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Le dernier négrier

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Puisqu’en ce 16 janvier les Américains honorent la mémoire d’un des activistes les plus célèbres de leur histoire, j’ai retenu un sujet en lien avec le Martin Luther King Day.

L’histoire du Clotilda

Même si les États-Unis ne participaient plus officiellement à la traite des esclaves noirs depuis la loi de 1808 interdisant leur importation, des négriers poursuivirent clandestinement leurs opérations jusqu’à la veille de la guerre de Sécession.

Survivants du Clotilda, Abache et Cudjoe Lewis (1914).
Domaine public
Survivants du Clotilda, Abache et Cudjoe Lewis (1914).

Pour les propriétaires de plantations, la rareté et les coûts des esclaves justifiaient qu’à l’occasion on défie la loi pour se procurer la main-d’œuvre nécessaire à l’exploitation lucrative du coton. À la veille de la guerre civile, cette ressource constituait la première exportation américaine.

Le dernier de ces navires, le Clotilda (1860), a été authentifié en 2019. D’abord alertée par un journaliste, une équipe d’archéologues et de plongeurs s’est livrée à une étude approfondie qui a permis de valider les vieilles rumeurs entourant la présence de vestiges du navire près de Mobile Bay, en Alabama.

Registre du Clotilda
Photo courtoisie Alabama Historical Commission
Registre du Clotilda

On savait déjà que le Clotilda avait quitté l’ouest de l’Afrique 159 ans plus tôt, transportant 109 personnes arrachées brutalement à leur village. Réduits en esclavage à leur arrivée, les Africains furent libérés par les soldats de l’Union en 1865.

Africatown 

Libres, mais incapables d’obtenir le financement pour supporter les frais de la traversée vers le continent africain, les anciens esclaves se sont dispersés, mais plusieurs choisirent de fonder, toujours en Alabama, la ville d’Africatown. 

Panneau à l’entrée de la ville.
Photo Wikicommons
Panneau à l’entrée de la ville.

Après la découverte du Clotilda, les descendants des survivants se sont retrouvés sous les projecteurs. Eux-mêmes ont subi le racisme, la discrimination et la ségrégation qui sévissaient dans l'un des États les plus durs du Deep South.

Vous imaginez sans peine ce que la découverte du Clotilda peut représenter pour une communauté à jamais marquée par ce qu’on appelle le «péché originel» des États-Unis.

L’existence de ce dernier négrier a longtemps été présentée comme un mythe; les descendants peuvent maintenant raconter leur histoire et soutenir le récit avec des faits.

Si la saga du Clotilda, de ses passagers et des habitants d’Africatown vous intéresse, je vous suggère cette courte vidéo du National Geographic, ou encore un tout nouveau documentaire de Netflix intitulé Descendant

Les ravages de la censure

L’Alabama est l'un de ces États qui tentent depuis quelques années d’interdire l’enseignement de certains sujets délicats. En 2021, les dirigeants sont parvenus à leurs fins en associant les discussions sur le racisme et l’esclavage à ce qu’on appelle la théorie critique de la race. 

Ce que ça signifie? La théorie critique de la race étant désormais interdite, un enseignant peut être congédié s’il aborde l’histoire d’Africatown. Ce faisant, on cache les faits et on dénature l’histoire au nom de la lutte contre les wokes. 

Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter, affirmait Santayana...

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