/misc
Navigation

La guerre à hauteur de vue

GERMANY-GOVERNMENT-DIPLOMACY
Photo AFP La ministre fédérale allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, et le chancelier allemand, Olaf Scholz.

Coup d'oeil sur cet article

« Nous menons une guerre contre la Russie, pas les uns contre les autres ». Ce n’est pas un simple citoyen qui tenait ces propos la semaine dernière. C’est madame Annalena Baerbock, la ministre fédérale allemande des Affaires étrangères.

Le lendemain de cette déclaration, le chancelier allemand, Olaf Scholz, annonçait qu’il enverrait quatorze chars lourds de fabrication allemande à l’Ukraine.

Le chancelier d’Allemagne a cependant pris la peine de rappeler son opposition à une escalade du conflit vers une guerre entre la Russie et l’OTAN.

Mais Moscou n’a pas manqué d’exploiter à son avantage la concomitance de la déclaration de la ministre et l’annonce du chancelier...

Jusqu’à présent, les pays qui apportent du soutien en termes de matériel militaire à l’Ukraine ont sans cesse clamé qu’ils ne sont pas co-belligérants dans la guerre de Vladimir Poutine au cœur de l’Europe.

Un degré de plus vers la confrontation ?

Mais la déclaration imprudente de la ministre fédérale allemande pourrait laisser penser que les pulsions de mort commencent à gagner du terrain dans certains esprits.

J’ose espérer le contraire, car ce conflit ne doit pas s’étirer indéfiniment. Et sa résolution ne peut trouver d’issue que sur une base politique.

En ces temps incertains où des crises de nature environnementale, économique, sociale ou culturelle nous assaillent et nous enserrent, on pourrait se passer des vibrations d’une menace d’escalade vers une guerre globale.

Après les horreurs des deux guerres mondiales que l’Europe a connues, on avait dit la main sur le cœur : « plus jamais ça ! ».

Est-ce qu’on pourrait sagement se parler dans le but de régler pacifiquement nos différends plutôt que de s’envoyer des bombes ou des missiles sur la tronche ?

Est-ce inévitable dans un monde dit « civilisé » ?

Pourquoi s’accommoder du fait que la guerre a toujours existé, que l’humanité porte en elle ses germes et qu’il faille vivre avec ?

La raison ne devrait-elle pas prendre le dessus sur nos « pulsions de haine et de mort » ?

La guerre à hauteur de vue

À ceux qui doutent de notre capacité à juguler nos « pulsions de mort », je conseille de lire ou de relire l’échange épistolaire entre deux éminents savants allemands, Albert Einstein et Sigmund Freud, intitulé Warum krieg ? (Pourquoi la guerre ?).

Publiée quelques années avant la Seconde Guerre mondiale par l’Institut international de coopération intellectuelle (ancêtre de l’UNESCO), alors que la violence fasciste et nazie s’étendait en Europe, cette correspondance n’a malheureusement pas vieilli.

Einstein y interpelle Freud notamment sur le « moyen d’affranchir les hommes de la menace de la guerre » et comment « canaliser l’agressivité de l’être humain et le rendre psychiquement mieux armé contre ses pulsions de haine et de destruction »

Et Freud lui répliquera notamment qu’en attendant, « nous pouvons nous dire : tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre. »

En ces temps de crises, la lecture de cette correspondance devrait inspirer tout être doué de raison...

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.