Mort de Tyre Nichols: le racisme en cause?
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Après avoir retardé la diffusion des quatre vidéos du passage à tabac de Tyre Nichols et mis en garde la population contre le caractère inhumain du comportement des agents de police, c’est vendredi soir que les autorités ont montré des images qui ne peuvent que choquer, décevoir et donner le haut-le-cœur.
Une violence impossible à justifier
Il ne plane plus aucun doute sur la brutalité et le caractère excessif de l’intervention policière.
Si nous ignorons pour le moment la nature exacte du comportement du jeune conducteur lorsqu’on le prend en chasse, dès les premiers échanges entre les représentants des forces de l’ordre et Tyre Nichols, on assiste à une escalade, autant dans les propos que dans les gestes.
Arraché brutalement du siège de son véhicule, le jeune homme ne cesse de demander pourquoi on l’arrête et, surtout, pourquoi les policiers sont si nombreux et aussi brutaux. Quand on écoute tout du début à la fin, c’est même le jeune Nichols qui appelle au calme.
Jamais un des policiers ne va intervenir pour ramener l’ordre ou un peu de calme, même pas lorsqu’on va le rouer de coups de bâton ou de coups de pied à la tête, le relevant ensuite pour le frapper plusieurs fois au visage.
Aussi insoutenable que ce qui précède, l’attitude des policiers alors que Nichols gît sur le sol, adossé à une voiture: personne ne se soucie de son état pendant les 20 minutes qui précèdent l’arrivée des services d’urgence.
Des policiers et un prévenu noirs
Les images diffusées vendredi ne sont pas sans rappeler celles associées à la mort de George Floyd. Il y a cependant deux distinctions importantes. Tyre Nichols n’était pas connu des autorités et, point délicat, les policiers qui s’acharnent sauvagement sur lui sont tous noirs.
La question est délicate, mais des médias américains ou des activistes noirs connus l’ont abordée.
Le plus célèbre d’entre eux est probablement Van Jones, qu’on peut voir et entendre régulièrement sur CNN. L’ancien conseiller d’Obama a affirmé que le fait d’être noir ne signifiait pas que les policiers n’avaient pas eu un comportement raciste.
- Ne ratez pas la chronique de Luc Laliberté, spécialiste de politique américaine, au micro de Guillaume Lavoie, tous les jours sur les ondes de QUB radio :
Jones appuie son argumentaire sur la formation qu’on offre au policier ainsi que sur la nature de leur approche de certains quartiers reconnus comme «chauds».
Des policiers noirs entraînés avec les biais de formation et les mêmes préjugés à l’égard des minorités en viendraient à reproduire la même brutalité qu’on dénonce si souvent et depuis trop longtemps.
Une fois de plus, les États-Unis sont confrontés à la violence. Si je ne crois pas qu’on doive revenir avec un slogan aussi contre-productif que «Defund the police» (sabrer dans les budgets), il est plus que temps pour nos voisins d’engager une discussion nationale sur l’origine de toute cette violence et de mettre en place de profondes réformes dans la formation des forces de l’ordre. I have a dream, lançait Luther King, j’ai aussi le mien.