«Plan de match» en éducation: les acteurs du réseau scolaire saluent les priorités, mais restent sur leur faim
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Les priorités du nouveau ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, visent juste, mais il faudra voir comment elles seront mises en œuvre, affirment plusieurs acteurs du réseau scolaire qui restent sur leur appétit.
«Ce sont de bonnes priorités, tout sera dans le comment. Quelles solutions on va trouver? Le danger, pour le ministre, ce sera de tenter de trouver des solutions simples à des problèmes compliqués», affirme Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats de l’enseignement.
Le son de cloche est semblable du côté de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). «Le ministre nous propose des choses qui peuvent sembler être intéressantes a priori, mais on n’est pas encore dans les moyens, affirme sa présidente, Mélanie Hubert. On reste sur notre faim, le diable est dans les détails.»
Les syndicats saluent la volonté du ministre d’ajouter des éducatrices de services de garde dans la classe pour prêter main-forte aux enseignants. Le projet-pilote qui se déroule présentement représente d’ailleurs un «vrai baume» pour des profs, souligne Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).
Les assouplissements envisagés pour former des profs plus rapidement soulèvent toutefois des craintes. «On ne veut pas de formation au rabais», affirme Mélanie Hubert.
L’amélioration des conditions de travail des enseignants – mais aussi de tout le personnel scolaire – doit aussi faire partie des solutions pour contrer la pénurie, ajoutent les syndicats.
- Écoutez l'entrevue de Benoit Dutrizac avec Bernard Drainville, ministre de l’Éducation sur QUB radio :
Les directions d’école estiment aussi qu’il est réducteur de vouloir régler le problème de la pénurie en misant seulement sur une «voie rapide» pour accéder à la profession enseignante. «C’est beaucoup trop restreint pour une problématique beaucoup plus large», affirme Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement.
L’ajout de renfort dans la classe est aussi une bonne solution, à condition «d’avoir les bras» pour la mettre en œuvre, ajoute M. Prévost.
La pénurie dans les services de garde est d’ailleurs tout aussi problématique que le manque d’enseignants et il faudra aussi trouver des solutions pour y remédier, ajoute de son côté Carl Ouellet, président de l’Association québécoise du personnel de directions des écoles.
- Écoutez l'entrevue avec Éric Gingras de la CSQ à l’émission de Richard Martineau via QUB radio:
Plusieurs se demandent par ailleurs en quoi l’ajout de projets particuliers dans les écoles permettra de s’attaquer aux inégalités du réseau scolaire, puisqu’il sera difficile d’en assurer l'accès à tous les élèves. «Est-ce que ça vient vraiment régler le problème de l’école à trois vitesses?», s’interroge Éric Gingras.
De son côté, la Fédération québécoise des comités de parents déplore que la lutte à l’intimidation et à la violence dans les écoles ne fasse pas partie de ce «plan de match» ministériel. «Il faut que les élèves se sentent bien à l’école», rappelle son président, Kévin Roy.