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Québec fait miroiter de l’énergie au rabais pour séduire les Américains

C’est ce qu’a fait une haute fonctionnaire auprès de sénateurs à Washington

Manic 5
Photo d’archives des Ressources naturelles du Québec La centrale Manic-5, sur la Côte-Nord, un des fleurons et emblèmes d’Hydro-Québec.

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L’électricité au rabais sert à attirer les Américains dans les mines et la filière de la batterie électrique. Encore une fois, l’empreinte de la firme McKinsey est présente. 

En mars dernier, GM et la sud-coréenne POSCO ont annoncé la construction d’une usine de 500 millions $ à Bécancour. L’usine produira de la matière active cathodique (CAM), utilisée dans les batteries de voitures électriques.

Pourquoi avoir choisi le Québec ? L’électricité bon marché, selon la sous-ministre québécoise associée aux Mines, Nathalie Camden. 

« Les CAM seront développées au Québec grâce à notre hydroélectricité bon marché et abondante », a-t-elle dit devant un comité sénatorial américain en mai dernier, pour convaincre les Américains de venir brasser des affaires au Québec.  

  • Écoutez l'entrevue avec Bernard Saulnier à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct via QUB radio : 

« Un atout de taille »

L’allocution de Mme Camden renferme plusieurs passages vantant l’électricité au rabais du Québec. 

« Au Québec, le coût de l’électricité est de 30 % moins élevé que dans les autres pays du G7, avec des tarifs spéciaux disponibles pour le secteur industriel [...] Au Québec, l’hydroélectricité peut assurer la stabilité des entreprises, tout en réduisant considérablement l’empreinte carbone de leurs opérations », dit le document.

Québec ne s’en cache pas, l’électricité bon marché sert à attirer des investissements étrangers. « L’accès à l’électricité à prix avantageux, pour les entreprises raccordées au réseau d’Hydro-Québec, représente un atout de taille », lit-on dans le Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025. 

Le consommateur va payer 

Hydro-Québec doit pourtant arbitrer les nombreuses demandes pour l’électricité. Hydro parle d’un besoin supplémentaire entre 100 et 150 Térawattheures (TWh) d’ici 2050, pour l’électrification des transports et la décarbonation des bâtiments.

« Notre électricité est-elle vraiment “peu chère” ? », demande Normand Mousseau, professeur au département de physique de l’Université de Montréal. Non, dit-il, car le coût d’approvisionnement en nouvelle électricité pour Hydro [surtout par l’éolien] est supérieur au prix auquel elle brade la ressource aux entreprises. 

« Ce sont les consommateurs québécois qui payent les nouveaux approvisionnements, pour qu’on vende ensuite de l’électricité à rabais à nos voisins », dit celui qui plaide pour une vraie réflexion sur la valeur de notre électricité. 

« Si l’électricité verte avait une vraie valeur pour les entreprises qu’on attire, elle ne serait pas vendue à rabais ».  

  • Via QUB radio, le spécialiste économique Yves Daoust revient sur l’usine Gadoua et Hydro Québec (tous les jours à 9h35)

Encore McKinsey 

La fabrication de batteries pourrait créer jusqu’à 3200 emplois par usine, selon la firme McKinsey, omniprésente au gouvernement. Ce chiffre et la mention de McKinsey faisaient aussi partie de l’allocution de Nathalie Camden.

En novembre, Le Journal révélait qu’Investissement Québec avait dépensé 495 000 $ d’argent public pour que McKinsey produise une étude sur la filière de la batterie québécoise. 

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