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Éducation: Bernard Drainville sans passion

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Photo fournie par Emilie Nadeau

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On attendait avec impatience et une certaine curiosité la sortie du ministre de l’Éducation au sujet de la revalorisation de l’enseignement, en particulier du français en dégradation, selon toutes les statistiques plus déprimantes les unes que les autres.

On a eu droit à une image dépassée, pour ne pas dire surannée, du ministre Drainville, entouré de trois de ses collègues muets, voire ennuyés.

Les sept priorités dont Bernard Drainville a décrit les thèmes ne sont que des mots répétés ad nauseam avec lesquels tous les responsables politiques et fonctionnaires nous ont martelé les oreilles depuis des années.

Ennui

Sur la maîtrise du français et le renfort pour les enseignants, le ministre a dit : « Je vais vous revenir. » Où, quand, comment ? Il en aura le choix.

On a connu Bernard Drainville plus fougueux au cours de sa carrière. Pour tout dire, on a saisi malgré le ton de sa voix une sorte d’ennui, voire un accablement du genre : « Que cette séance se termine au plus sacrant ! »

On peut parler de la montagne qui accouche d’une souris ou d’une logorrhée à faire ronfler une carpe. Comment ne pas être ahuri devant le silence du ministre, dont on espérait un cri du cœur et des accents passionnés pour faire l’éloge avant tout de la langue française, qui est encore une langue planétaire ?

C’est une langue dont il faut conserver l’écriture. Il faut aussi transmettre aux jeunes le bonheur de la parler bellement afin d’en être fier et de la respecter.

Or, le ministre n’a pas daigné aborder cette dimension politique et esthétique, lui qui a eu des élans si enflammés quand il défendait sa Charte des valeurs québécoises. Se souvient-il des attaques violentes dont il a fait l’objet de la part de ses adversaires d’alors ?

Les priorités qu’il a énoncées vont devenir des boulets, en quelque sorte. Lorsqu’on analyse à quel point la revalorisation de l’enseignement a échoué dans le passé. Regardons les chiffres. On ne peut pas en expliquer les causes uniquement par la pandémie. 

Échecs passés

N’oublions pas que depuis des décennies, des professeurs sont tenus d’enseigner à des élèves « à besoins particuliers » – un euphémisme pour décrire des jeunes incapables de suivre le rythme dans des classes dites « normales », ce qui retarde l’ensemble des enfants.

Les priorités annoncées par Bernard Drainville renvoient peu à la responsabilité des parents d’élèves, lesquels sont trop nombreux à accabler les enseignants, qui sont eux-mêmes victimes des jeunes psychologiquement perturbés qui sévissent dans leur classe.

On a l’étrange sentiment d’un engourdissement social autour des défis de l’éducation. 

Le ministre espère avoir l’appui syndical pour concrétiser ses vœux. On lui souhaite bonne chance.

Mais il serait aussi impératif que les citoyens perçoivent la volonté du gouvernement de mettre au pas les technocrates du ministère qui ont coulé dans le béton des réformes dont certaines ont été catastrophiques. Et derrière lesquelles ces technocrates ont pu masquer leur irresponsabilité.

N’oublions pas que depuis 20 ans, on a vu se succéder 14 ministres de l’Éducation, dont François Legault, alors qu’il était membre du gouvernement péquiste. C’est dire que les fonctionnaires-bureaucrates, pédagogues de pointe assurant la permanence, ont tenu le fort et, disons-le, ont imposé leur vision souvent idéologique.

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