle-Beauce. 

Cela avait notamment entraîné des fissures à la fondation de la propriété.

Un décret gouvernemental avait par la suite obligé la démolition des résidences dont la valeur des dommages représentait plus de la moitié du coût du bâtiment, ce qui était le cas pour celle-ci, selon Mme Larose. 

Or, des spécialistes estiment que cette grande demeure aurait pu et aurait dû être sauvée du pic des démolisseurs. 

«En 2021, on voit sur Google qu’il y a une voiture dans l’entrée, des vitres aux fenêtres... Si ça a pris trois ans avant de démolir la maison, ce n’est pas parce qu’elle était irrécupérable», juge l’urbaniste Guillaume St-Jean. 

Au total, 79 bâtiments ont dû être démolis à Scott en raison de la crue historique de 2019. 

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