Priorités en éducation: la liste d’épicerie de Bernard Drainville
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Après trois mois de silence, le ministre de l’Éducation sort les confettis pour nous présenter une liste d’épicerie qui manque de consistance. Les attentes étaient élevées : sur quoi Bernard Drainville travaillait-il pour justifier cette absence, alors que l’éducation est une priorité pour la CAQ ?
Finalement, les priorités annoncées sont imprécises, non chiffrées et surtout sans vision claire pour l’important chantier qu’est l’avenir de nos enfants. Je dois tout de même noter qu’il y a certaines pistes intéressantes avec lesquelles je suis d’accord, comme la valorisation du français ou encore la formation professionnelle, qui méritent d’être soulignées..
Le décrochage enseignant
Le décrochage scolaire, ce n’est plus seulement un enjeu chez les élèves ! Les enseignantes aussi quittent le navire, alors qu’elles sont souvent épuisées et sous-payées. Pourtant, le ministre ne s’occupe pas du tout de l’éléphant dans la classe : les conditions de travail du personnel du réseau scolaire. Bon nombre de ceux qui sont partis seraient prêts à revenir si on prenait leurs signaux d’alarme au sérieux.
Avec des charges de travail qui ne font qu’augmenter et se complexifier, on ne verra pas le bout de la pénurie de main-d’œuvre dans nos écoles sans un plan concret pour améliorer les conditions de travail. Le ministre doit non seulement améliorer les salaires, mais il doit aussi réduire la bureaucratie et revoir la composition des classes, comme le demande le milieu depuis longtemps. Ça doit être la priorité du ministre, s’il veut qu’il y ait suffisamment de gens qui travaillent dans les écoles pour répondre aux besoins des élèves.
Nier le système à trois vitesses fait reculer l’égalité des chances
Bernard Drainville ne peut plus faire comme si l’école à trois vitesses n’était pas à la source de nombreux problèmes dans le milieu de l’éducation. Soixante ans après le rapport Parent, il est tellement gênant de voir que la promesse de favoriser l’égalité des chances a été brisée par les gouvernements. Le privé, les programmes particuliers difficilement accessibles et le régulier mettent nos jeunes sur des chemins bien différents, et ce, jusqu’à l’université ! Saviez-vous que 60 % des élèves du privé, 51 % des élèves des programmes particuliers et seulement 15 % des élèves du régulier se rendent au niveau universitaire ? L’école publique québécoise reproduit malheureusement les inégalités sociales.
Présentement, le portefeuille des parents et les résultats académiques limitent le parcours scolaire de jeunes moins chanceux et la CAQ est complice de cet élitisme. Si le ministre veut vraiment étendre les programmes particuliers, il doit commencer par enlever les barrières financières pour rendre ceux-ci gratuits et ouverts à tout le monde. Mettre fin à la ségrégation scolaire devrait se trouver sur le menu du ministre Drainville dès maintenant.
Pour être honnête, je m’attendais à un plan pas mal plus costaud. Ajoutons que de nombreuses questions demeurent en suspens : le ministre ne sait pas quel montant sera investi dans son plan et il est incapable de dire combien de profs manquent actuellement dans le réseau. C’est de l’amateurisme.
Après trois mois comme ministre de l’Éducation, Bernard Drainville n’a pas fait la démonstration qu’il a une vision claire pour assurer la réussite de nos enfants : pour le moment, il échoue au bulletin..
Ruba Ghazal, responsable en matière d’éducation à Québec solidaire