Affaire Elghawaby: Trudeau cautionne le mépris, selon Legault
Québec a adopté une motion pour dénoncer la nomination d’Amira Elghawaby
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Le premier ministre François Legault accuse Ottawa de «cautionner le mépris envers les Québécois» en gardant en poste sa nouvelle représentante spéciale pour la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby, malgré ses propos controversés.
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M. Legault a vertement dénoncé hier la décision de son homologue fédéral, Justin Trudeau. Celui-ci a réitéré qu’il «appuie à 100%» la nomination de Mme Elghawaby annoncée la semaine dernière.
«Elle a démontré tout au long de ses années de travail une sensibilité, une ouverture et une rigueur dont on a besoin maintenant», a déclaré le premier ministre canadien à l’entrée d’une réunion de son caucus.
Québec avait réclamé la démission de Mme Elghawaby après que la nouvelle émissaire fédérale a refusé de s’excuser pour ses propos passés concernant les Québécois.
Québécois antimusulmans
En 2019, dans un texte d’opinion co-signé dans le Ottawa Citizen, elle écrivait notamment : «malheureusement, la majorité des Québécois semblent influencés non pas par la primauté du droit, mais par un sentiment antimusulman».
En 2013, dans le Toronto Star, elle affirmait également que le «Québec d’aujourd’hui» était, comme les sociétés occidentales du XIXe siècle, obsédé par «la peur de la perte de la pureté – du sang pur, de la race pure, des traits et des valeurs et des liens nationaux purs». Elle citait alors le philosophe canadien John Ralston Saul.
Des remous dans l’opposition
Le dossier a causé des remous dans l’opposition à Québec.
Après avoir dénoncé le «manque d’humanité» du gouvernement Legault parce qu’il réclamait la démission de Mme Elghawaby, les libéraux exigent désormais aussi son départ si elle ne s’excuse pas «dans les prochaines heures».
«C’est pour nous une condition sine qua non. Si elle ne le fait pas, elle ne peut pas rester en poste», a déclaré le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.
Le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, voudrait lui aussi que Mme Elghawaby se rétracte plus clairement, car il juge que ses propos sont «faux» et «blessants». Il déplore que les déclarations de la militante et ex-journaliste mettent «tous les Québécois dans le même panier», alors que la «nation québécoise n’est pas monolithique».
Toutefois, il est d’avis qu’il est trop tôt pour réclamer son départ. «Demander des démissions à tout vent, ce n’est pas mon style», a-t-il dit.
Quelques heures plus tard, son député Haroun Bouazzi accusait pour sa part le gouvernement Legault de détourner l’attention de ses problèmes en pointant du doigt une femme voilée.
«C’est la rentrée à l’Assemblée nationale et le gouvernement de la CAQ n’a pas de plan clair pour la transition énergétique juste, pour l’école publique, pour la crise dans nos hôpitaux? Les stratèges de Legault: “regardez! Là! Une femme qui porte le voile”», s’est-il insurgé sur Twitter.
Une motion pour dénoncer
En fin de journée, le gouvernement Legault a déposé une motion pour dénoncer les «propos inacceptables tenus par le passé par madame Amira Elghawaby concernant les Québécois et l’islamophobie».
Adoptée par la CAQ, le PLQ et le PQ, la motion qui sera envoyée à Ottawa réclame la démission de la nouvelle émissaire fédérale. Québec solidaire a toutefois refusé de se prononcer et s’est abstenu au moment du vote.
- Avec l’Agence QMI
«Je comprends que faire face à l’islamophobie, ça va exiger des conversations importantes et parfois difficiles, mais on a besoin de quelqu’un qui s’y connaît, qui est ancré à fond et je sais que c’est la bonne personne»
– Justin Trudeau, premier ministre du Canada
Extrait de la motion
[...] Qu’enfin, l’Assemblée nationale demande au gouvernement fédéral de mettre fin au mandat d’Amira Elghawaby à titre de représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie
- Extrait de la motion adoptée par l’Assemblée nationale hier
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