Québec lance un grand chantier national sur la survie du français
Le ministre Roberge révèle son plan de match pour un «réveil national» sur l’état de la langue
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Le gouvernement Legault annonce le lancement un grand chantier, qui inclura une consultation publique et un forum d’experts, afin de mettre fin au déclin de la langue française au Québec.
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«On veut sortir du discours défensif et passer à l’offensive. On ne veut pas juste arrêter de perdre, on veut gagner», lance le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, en entrevue avec notre Bureau parlementaire.
M. Roberge a dévoilé les grandes lignes de son plan de match après avoir appelé avant les Fêtes à un «réveil national» sur l’état du français au Québec.
Il précisera aujourd’hui la composition du groupe interministériel qui ira à la rencontre de divers intervenants afin de comprendre les causes du recul observé depuis une vingtaine d’années.
Le tout culminera par une consultation publique, dont les détails demeurent à déterminer, et un forum réunissant divers acteurs de la société civile.
Les conclusions de cette démarche constitueront la base du plan d’action gouvernemental qui doit être déposé «au plus tard» à l’automne prochain.
- Écoutez l'entrevue avec Jean-François Roberge, à l’émission de Guillaume Lavoie diffusée chaque jour en direct 13 h 35 via QUB radio :
Faire compétition à Netflix
Ce grand chantier vise deux objectifs. D’une part, Québec veut sonder les experts afin de savoir «quels sont les leviers à actionner pour favoriser le français», maintenant que la réforme de la loi 101 est adoptée.
D’autre part, la consultation publique servira à faire prendre conscience aux Québécois de la précarité de la langue commune.
Parmi les moyens envisagés, la CAQ veut notamment valoriser la culture québécoise face aux Netflix et autres plateformes américaines.
«Le gouvernement ne va pas dire aux Québécois quoi écouter, précise Jean-François Roberge. [...] Par contre, comme nation, quand on écoute une série qui nous ressemble, ça contribue à tisser le tissu social.»
«Si on est capable, en famille, de dire : “Fais pas ton commandant Chiasson”, c’est parce qu’on est nombreux, autour de la table, à avoir écouté District 31», donne-t-il en exemple.
- Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Rémi Nadeau, chef du bureau parlementaire du Journal de Montréal et Québec sur QUB radio :
Responsabilité partagée
Le ministre assure qu’il ne placera pas le fardeau sur les épaules du public. Son plan d’action pourrait comprendre de nouveaux programmes, des budgets ou des modifications législatives, énumère-t-il.
Mais les citoyens ont leur rôle à jouer, notamment devant les résultats catastrophiques aux examens de français cette année.
«Tout le monde a une responsabilité, dit-il. On ne mettra pas tout ça juste sur le dos des enseignants. Il faut que les municipalités aient des bibliothèques attrayantes, il faut que les parents lisent devant leurs enfants et il faut qu’ils s’intéressent à ce que leurs enfants lisent», illustre-t-il.
Le déclin de notre langue
Pourcentage de la population québécoise qui parle français de façon prédominante à la maison :
- 1991 : 82,3 %
- 1996 : 81,9 %
- 2001 : 82,3 %
- 2006 : 81,1 %
- 2011 : 80,0 %
- 2016 : 79,0 %
- 2021 : 77,5 %
Pourcentage des travailleurs québécois utilisant principalement le français au travail :
- 2001 : 81,8 %
- 2021 : 79,9 %
Les secteurs industriels où le français décline le plus au Québec (2016 à 2021) :
- Information et industrie culturelle (de 68,1 % en 2016 à 62,3 % en 2021)
- Finance et assurances (74,3 % à 71,0 %)
- Services professionnels, scientifiques et techniques (69,2 % à 65,7 %)
Source : Statistique Canada