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Sept périls qui angoissent les patrons de PME

La résilience des entreprises sera encore mise à l’épreuve en 2023, selon une étude du Mouvement Desjardins

Lysanne Gingras a changé son modèle d’affaires pour aller vers la transformation alimentaire afin de survivre à la pandémie.
Photo fournie par Didier Debusschère Lysanne Gingras a changé son modèle d’affaires pour aller vers la transformation alimentaire afin de survivre à la pandémie.

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Après trois ans de pandémie et une succession impressionnante de crises, les PME du Québec ne voient pas encore une vraie lumière au bout du tunnel, puisqu’une récession s’annonce en 2023. 

Une étude de Desjardins sur les PME met en lumière tous les vents de face que les entrepreneurs doivent encore affronter : créativité et résilience seront nécessaires pour traverser les sept obstacles qui se dressent encore devant eux.

Les PME recensées comme les plus vulnérables face au ralentissement économique qui s’amorce sont dans l’hébergement, la restauration, les arts et loisirs, mais aussi les services de proximité comme les salons de coiffure et les garages, ainsi que les commerces de détail. 

Moins de dépenses discrétionnaires

Comme ces entreprises ont été particulièrement affectées par les confinements et que leur capacité d’endettement a été poussée à sa limite sans qu’elles aient une période d’accalmie, elles sont fragiles.

« Elles sont aussi particulièrement sensibles à la réduction des dépenses discrétionnaires des ménages qui resserrent habituellement les cordons de leurs bourses lors de ralentissements économiques », écrivent les économistes de Desjardins, Joëlle Noreau et Florence Jean-Jacobs.

Il faut une cellule de crise

Devant les nouvelles menaces qui guettent les PME, le pdg de Canada Sauce, Simon-Pierre Murdock, lançait un cri d’alarme sur TVA plus tôt cette semaine et demandait au gouvernement Legault de créer immédiatement une cellule de crise pour soutenir les entrepreneurs. Même si les affaires vont bien pour son entreprise, il s’inquiète tout de même des signaux qu’envoie l’économie. 

« Il faut soutenir les entrepreneurs à traverser la récession, pas seulement financièrement, mais aussi psychologiquement », a-t-il demandé. 

D’autres secteurs, comme la fabrication et le commerce de gros, souffriront du ralentissement économique mondial en 2023, selon Desjardins.

Détermination et créativité, la recette de Chickumi

Perdre 90 % de son chiffre d’affaires en mars 2020, passer en mode survie, innover, prendre le risque de mettre en marché un nouveau produit, se démener pour trouver des employés : Lysanne Gingras et Jean-Michel Tinayre ont tout affronté depuis 3 ans. 

Propriétaires du service de traiteur événementiel La Mangue Verte, dans la capitale nationale, ils ont fondé en 2021 Chickumi, produits prêts-à-manger à base de pois chiches, pour continuer leur mission de « faire du bien » alors que les confinements menaçaient la survie de leur première entreprise.

La faillite ? Ils ne voulaient surtout pas y être acculés. Leur détermination et leur créativité ont nourri leur résilience. 

« On repart à zéro dans un domaine où on n’avait jamais vendu », dit Lysanne Gingras.

Garder foi en son projet

La Mangue Verte continue ses activités avec le seul segment des boîtes à lunch, tandis que Chickumi a fait son entrée dans les restaurants et les épiceries Metro. 

Il a fallu beaucoup investir en recherche et développement de produit et les efforts de mise en marché sont conséquents pour cette nouveauté sans équivalent. 

Qui dit investissement dit endettement. Aussi, il faut avoir la foi en son projet pour aborder ce défi. Lysanne et Jean-Michel n’ont jamais eu le réflexe d’attendre que la tempête passe ; depuis trois ans, ils sont constamment en mode action-solution. 

Lysanne garde son sourire et sa passion. Malgré les défis de main-d’œuvre et les enjeux financiers, elle se dit chaque matin qu’une belle journée commence. 

« Mais j’ai l’impression d’avoir marché le chemin de Compostelle aller-retour, pieds nus et sans bouteille d’eau », dit-elle, pour illustrer la fatigue qui l’habite dans cette longue course à obstacles. 


1. L’INFLATION

Pendant cinq ans, jusqu’en 2021, on a jonglé avec une inflation à moins de 2 %, puis elle a bondi. La moyenne de la dernière année devrait s’établir à 6,5 %. Ça devrait baisser de moitié en 2023, mais avant, les PME vont avoir encore des mois à vivre « entre l’arbre et l’écorce, coincées entre la hausse du coût de leurs intrants et la capacité de payer de leurs clients », anticipent Florence Jean-Jacobs et Joëlle Noreau, économistes principales chez Desjardins.

2. LES TAUX D’INTÉRÊT ÉLEVÉS

C’est une zone inquiétante parce que l’endettement de plusieurs entreprises s’est accru pendant la première partie de la pandémie et le coût de la dette devient étouffant. Les microentreprises (1 à 4 employés) sont les plus vulnérables : 40 % disent ne pouvoir s’endetter davantage. Les secteurs d’activités qui ont le plus écopé pendant les confinements sont aussi très fragilisés. Agriculture, foresterie, chasse et pêches : préoccupation élevée.

3. LA RARETÉ DE LA MAIN-D’ŒUVRE

Ça dure depuis quelques années et même si le nombre de postes vacants tend à diminuer, le défi reste entier avec un taux de chômage à seulement 4,3 % au Québec. L’endettement élevé des petites entreprises permet difficilement d’investir dans l’automatisation. Le partage des employés dans certains secteurs, comme le tourisme, est une solution.

4. LA HAUSSE DES SALAIRES

Parce que tout le monde se dispute les talents en temps de pénurie d’employés. Et parce que l’inflation élevée entraîne une pression pour augmenter le chèque de paie. Le salaire minimum augmentera d’un dollar à 15,25 $ l’heure au 1er mai, mais déjà beaucoup d’employeurs offrent plus du fait qu’ils peinent à recruter et à retenir des employés.

5. LE PRIX DE L’ÉNERGIE

C’est une des préoccupations les plus importantes des entrepreneurs, selon un récent sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Énergie, pétrole, gaz naturel : les prix ont fortement grimpé au printemps 2020 et après une courte accalmie, la guerre en Ukraine a généré une nouvelle flambée. Transporter les marchandises coûte cher. Gruger les marges de profit ou refiler la facture aux clients ?

6. UNE RÉCESSION

Selon toute vraisemblance, prévoient les économistes de Desjardins, le ralentissement économique actuel deviendra récession. Vu la faible marge financière des entreprises, il faut s’attendre à une hausse des cas d’insolvabilité, surtout dans la première moitié de 2023. Les aides gouvernementales en début de pandémie ont maintenu en vie certaines entreprises qui, sous les pressions constantes, ne se relèveront pas.

7. LA FATIGUE ! 

L’effet conjugué d’une série persistante de difficultés a amené les entrepreneurs à s’adapter en continu à des situations d’exception depuis presque trois ans. Or, pour affronter les défis de 2023, il faudra encore déployer beaucoup d’efforts. Si seulement il y avait eu une zone de répit pour reprendre son souffle...

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