/lifestyle/books

«Cabale» de Michael Delisle: entre transmission et rejet

GEN -  L'ÉCRIVAIN MICHAEL DELISLE
Photo Martin Alarie

Coup d'oeil sur cet article

Dans la continuité de son roman Le feu de mon père, Grand Prix du livre de Montréal et finaliste au Prix des libraires du Québec, l’écrivain et poète Michael Delisle lance cet hiver Cabale, un roman court, efficace, d’une très grande force, qui explore la figure paternelle et la rivalité entre deux frères, dont l’un enseigne dans un cégep. Wilfred, après 30 ans d’esquives, réapparaît dans la vie de ses deux fils. Est-ce pour terminer sa tâche de père ou pour semer la zizanie?

• À lire aussi: Romans d’ici: Papa joueur, fils dépassé

Wilfred, après 30 ans de combines, de séjours en prison ou d’exil sous le chaud soleil de la Floride, réapparaît soudainement dans la vie de ses deux fils. Paul, le cadet, est lucide et le considère comme un escroc et un bonimenteur sans scrupules. Louis, l’aîné, imagine plutôt qu’il vient terminer sa tâche de père qu’il a négligée autrefois. Wilfred ne récoltera pas l’amour de ses garçons.

En traçant le portrait de Paul, professeur au cégep, Michael Delisle dépeint sans concession la vie dans un cégep, le comportement des enseignants, la routine quotidienne. En décrivant des mentors et des fils spirituels, différentes dynamiques, il montre aussi la question de l’héritage et de la transmission.

Michael Delisle, en entrevue, confie qu’il ne s’agit pas d’un roman autobiographique, bien qu’il ait enseigné pendant 30 ans dans un cégep.

«Je suis retraité. Le livre n’est pas autobiographique du tout. Mon expérience d’enseignement a été plus heureuse que celle du narrateur... mais disons que ça m’a permis de camper une histoire dans un cégep sans avoir à faire trop de recherches. Je ne voulais pas faire non plus un livre de règlements de comptes sur l’enseignement. Je voulais vraiment que ce soit un récit, une histoire.»

Thèmes récurrents

Il voulait explorer à quel point la présence physique est importante, à quel point c’est crucial, dans l’enseignement.

«J’ai pris ma retraite il y a deux ans. Ma dernière session est arrivée en même temps que la pandémie. On est passés en mode à distance et j’ai vraiment senti qu’il était temps que je parte. Enseigner, c’était devenu être devant mon écran... Pour moi, ce n’est pas ça, l’enseignement. J’ai trouvé ça bien dur et il y a un peu de ça, dans le roman.»

GEN -  L'ÉCRIVAIN MICHAEL DELISLE
Photo fournie par Éditions du Boréal

Dans Cabale, la dynamique familiale est très intéressante : deux frères aux tempéraments opposés... un père qui a fait des frasques. 

«Il y a un peu une problématique de “père manquant, fils manqué”.»

Michael Delisle ajoute que le processus d’écriture a été long et reprend des thèmes qui reviennent dans ses livres. 

«Quand j’ai écrit Le feu de mon père, qui était plus autobiographique et portait sur ma relation avec mon père, qui était vraiment dans la pègre, quand j’ai eu fini de l’écrire, il y a eu une sorte de catharsis.»

Mais dans Cabale, non. 

«On est dans la fiction. C’est vraiment un personnage. Et quand j’ai pensé que le livre était terminé, que j’ai senti que je ne pouvais pas en rajouter sans gâcher, j’étais content. Une fierté d’artisan, content d’avoir fini la job.»

Est-ce que le roman a remué quelque chose? 

«J’ai été étonné de la fin. La dernière phrase m’a surpris, mais il fallait que ça finisse comme ça.»

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.