Justin Trudeau est-il personnellement vexé?
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L’an dernier, lorsque des adversaires nationalistes de Justin Trudeau ont laissé entendre qu’il n’était pas Québécois, il a levé le ton : «Le Québec, c’est chez moi aussi! Je suis un Québécois». Il avait raison.
Je repense cette semaine à cette sortie émotive du premier ministre. Manifestement, il avait été piqué par l’allusion. Alors puisqu’il se sent Québécois, je m’étonne quand même de son absence de réaction devant une personne qui exprime d’intenses préjugés contre les Québécois.
Vomir!
Quand Amira Elghawaby dit avoir le goût de vomir lorsqu’on lui parle du parcours difficile des Canadiens français, est-ce que monsieur Trudeau est vexé, outré, attristé? Lorsqu’il constate les préjugés répétés contre des Québécois qui pullulent dans les écrits de celle à qui il vient d’accorder une fonction prestigieuse, ressent-il un frisson dans le dos?
Voir Justin Trudeau, le Québécois, feindre de ne pas s’en rendre compte, ça fait bizarre. Même ses lieutenants du Québec ne peuvent pas laisser passer cela. Pablo Rodriguez, un fidèle soldat, est incapable de cacher son malaise profond comme Québécois.
À l’Assemblée nationale, les quatre partis sont heurtés par les propos de madame Elghawaby. Seul Justin Trudeau semble avoir perdu son sens de l’indignation lorsque les Québécois sont injustement salis.
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Calcul politique
Je finis par penser que cette nomination n’est qu’un sombre calcul politique.
En théorie, lorsqu’un leader désigne un officier public pour lutter contre la discrimination, il cherche à unir la population et à atténuer les tensions. Est-ce vraiment l’intention de Justin Trudeau, de procéder ainsi à la nomination de Amira Elghawaby comme «représentante spéciale» à la lutte contre l’islamophobie?
Si l’on tient vraiment à unir la population, il vaudrait peut-être mieux s’attaquer au racisme en général. Le racisme existe, mais il frappe plusieurs communautés. Faut-il créer un poste spécifique à la lutte au racisme contre les Noirs, un autre poste pour le racisme contre les Asiatiques et ainsi de suite? Pas certain.
Tant qu’à découper la population en segments, si l’on nomme un responsable de la lutte contre le racisme envers les Musulmans, faudrait-il en nommer un Sunnite et un Chiite ? Ces deux versions de l’islam ont donné lieu à des guerres. On pourrait craindre qu’un employeur chiite refuse d’embaucher un Musulman sunnite. Discrimination.
Puis, il faut choisir la bonne personne. Il me semble que la future championne du vivre-ensemble ne peut pas avoir exprimé elle-même autant d’intolérance. Ce qu’elle a dit sur les Québécois francophones devrait la disqualifier pour le poste. Son approche en général est d’ailleurs assez provocatrice et divisive.
Nommer une «représentante spéciale» à la lutte contre l’islamophobie qui divise, ce n’est pas dans le but d’unir...
On dirait que monsieur Trudeau fait l’équation électorale suivante : la majorité va finir par oublier cette nomination, mais je sécurise le vote d’une communauté pour longtemps. La politique de division qu’il reprochait jadis aux autres.
Assez rentable pour en oublier qu’il est Québécois?