Télémédecine privée pour des employés de l’État: Legault encourage les Québécois à choisir le privé, déplore le PQ
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En permettant à des employés de l’État d’avoir accès à un service de télémédecine privée aux frais des contribuables, le gouvernement de la CAQ encourage les Québécois et les travailleurs de la santé à choisir le privé.
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«Le gouvernement Legault est en train d’instaurer, en catimini, un nouveau système de santé à deux vitesses», déplore le député péquiste Joël Arseneau. Il dénonce ce «traitement de faveur» accordé aux employés de certains organismes publics, comme Hydro-Québec et Investissement Québec.
Plusieurs employeurs étatiques ont récemment signé une entente avec l’entreprise Dialogue, une firme de télémédecine privée détenue en partie par Sun Life, White Star Capital et la famille Desmarais, révélait jeudi Le Journal. Des employés de l’État n’ont donc plus à poireauter dans une salle d’attente pour avoir accès à un médecin «de jour comme de nuit sept jours par semaine» sur une plateforme de vidéoconférence.
«Lorsque les institutions publiques ont la possibilité d’avoir un traitement de faveur en quelque sorte, un traitement plus rapide grâce à la télémédecine du secteur privé, payé par les fonds publics, et tout ça sans aucun débat, [...] ça affaibli encore le système public en drainant les ressources humaines, matérielles, c’est absolument inadmissible», plaide le député des Îles-de-la-Madeleine.
Selon Joël Arseneau, le gouvernement Legault envoie un message contre-productif aux soignants qui tiennent le réseau public à bout de bras et aux citoyens.
«Essentiellement, on dit: “Si vous avez un choix à faire, choisissez le privé, et on va payer pour!”, insiste le péquiste. On va payer plus cher pour enrichir des entreprises dans le domaine de la santé plutôt que de sauver le système public qui s’effondre, qui s’écroule.»
Il rappelle que le gouvernement vient de permettre aux médecins de continuer à travailler au privé, sans avoir à se désaffilier du réseau public. Une «inquiétante» progression vers le privé.
Plus de télémédecine!
De son côté, le Parti libéral du Québec aimerait au contraire que davantage de citoyens aient accès à des services de télémédecine.
«Les sociétés d’État [...], le fait que leurs employés aient accès, grand bien leur fasse, mais le reste de la population, on est 8,5 millions de Québécoises et de Québécois, qu’en est-il», a soulevé le chef intérimaire Marc Tanguay, jeudi matin.
Le député de LaFontaine reproche au gouvernement Legault, après cinq ans au pouvoir, de ne pas avoir encore de plan de match pour offrir un plus grand accès aux services de télémédecine.
«Pour ce qui est de la place du privé en santé, je pense qu’il est important d’avoir une discussion là-dessus pour le long terme, a dit M. Tanguay. Mais à très court terme, [la] télémédecine, on n’arrête pas de vanter les avantages de cela, il faut que ce soit accessible à l’ensemble de la population, pas juste à ceux qui ont le bonheur de travailler dans une société d’État.»
Cesser de diaboliser le privé
Sans surprise, le chef conservateur Éric Duhaime s'est réjoui du succès de la télémédecine privée. Selon lui, cette réussite devrait inciter les différents partis politiques à cesser de diaboliser constamment le privé en santé.
«Ça dénote une certaine hypocrisie de la part de la classe politique où on parle toujours contre le privé en santé et où on essaie de diaboliser ceux qui en font la promotion, alors que l’État lui-même [y a recours], par la porte d’en arrière», a-t-il fait valoir, en conférence de presse.
- Avec la collaboration de Marc-André Gagnon et Gabriel Côté