Et si le Québec avait ses équipes nationales?
Des fédérations sportives de la province sont déjà représentées lors de championnats mondiaux
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Le Québec peut-il déléguer des équipes sportives sur la scène internationale ? La réponse est oui. La pratique n’est pas répandue en raison principalement de notre statut politique. La question soulève des débats enflammés entre ceux qui endossent cette idéologie et ceux qui s’y opposent farouchement.
C’est le cas pour le hockey particulièrement.
Chaque année, la sélection des joueurs d’Équipe Canada junior suscite de la controverse au Québec.
On l’a vu encore le mois dernier avec Zachary Bolduc, qui a été retranché à la fin du camp de la formation canadienne.
Hockey Québec devrait-il demander à la Fédération internationale de hockey sur glace de lui accorder le statut de nation non souveraine ?
Ce faisant, le Québec pourrait être représenté lors de championnats mondiaux.
Quelques fédérations sportives québécoises ont décidé d’emprunter cette avenue. Elles ne sont pas nombreuses et ne bénéficient pas d’une visibilité comparable au hockey et au football, notamment. Mais elles ont le mérite d’essayer.
C’est ainsi que des équipes québécoises de dek hockey et de balle au mur prendront part à des compétitions internationales relevées au cours des prochains mois.
Jeux mondiaux unis
Le dek hockey a été admis comme 13e sport aux United World Games (traduction libre : Jeux mondiaux unis), événement parrainé par l’UNESCO qui regroupe des athlètes de 12 à 17 ans provenant d’une trentaine de pays. Ces jeux présentés annuellement à Klagenfurt, en Autriche, se tiendront du 22 au 25 juin.
Des équipes de garçons et de filles défendront les couleurs québécoises chez les moins de 18 ans, les moins de 16 ans et les moins de 14 ans. La délégation comptera 90 athlètes et une trentaine d’accompagnateurs.
Ces jeux seront suivis des Championnats mondiaux de hockey-balle à Liberec, en Tchéquie, du 26 juin au 2 juillet. On se rappellera que Québec a été le théâtre de cette compétition l’an dernier.
Le Québec sera représenté par des formations masculines et féminines chez les moins de 20 ans et les moins de 19 ans, catégories dans lesquelles ils détiennent les titres de champions du monde.
Le groupe comprendra une trentaine d’athlètes et une vingtaine d’accompagnateurs.
Enfin en mars, à Valence en Espagne, le Québec sera représenté au Championnat mondial de pelote qui compte quatre sports, soit la balle au mur, le fronton qui ressemble à la balle au mur, le llargues et le jeu international qui sont des dérivés de la pelote basque.
Fondation Équipe Québec
Qui assumera le transport et l’hébergement ?
Vous devinerez que les fédérations concernées n’en ont pas les moyens.
Les dépenses reviennent aux parents et c’est ici que la Fondation Équipe Québec, dirigée par l’ancien hockeyeur de la LNH Robert Sirois et son acolyte Stefan Allinger, entre en scène.
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, cet organisme prône la formation d’équipes nationales du Québec sur la scène internationale dans chaque discipline sportive.
La fondation verse des dizaines de milliers de dollars provenant de dons du public et de gens d’affaires, de députés du Bloc et du Parti Québécois, qui servent à la confection d’uniformes mettant en valeur l’identité québécoise.
Un premier banquet
François Legault a déjà contribué à la cause il y a quelques années. Robert Sirois aimerait bien que le premier ministre mette à nouveau la main dans sa poche ainsi que d’autres personnalités publiques.
Un premier banquet dont les profits serviront au financement de la fondation aura lieu en octobre.
Les athlètes québécois s’étant illustrés à l’international seront honorés à cette occasion.
« Nous pourrions invoquer le droit d’aînesse »
Robert Sirois persiste et signe. Il ne fait aucun doute à ses yeux que le Québec pourrait déléguer ses propres équipes de hockey sur la scène internationale.
« L’ancien président de la Fédération internationale de hockey sur glace, René Fasel, a déjà déclaré que si le Québec demandait à faire partie de la FIHG, ça serait probablement accepté, souligne le fondateur de la Fondation Équipe Québec.
« Nous pourrions invoquer le droit d’aînesse puisque le hockey a ses racines à Montréal. Si on avait une équipe au Championnat du monde junior, on donnerait de la visibilité à 23 de nos joueurs. Tous les recruteurs, recruteurs-chefs et directeurs généraux de la Ligue nationale assistent à ce tournoi. »
Sirois pense qu’une telle démarche pourrait s’étendre à tous les sports et qu’il serait facile pour les instances politiques québécoises d’aller de l’avant.
« Tout ce que François Legault aurait à faire, c’est de négocier une entente similaire à celle du Royaume-Uni qui donne le droit à ses nations de participer à des compétitions internationales », dit-il.
Le Royaume-Uni est formé de quatre nations constitutives qui sont l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles.
Même Porto Rico
Vous serez probablement surpris que Porto Rico soit devenu le 83e membre et la quatrième nation non souveraine à être acceptée au sein de la Fédération internationale de hockey sur glace, le 29 septembre dernier.
La Fédération de hockey de Porto Rico, qui a vu le jour en 2020, compte 205 membres. La population de l’île s’élève à 3,1 millions d’habitants.
Un match préparatoire entre les Rangers de New York et les Panthers de la Floride a été présenté en 2006 au Colisée Miguel Agrelot, qui a pignon sur rue dans la capitale de San Juan.
La municipalité d’Aguadilla, située sur la côte ouest de l’île, a aussi sa patinoire depuis 2004. Une petite patinoire pour le hockey à trois contre trois se trouve face à une plage, mais est fermée en raison des dommages causés par l’un des nombreux ouragans à avoir frappé l’île au cours des dernières années.
Les Iroquois acceptés
Par ailleurs, une équipe de crosse autochtone, les Iroquois Nationals, a participé aux Jeux mondiaux qui se sont tenus l’an dernier à Birmingham, en Alabama, après avoir été initialement exclue.
Membre de la World Lacrosse, autrefois connue sous le nom de la Fédération internationale de crosse, la formation iroquoise avait été frappée d’une interdiction de non-participation parce qu’elle ne répondait pas au critère d’admissibilité du Comité international olympique.
Or, il est connu que la crosse a été inventée par les Autochtones et c’est cette raison qui a permis à l’équipe iroquoise d’être finalement admise aux Jeux mondiaux.
Celle-ci vise maintenant une participation aux Jeux olympiques d’été de 2028 à Los Angeles, où la crosse sera présentée comme sport de démonstration.