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Universités: la ministre s’élève contre la censure et l’exclusion des hommes blancs

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La ministre Pascale Déry envoie un message clair aux directions d’universités : la censure et l’exclusion de candidats pour favoriser la diversité n’ont pas leur place sur les campus. Québec étudie d’ailleurs « toutes les options » pour aider les chaires de recherches face aux critères d’inclusion imposés par Ottawa.  

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«Sous aucune condition nous ne devrions tolérer la censure dans les milieux académiques, écrit la ministre de l’Enseignement supérieur dans une lettre envoyée lundi aux recteurs et rectrices du Québec. La censure inhibe la pensée, et la réflexion sous l’emprise de la peur entrave la poursuite de l’excellence qui est au cœur de la mission universitaire. Nous ne saurions sacrifier la liberté académique au nom de certaines luttes spécifiques, au risque d’y perdre les deux en bout de ligne.» 

La missive vise à faire une «mise au point» après que plusieurs controverses ont secoué les campus au cours des derniers mois. 

«C’est important de me positionner, d’envoyer un message clair, parce que, comme nouvelle ministre, plusieurs recteurs, rectrices, ne me connaissent pas. Donc, je souhaitais vraiment qu’ils sachent où je loge dans ce débat-là», explique Pascale Déry au cours d’une entrevue avec notre Bureau parlementaire. 

Récemment, la conférence du professeur de droit britannique Robert Wintemute a été annulée à l’Université McGill en raison de la pression d’étudiants opposés à ses positions jugées transphobes. 

L’Université Laval s’est également retrouvée dans la controverse après l’exclusion d’hommes blancs dans le processus d’embauche pour des postes de recherche puisqu’ils contrevenaient aux critères fédéraux d’Équité, Diversité et Inclusion des Chaires de recherche du Canada. 

Inclusion versus injustice

Dans sa lettre, la ministre écrit d’ailleurs que ces exigences du fédéral ne doivent pas entraîner «quelque forme que ce soit de discrimination ou d’injustice». 

«Or, les exigences Équité, Diversité et Inclusion (EDI) des programmes de Chaires de recherche du Canada, fixées par le gouvernement fédéral, viennent plutôt restreindre certains droits et réduire la primauté des notions de compétence et d’excellence», déplore-t-elle. 

Québec ne peut forcer Ottawa à changer son programme, mais la ministre envisage d’autres avenues pour aider les chaires de recherche face aux exigences du fédéral. 

«Je regarde toutes les options possibles», dit Pascale Déry, ajoutant avoir mandaté son ministère pour obtenir divers scénarios. 

Après l’entrevue, son cabinet a précisé que Québec souhaite notamment convaincre le gouvernement fédéral de revoir les quotas à respecter afin qu’ils reflètent la réalité québécoise, plutôt que la moyenne canadienne. 

«À compétences égales», la personne issue d’une minorité pourrait toujours être favorisée, sans exclure d’emblée les hommes blancs, précise sa directrice des communications.  

Critères revus au Québec

Pascal Déry a également demandé au Scientifique en chef du Québec de réviser sa grille d’évaluation pour l’attribution des Fonds de recherche du Québec afin que les critères EDI ne soient plus prédominants, mais complémentaires. 

L’automne dernier, quatre chercheurs universitaires avaient dénoncé l’application de cette grille d’analyse, tout comme ceux des objectifs de développement durable de l’ONU, pour les bourses attribuées aux étudiants à la maîtrise et au doctorat. 

« Au cours de la dernière année, on en aura vu certains multiplier dans leur dossier les preuves de leur engagement citoyen : se dire représentants de la diversité sexuelle, faire du compost au fond de leur jardin, accompagner des membres vieillissants de leur famille dans une Résidence Soleil...», écrivaient les chercheurs dans une lettre ouverte parue dans La Presse

De plus, ces critères «soumettent d’emblée les chercheurs à une orthodoxie, voire à un militantisme de vitrine», ajoutaient-ils. 

Le Scientifique en chef du Québec a répliqué par sa propre lettre ouverte, assurant que les balises visaient seulement à bonifier les projets de recherche, lorsque cela s’applique. Aucun candidat n’a été discriminé sur cette base en 2021, assure Rémi Quirion. 

«Toutefois, nous demeurons sensibles au fait que des candidats puissent se questionner sur les sous-critères EDI et ODD. C’est pourquoi nous prendrons des dispositions avec nos comités d’évaluation pour que ces sous-critères ne puissent en aucun cas pénaliser une demande de bourse», écrivait-il le 8 décembre dernier. 


Lisez la lettre que la ministre a fait parvenir aux directions des universités ici.

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