«Les lapins peintres» illustré par Stéphane Poulin: lumineuse fable et doux tableaux
Deux lapins vivent près d’un étang. Le lapin peintre de jour et le lapin peintre de nuit cohabitent à merveille, jusqu’au jour où un nuage noir se positionne au-dessus de l’étang... Stéphane Poulin est illustrateur depuis les années 1980 et est toujours passionné par les albums jeunesse!
Vous exercez le métier d’illustrateur depuis une quarantaine d’années. Comment avez-vous vu le milieu se transformer?
Ce qui a changé, c’est le monde autour. On consomme rapidement. Je me souviens dans les années 1980, quand un livre était publié il pouvait rester dans la mémoire des gens et dans l’actualité six mois, même un an. Aujourd’hui, il y a des livres magnifiques qui sortent, on en parle deux semaines et puis pouf! C’est comme si les choses n’ont plus d’impact. Ce n’est pas un défaut ; je ne critique pas du tout ce milieu. C’est un beau milieu et j’ai un immense respect pour le travail d’édition qui se fait au Québec. Il y a du talent ici.
Vous êtes l’illustrateur des Lapins peintres, une fable lumineuse et pleine d’espoir. Racontez-nous cette histoire, à travers vos tableaux...
Si le texte nous dit qu’il y a deux lapins qui peignent sur un étang, il faut que ce soit naturel et afin que ce soit naturel, il faut qu’on le sente dans le texte. Je trouvais ça extraordinaire de peindre sur un étang ! C’est une image très forte. Cependant, je me suis dit que, pour les gens qui habitent autour de cet étang avec les deux lapins peintres, c’est ordinaire. Ça fait partie de leur quotidien. C’est une petite magie. J’appelle ça les magies ordinaires ! Cette histoire, pour moi, c’est une ode à la magie ordinaire.
Qu’est-ce qui continue de vous passionner autant de la peinture à l’huile?
C’est un médium qui est lent, qui demande du temps, mais dont les possibilités sont infinies. Quand je peins, chaque chose est dessinée environ quatre fois. Ça donne un effet un peu duveteux ; très doux, où il n’y a pas de coups de pinceau. Normalement pour les illustrations d’un album jeunesse, je commence à travailler au début de septembre et je dois livrer mon travail à la fin de juin.
Quelle marque aimeriez-vous laisser sur la littérature jeunesse?
Ne pas être là. J’aime ça ne pas être là (rires) ! J’aime que les enfants prennent les livres avec leurs parents et qu’ils passent un bon moment de lecture à la maison. J’aimerais que mes livres restent parmi les autres, parmi tous ces beaux livres. Je veux contribuer à la beauté du monde.
Seriez-vous plus un lapin peintre de jour ou un lapin peintre de nuit?
Je dirais les deux, en fait... Le lapin peintre de nuit, à quelque part, est coupé du monde. Il est dans son art. Le lapin peintre de jour, lui, est dans la vie. Quand je dessine, je suis dans mon atelier, tranquille, mais j’aime beaucoup le monde.