Une distillerie imaginée dans un parc
Dave Ricard a rencontré celui avec qui il allait se lancer en affaires alors que leurs enfants jouaient ensemble
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Deux amis, une distillerie et des médailles à Londres, ça sonne comme un air de fête. Mais derrière l’image de l’apéro gin tonic sur une terrasse ensoleillée où tout le monde s’amuse, il y a bien des péripéties dans la jeune histoire de la Distillerie des Appalaches.
Dave Ricard, cofondateur avec Kevin Pelletier, savait depuis l’université qu’il deviendrait entrepreneur. C’était clair, net, précis dans son esprit quand il faisait sa maîtrise en administration des affaires, précédée d’un bac en génie.
Avant de trouver la bonne idée, il a travaillé chez IPL dans les emballages et le plastique moulé, puis chez Desjardins et chez Maibec. Il s’intéressait à l’amélioration des processus, puis s’est découvert un talent pour le développement de produits.
Sa bonne idée entrepreneuriale, il l’a eue grâce à une nouvelle amitié avec Kevin Pelletier.
« Nos enfants jouaient ensemble au parc. Son père faisait du sirop d’érable et Kevin, lors d’un voyage sportif, m’a parlé de son questionnement : relever son père ou lancer une entreprise à lui ? »
Kevin avait des connaissances dans l’agroalimentaire et il a demandé à Dave d’imaginer un produit à valeur ajoutée. C’est là que le projet de distillerie a germé.
Il y avait moyen d’utiliser le sirop d’érable dans un alcool et en se mobilisant rapidement, les deux amis pourraient se positionner au début de la vague des microdistilleries québécoises.
Les montagnes russes
En quelques semaines, il y avait déjà un chimiste prêt à les aider. Cinq mois plus tard, un local était loué et des équipements en route.
Dave était prêt à laisser son boulot pour se consacrer au projet, mais on lui a permis de garder un emploi à temps partiel.
« Quand je me suis lancé, mes parents n’étaient pas 100 % d’accord. Ils s’inquiétaient pour ma sécurité financière. Ils avaient investi dans mes études pour m’en donner une et ils voyaient les risques et les efforts nécessaires », se souvient Dave.
La mère de Dave avait elle-même vécu les montagnes russes de l’entrepreneuriat, en reprenant la compagnie de transport fondée par son père.
La pomme n’était toutefois pas tombée loin du pommier et la Distillerie des Appalaches est née en 2019.
Les premiers produits, le gin Kepler Dry et l’alcool d’érable -40 ont été prêts rapidement, mais les permis se sont fait attendre. Après, entrer à la SAQ a pris plus de temps que prévu et ça a donné un démarrage dans le rouge foncé. « Là, je me suis demandé si on avait fait le bon choix », confesse Dave.
Arruda Matata
Et 2020 est arrivée, une pandémie de COVID a changé tous les plans. Bye, le gin, bonjour le gel désinfectant ! Arruda Matata a cartonné, un nom amusant pour une période qui avait besoin de sourires.
Pas de gros party de Noël en 2020, mais ce fut le retour au gin et, même avec des bénévoles, l’entreprise ne suffisait pas à la demande de 720 caisses de la SAQ. La croissance a été phénoménale par la suite.
En trois ans, la Distillerie des Appalaches est passée d’une production de 10 000 à 100 000 bouteilles ! Il a fallu importer de l’alcool de l’Alberta pour y arriver.
Les Chinois voulaient acheter, mais finalement, ils se sont rétractés. Dave et Kevin n’ont cependant pas dit leur dernier mot : ils visent l’international parce que leur motivation, c’est de faire rayonner le Québec.
En rafale
QUI L’INSPIRE ?
- Louis Morrissette. « Pour sa polyvalence, sa capacité à saisir les opportunités, ses valeurs familiales et sa capacité à gérer la pression. »
ENTREPRENDRE, C’EST... ?
- « Se faire confiance. »
QUELQUE CHOSE QU’ON NE SAIT PAS DE LUI ?
- « Je trouve mon équilibre dans le sport. Je suis passionné de course à pied et entraîneur de baseball et de hockey pour mes deux enfants. »