Grogne envers Gymnastique Canada: trois athlètes olympiques exigent la démission de deux patrons
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La tempête ne semble pas s’estomper chez Gymnastique Canada, déjà dans la tourmente en raison d’inconduites présumées. Trois athlètes olympiques ont demandé la démission du PDG de la fédération et du président du conseil d’administration dans une lettre envoyée au C.A.
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Les champions olympiques Kyle Shewfelt et Rosie MacLennan, ainsi qu’Ellie Black, qui a participé à trois JO, ont signé la missive vendredi, dans laquelle ils expliquent ne plus avoir confiance en MM. Ian Moss et Jeffery Thomson pour redresser la barque de l’organisation qui chapeaute cette discipline au pays.
«Nous ne croyons plus que Ian Moss [PDG] et Jeffery Thomson [président du C.A.] ont les capacités et la confiance de la communauté pour permettre à Gymnastique Canada de traverser la crise actuelle», peut-on lire dans la lettre qu’a obtenue lundi Radio-Canada.
Le soutien de la ministre
«Ian et Jeff ont échoué à reconnaître toute l’étendue du défi auquel fait face Gymnastique Canada et n’ont assumé aucune responsabilité quant à la situation actuelle du sport», est-il écrit.
Les trois signataires ont obtenu lundi le soutien de la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, qui juge que leur demande «semble être réfléchie, mûrie et légitime».
«Une organisation sportive appartient d’abord et avant tout à ses athlètes, a-t-elle indiqué au Journal. Ça fait plusieurs mois qu’on entend des histoires liées aux abus ou des questionnements entourant la gouvernance dans la gymnastique – c’est pourquoi j’ai retiré le financement de Gymnastics Canada l’été dernier.»
Coachs sous la loupe
De son côté, le mouvement Gymnasts for Change Canada, qui lutte contre les abus dans cette discipline, espère que le premier ministre Justin Trudeau «répondra à l’appel d’une enquête judiciaire afin qu’aucun athlète n’ait à se mettre dans une position vulnérable ou que des survivants n’aient à partager publiquement leurs expériences les plus douloureuses», a écrit le groupe dans un échange de textos avec Le Journal.
Shewfelt, MacLennan et Black reprochent notamment à MM. Moss et Thomson d’avoir embauché l’Américain Christian Gallardo à titre d’entraîneur de l’équipe nationale féminine de gymnastique artistique, sans avoir demandé l’avis des athlètes et ayant fait fi des allégations d’inconduites le visant aux États-Unis.
Cette situation rappelle celle de l’entraîneur Alex Bard, qui avait gravi les échelons au sein de la fédération malgré une plainte et des allégations de comportements inappropriés et de pratiques abusives.
En 2019, M. Moss avait annoncé le départ de M. Bard pour des raisons personnelles, mais lundi devant des élus fédéraux, il a confirmé avoir résilié son contrat.
Climat toxique
Ce cas ainsi que le climat toxique dénoncé dans une autre lettre signée par des centaines de personnes en mars ont été d’ailleurs au cœur des travaux sur les femmes et les filles dans le sport du Comité permanent de la condition féminine, lundi à Ottawa.
Bombardé de questions sur la sécurité des athlètes et la transparence de la fédération, M. Moss s’est défendu en disant «qu’une allégation n’est pas un fait et que la fédération devait se fier à des faits», ajoutant que des «plaintes officielles» sont nécessaires afin «de pouvoir prendre des décisions».