Des entrepreneurs d'ici ciblés: la fraude lucrative de type «black money» déjouée
Un accusé fait face à une fraude de 2,6 M$ à l’endroit de huit victimes
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Le stratagème de type «black money» qu’aurait mis en place une cellule de fraudeurs africains aurait pu permettre de subtiliser jusqu’à 2,6 M$ à divers entrepreneurs de partout au Québec, selon la preuve présentée au procès du seul accusé qui n’a pas réussi à fuir le pays.
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L’arrestation de Wilfried Christian Mbounou avait été tout un coup pour la section des crimes économiques de la SQ en novembre 2019. À l’époque, les limiers étaient aux trousses d’une cellule de fraudeurs africains sans vergogne qui frappait partout au Québec.
Ciblant des gens qui vendaient des biens de valeur sans intermédiaire via Kijiji ou Marketplace, l’un des fraudeurs se présentait chez le vendeur, alors qu’il portait une tunique en satin bourgogne aux boutons dorés et des mocassins. Souhaitant vivement acheter la maison, une auberge ou de la machinerie lourde en argent sonnant, l’homme disait être l’intermédiaire d’un oncle diplomate, propriétaire d’une mine d’or ou, encore, un prince africain.
Argent à blanchir
Plusieurs rencontres étaient organisées pour mettre en confiance le vendeur, au fil desquelles l’acheteur indiquait avoir des millions de dollars en argent canadien à blanchir. Pour traverser les douanes, les fraudeurs affirmaient que les 100 $ canadiens en leur possession avaient été lavés, ne laissant que des feuilles blanchâtres.
Grâce à un prétendu procédé nécessitant des produits chimiques, certains billets étaient nettoyés devant l’acheteur, pour reprendre l’aspect d’un vrai billet de 100 $. Pour achever de convaincre leur victime, les fraudeurs leur proposaient d’aller à la banque valider l’argent.
Or, pour acheter une résidence de 500 000 $, Mbounou aurait réussi à convaincre le vendeur de lui prêter un premier montant de 100 000 $ pour faire le « nettoyage » des billets blancs. C’est que pour faire la transformation à grande échelle, chaque billet blanc devait être collé à un authentique 100 $.
La pile d’argent, enveloppée d’aluminium et de ruban adhésif rouge, donnait l’apparence d’une brique dans laquelle était introduit le fameux liquide blanchissant, qui n’était en fait que des produits domestiques de nettoyage.
La brique était ensuite placée dans une «boîte vibrante» à double fond qui devait permettre de mélanger le produit, mais qui servait en fait à remplacer la brique d’argent authentique par une fausse. Celle-ci restait en possession du vendeur en prévision du déballage quelques jours plus tard.
Plus d’argent
Les fraudeurs inventaient ensuite toutes sortes de rebondissements pour soutirer plus d’argent, par exemple : le liquide n’a pas fait effet, il faut plus d’argent pour blanchir plus de billets, etc. Ce n’est qu’au moment d’ouvrir les briques que les victimes réalisaient la supercherie.
Une filature et l’aide d’une victime ont permis d’arrêter Franck Martin Djianda, pris en flagrant délit. Remis en liberté, l’homme a réussi à quitter le pays avant le procès.
Wilfried Christian Mbounou est donc le seul à subir son procès à Joliette. Les policiers croient que les fraudeurs auraient fait bien plus que huit victimes identifiées.