Ukraine: Poutine va tenter une action décisive en 2023
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La Russie se prépare à prendre des initiatives stratégiques décisives en Ukraine dans les six prochains mois, selon les analyses concordantes de plusieurs services de renseignement occidentaux. Le Kremlin veut mettre fin aux revers humiliants que les Russes subissent aux mains des forces armées ukrainiennes, conseillées et armées par l’OTAN, depuis le début de la guerre en février 2022.
Poutine croyait pouvoir s’emparer facilement de Kyïv et procéder à un changement de régime au cours des premières semaines de la guerre. Ça me rappelle George W. Bush et sa bannière « Mission accomplie » de mai 2003 annonçant la fin des opérations militaires en Irak. Près de 20 ans plus tard, il y a encore 5000 soldats américains qui combattent dans le pays.
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De défaite en déroute
La Russie n’a pas réussi à atteindre la plupart de ses principaux objectifs. En plus d’avoir lamentablement échoué à prendre Kyïv, ses forces ont été repoussées des villes stratégiques de Kharkiv et de Kherson. Et elles ne réussissent toujours pas à occuper complètement des oblasts de Donetsk et Louhansk sur la frontière russe. Les frappes de missiles et de drones russes sur les infrastructures critiques ukrainiennes n’ont pas démoralisé les Ukrainiens, comme le Kremlin l’espérait.
Poutine prépare maintenant une offensive majeure dès que la météo le permettra, dans quelques mois. Des indices ? Des analystes militaires notent qu’il a signé des décrets augmentant l’âge des hommes susceptibles d’être conscrits et autorisant la conscription de criminels emprisonnés. Le groupe mercenaire Wagner en recrutait déjà, leur promettant le pardon s’ils servaient 6 mois en Ukraine.
Pour avoir des effectifs suffisants, le Kremlin va devoir engager dans la prochaine offensive tous les conscrits de la première vague de mobilisation qui n’ont pas encore été déployés sur le front et les forces russes conventionnelles maintenues en position défensive.
Selon des analystes de renseignement, des unités russes s’entraînent actuellement en Biélorussie et en Russie pour participer à la grande offensive. Et l’état-major russe procède aussi à des réorganisations destinées à mener des combats conventionnels à grande échelle au-delà des offensives de 2023. On ne prend pas de risques.
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Grande offensive au printemps
C’est pour contrer cette attaque russe de grande envergure au printemps que plusieurs pays de l’OTAN, dont le Canada, vont envoyer des chars d’assaut — une arme offensive — aux Ukrainiens : une menace d’attaque massive de blindés ukrainiens obligerait les Russes à prévoir des mesures défensives qui limiteraient d’autant leurs forces disponibles pour mener leur offensive.
Dans l’intention de raffermir le soutien de la population en vue de l’opération, des commentateurs et des influenceurs alliés du Kremlin ont engagé une campagne de propagande pour faire peur aux Russes en leur disant tout ce que la Russie et ses dirigeants risquent si elle est défaite et qu’elle doit répondre de ses crimes de guerre devant des instances internationales.
Poutine se prépare à la fois à une grande offensive et, si elle échoue, à une guerre prolongée. Sa prétendue « opération militaire spéciale » s’est transformée en guerre conventionnelle majeure. Bien malgré lui.