Le gouvernement McKinsey
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Un contrat jusqu’en 2100. On aurait cru à une mauvaise blague, mais c’est exactement ce que le gouvernement fédéral a accordé à la fameuse firme de consultants McKinsey.
Cela défie toutes les règles de bonne gouvernance, d’approvisionnement, d’imputabilité, de compétitivité, de bonne gestion. Bref, de bon sens.
Lorsqu’on gère un contrat de services informatiques gouvernementaux comme un bail emphytéotique, il y a lieu de se demander s’il ne s’agit pas d’une doctrine et d’une idéologie que l’on veut inscrire dans le marbre: désormais, on remplacera l’expertise interne par des firmes externes, on affaiblira significativement la fonction publique, faisant en sorte qu’elle ne devienne qu’un exécutant de ce que ces firmes grassement payées auront décidé, et ce, sans en prendre la responsabilité et sans en être imputable.
Il s’agit d’un scandale en soi. Un tel contrat révèle certainement quelque chose de très inquiétant, peu importe la justification que l’on nous servira : si c’est pour faciliter, voire contourner le processus d’appel d’offres gouvernemental, c’est grave, très grave. Si c’est pour pallier un quelconque manque d’expertise à l’interne de manière prolongée, c’est que l’on a décidé qu’on n’en veut pas de cette expertise et ça c’est dangereux. La pénurie de main-d’œuvre a peut-être le dos large de nos jours, mais elle ne saurait être une explication logique.
Vous rappelez-vous les constats alarmants que l’on a collectivement faits lorsque nous nous sommes rendu compte que le ministère des Transports du Québec avait sous-traité les services d’ingénierie à des firmes externes, développant par le fait même une dépendance face à celles-ci? C’est exactement ce qui est en train d’arriver au fédéral, sous nos yeux, sans aucune gêne.
C’est sidérant que l’on puisse nous prendre pour des valises aussi facilement.