Pierre Poilievre enclin à financer le 3e lien, hésitant pour le tramway
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Contrairement aux libéraux de Justin Trudeau, le chef conservateur, Pierre Poilievre, n’hésiterait pas à financer de nouveaux projets autoroutiers, comme le tunnel Québec-Lévis, mais il refuse de se mouiller sur les dépassements de coûts du tramway.
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Le gouvernement libéral a répété à maintes reprises, dans les dernières années, qu’il priorisait désormais les investissements dans les infrastructures de transport collectif et qu’il ne financerait plus de projets d’autoroutes au pays.
«Je ne suis pas d’accord», a lancé sans détour le chef du PCC en entrevue avec Le Journal, dans le cadre de sa tournée à Québec mardi, après avoir visité Montréal la veille. M. Poilievre a l’intention de revoir les critères des programmes d’infrastructures pour permettre le financement de projets routiers.
«On est le deuxième pays le plus grand au monde. Oui, je suis pour le transport en commun, mais il y a certaines personnes pour qui ça ne fonctionne pas. Les gens loin dans les banlieues ou les communautés rurales ne peuvent pas prendre un train électrique pour aller chercher leur épicerie ou amener leur enfant au hockey. Il faut être réaliste et pratique. Je vais mettre fin à la guerre contre l’auto», a largué celui qui ambitionne devenir le prochain premier ministre du Canada.
«Fausses raisons environnementales»
Pierre Poilievre accuse aussi le gouvernement Trudeau de s’ingérer dans les compétences du Québec et de bloquer le projet de 3e lien en invoquant de «fausses raisons environnementales».
Rappelons qu’Ottawa veut mener ses propres études et soumettre le projet de tunnel à l’analyse de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. «Je suis convaincu que le Québec est capable de protéger l’environnement en bâtissant un tunnel. En ce qui concerne le financement, on attend toutes les études et quand le projet sera finalisé, on va regarder, mais c’est sûr que la Ville de Québec aura sa juste part des fonds d’infrastructures fédéraux.»
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Plus prudent pour le tramway
Interrogé sur le projet de tramway, dont le coût de 4 G$ ne tient plus et sera prochainement revu à la hausse, M. Poilievre a affiché une bien plus grande réticence en entrevue quant au financement des éventuels dépassements, prônant la ligne dure malgré le contexte inflationniste.
«Mon gouvernement, quand je consacrerai de l’argent à un projet, ça va être le montant annoncé et c’est tout. On ne va pas aller au-delà des budgets et ça va être la même réalité partout au pays [...] L’idée qu’on accepte que les gouvernements dépassent leurs budgets pour tous les projets, c’est ridicule», a-t-il d’abord affirmé, avant de jeter un peu de lest.
«On veut savoir les coûts finaux [...] avant d’annoncer une décision [, mais] il faut protéger les contribuables en même temps», a-t-il réitéré, ayant en tête les petites entreprises et les familles qui doivent se serrer la ceinture.
Quant au projet de TGF (Train à grande fréquence) Québec-Windsor, dont on ignore tout des coûts, M. Poilievre a carrément refusé de se prononcer.
«On ne peut pas soutenir un projet sans savoir le coût», lâche-t-il. «Je ne suis pas le type de politicien qui va promettre tout sans savoir comment payer la facture. C’est le problème que nous avons maintenant et c’est la raison pour laquelle nous avons le taux d’inflation le plus élevé depuis 40 ans. On a un gouvernement qui dépense sans contrôle.»
Quand on lui fait remarquer qu’il n’affiche pas la même retenue pour le projet de 3e lien, appuyé depuis belle lurette par l’ensemble des ténors du parti conservateur, quel que soit son coût, M. Poilievre ne bronche pas. «Mes réponses sont mes réponses sur ces enjeux.»
Le chef du PCC a prononcé un discours à saveur économique devant des gens d’affaires en matinée, à La Scène Lebourgneuf, répétant essentiellement ce qu’il avait dit la veille dans la métropole. Il devait effectuer plusieurs entrevues et devait rencontrer des organismes communautaires en après-midi, avant un rassemblement partisan en soirée. Il poursuivra son opération séduction en sol québécois mercredi à Trois-Rivières.
Le caucus québécois s’est rallié
Interrogé sur ses relations avec les députés du caucus québécois – lesquels avaient majoritairement appuyé Jean Charest lors de la course à la chefferie l’an dernier –, M. Poilievre s’est montré rassembleur et a indiqué qu’il avait une «excellente équipe» avec qui il «travaille bien».
Le député Gérard Deltell a confirmé que M. Poilievre serait désormais de plus en plus visible dans les médias. Il affirme que les relations sont «excellentes» et il a encensé son chef qui a livré un discours d’une trentaine de minutes en français, «sans erreur et sans notes»: «Wow, c’est toute une performance de notre chef! Je suis très fier de lui.»