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«Du fond des âges» de René Manzor: cauchemar en Antarctique

René Manzor
Photo fournie par Mathieu Génon

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Cinéaste à succès, «script doctor» dans les studios américains de cinéma, auteur de best-sellers et conteur exceptionnel, le Français René Manzor propose cet hiver un thriller captivant se déroulant en partie en Antarctique, Du fond des âges. Écrasement d’avion au pôle Sud, missions secrètes, parasite meurtrier, intrigue soutenue, tension psychologique et multiples scènes d’action très efficaces : tous les éléments sont réunis pour faire un roman palpitant, intrigant et dépaysant à souhait.

L’histoire débute sur les chapeaux de roues par une poursuite dans les rues de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Un petit garçon cherche à semer un homme armé. Des coups de feu éclatent. À l’hôpital, les autorités découvrent que l’enfant a été porté disparu il y a trois ans. C’est Nateo, le fils du célèbre explorateur Marcus Taylor. Qui peut bien en vouloir à un enfant de huit ans?

Un an plus tôt, Marcus Taylor, un expert en glaciologie, dirige une mission scientifique. On l’envoie sur une base se trouvant en plein milieu de l’Antarctique. Sur place, surprise : les bâtiments sont saccagés et il n’y a pas âme qui vive. L’équipe précédente a disparu. Qu’est-ce qui a pu se passer ? Quelque chose d’absolument terrifiant.

Des recherches scientifiques

En entrevue, René Manzor explique être tombé par hasard sur une information intéressante. Des carottes de glace prélevées par une mission scientifique russe en Antarctique avaient permis d’analyser l’air, tel qu’il était il y a 800 000 ans.

«Le continent Antarctique, on ne s’en rend pas compte, mais c’est 14 millions de kilomètres carrés», commente-t-il. 

«C’est la surface de l’Europe et des États-Unis réunis. C’est un vrai continent et sous trois kilomètres de calotte glaciaire, il y a des montagnes, des rivières ! En creusant à trois kilomètres sous la glace, ils ont découvert un organisme vivant qui n’est pas connu.»

Une idée de roman a aussitôt germé dans son esprit. 

«C’est pas un petit homme vert... c’est une petite bactérie spongiaire, comme une éponge. Quand ils ont pensé la remonter pour l’analyser, l’écrivain et le storyteller en moi s’est dit : s’il y a trois kilomètres de glace qui nous séparent d’un organisme qui n’est pas connu, c’est peut-être pas pour rien, tu vois ce que je veux dire?»

La porte était grande ouverte pour une intrigue fascinante. L’Antarctique nourrit l’imaginaire de l’écrivain depuis longtemps.

«C’est une terre sauvage. Là où se trouve la base, à Vostok, ce sont des conditions extrêmes : il fait -80 °C. C’est la même température que sur Mars.»

«Les conditions de survie sont extrêmes. C’est une terre sauvage, une terre qui existe sans l’homme. Et l’homme avait comme bonne excuse d’y emmener le progrès. À un moment donné, s’il y a une réponse sauvage à son envahissement, il ne faut pas qu’il s’étonne!»

René Manzor
Photo fournie par les Éditions Calmann Levy

Dans le roman, une expédition scientifique se rend justement en Antarctique pour étudier ce mystérieux micro-organisme. Mais l’expédition tourne au cauchemar après un écrasement d’avion.

De l’humanité 

René Manzor trouve important d’avoir une tension forte, un climat visuel très fort, mais aussi de l’humanité, de l’émotion. Dans le roman, cela se traduit par le parcours d’un père, le glaciologue Marcus Taylor, qui refuse d’être séparé de son fils.

«Pendant trois ans, il va le chercher sans relâche. Cette disparition va détruire son couple parce que sa femme, qui est maorie, a une autre vision du deuil.»

Ce qu’il aime le plus du personnage de Marcus, justement, c’est sa fragilité. 

«Il a l’air comme ça d’un explorateur, un peu comme les explorateurs de l’extrême. J’ai pris exemple des gens comme Mike Horn ou Jean-Louis Étienne : tu as l’impression qu’ils peuvent aller au bout du monde et qu’il ne peut rien leur arriver, tellement ils sont impliqués, préparés. Tu te prépares pour l’extrême... mais l’intime te rend vulnérable.»

  • René Manzor est écrivain et réalisateur à la télé et au cinéma.
  • Il a entre autres travaillé avec Steven Spielberg et George Lucas sur la série Les aventures du jeune Indiana Jones.  
  • Il a publié les best-sellers Les âmes rivales, Celui dont le nom n’est plus (prix Polar du meilleur roman francophone au festival de Cognac en 2014), Dans les brumes du mal et Apocryphe (prix du Polar 2019 des Petits Mots des Libraires).
  • Il offre une classe de maître bilingue et très pertinente sur l’écriture, sur la plateforme Mastermind.com.
  • Son site web : renemanzor.com.
  • Son fils ainsi que ses deux petits-fils habitent au Québec, dans la région de Montréal. 

EXTRAIT

«Un trou minuscule apparut sur la surface glacée...

Des doigts en sortirent...

Puis une main, grattant, creusant fiévreusement... Quelqu’un était enseveli sous la neige. Au prix de grands efforts, il parvint à dégager un bras et à exercer une traction désespérée pour se hisser dehors.

Au bord de l’asphyxie, la tête de Marcus émergea. Alors seulement il sentit la brûlure glaciale du vent austral.»

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