/misc
Navigation

Un concurrent européen à nos Canadair

Image simulée du «Seagle»
Source : Roadfour SA Image simulée du «Seagle»

Coup d'oeil sur cet article

Une entreprise en démarrage belge, Roadfour SA, propose un nouveau bombardier d’eau pour remplacer les Canadair, fers de lance de la lutte contre les incendies de forêt en Europe et en Amérique du Nord depuis 50 ans. 

L’étrange oiseau appelé «Seagle» pourra emporter jusqu’à 12 500 litres d’eau, soit deux fois plus que les Canadair CL-415 actuels, qui ont une capacité de 6137 litres. Les «ailes de mouette» de l’avion permettent de maintenir les moteurs loin au-dessus de l’eau. Ses «jupes latérales» formant un plateau flottant, il n’a pas besoin de flotteurs en bout d’ailes. 

Image simulée du «Seagle»
Site promotionnel de Roadfour SA

Le Seagle présente une innovation technologique majeure: les foils, des tiges métalliques courbées dont les extrémités effleurent la surface et maintiennent l’avion hors de l’eau. Seule l’écope du Seagle plonge dans l’eau en phase d’écopage. Les Canadair, eux, doivent raser la surface avec leur fuselage pour faire le plein.

La présentation de Roadfour dit que le Seagle aura une faible consommation de carburant grâce à ses turbopropulseurs – dont la marque n’est pas mentionnée – avec des hélices à 6 pales.

L’appareil n’a pas encore décollé de la table à dessin. Roadfour se cherche des partenaires financiers et industriels. Chaque appareil coûtera 60 millions d’euros (86,81 millions $CA). Il faudra en vendre une dizaine pour assurer son développement: six ans pour construire le prototype, procéder aux essais et lancer la ligne de production.

Un marché en pleine expansion

Chaque année, plus de 60 000 feux de forêt se déclarent en Europe. Des milliers d’hectares de forêt partent en fumée avec un impact écologique grave. Et le phénomène ne peut que s’accentuer avec les bouleversements climatiques actuels.

Les flottes de bombardiers d’eau actuellement détenues par des États européens sont essentiellement constituées d’appareils vieillissants qui vont devoir bientôt être renouvelés. En service depuis 24 ans, les Canadair français auront besoin d’un grand entretien en 2025-2026. Plusieurs pays vont vouloir acquérir de nouveaux bombardiers d’eau pour augmenter leur flotte ou remplacer ceux qu’ils utilisent. La France, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la Croatie, la Suède et Chypre possèdent des aéronefs pour lutter contre les feux de forêt.

Seagle contre DHC-515, lequel choisir?

Le concurrent le plus illustre du Seagle est l’emblématique Canadair, la référence parmi les bombardiers d’eau dans le monde. Sa version la plus récente, le CL-415, date de 1993. Bombardier a cessé sa fabrication en 2015, cédant la licence d’exploitation à Viking Air, maintenant intégré à De Havilland Canada. L’entreprise a annoncé en 2022 la production d’une nouvelle version des Canadair, le DHC-515 (ex-CL515), construit à Calgary en Alberta, où De Havilland assure la maintenance des CL-215 et CL-415. Des clients européens ont déjà signé des lettres d'intention pour acheter les 22 premiers appareils, dont les livraisons initiales sont prévues d'ici 2025.

Dans son texte promotionnel, Roadfour affirme qu’une quinzaine d’industriels européens et américains ont déjà exprimé leur intention de s’engager dans son projet. Le conglomérat technologique allemand Siemens a annoncé qu’il collabore au développement du Seagle, qui utilisera sa plateforme numérique Xcelerator.

Les aléas climatiques que nous vivons assurent une demande mondiale accrue pour des bombardiers d’eau: entre 200 et 250 unités dans les 20 prochaines années, selon des études de marché. C’est suffisant pour assurer le succès du DHC-515 et du Seagle, même si d’autres appareils arrivent sur le marché.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.