Travail des enfants: Québec solidaire craint des exceptions
Québec solidaire craint que le projet de loi sur le travail des enfants que le ministre Boulet déposera bientôt prévoie des exceptions qui le videraient de sa substance pour accommoder les groupes patronaux.
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«Si on veut vraiment aller resserrer le travail des enfants par un projet de loi effectif, on ne va pas commencer à ajouter des énormes trous dans la loi pour permettre d’aller refaire exactement ce qui se fait déjà», a expliqué en entrevue le député solidaire Alexandre Leduc.
Selon M. Leduc, les groupes patronaux font actuellement pression sur le gouvernement afin qu’il ajoute des exceptions au projet de loi sur le travail des personnes mineures.
De fait, l’un des objectifs de l’Association Restauration Québec (ARQ) dans le registre des lobbyistes est «d’empêcher l’ajout d’un âge minimum pour avoir accès au marché du travail», ce qui est pourtant l’une des principales recommandations du Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM), dont devrait s’inspirer le projet de loi qui sera déposé sous peu.
L’avis du CCTM recommande de fixer à 14 ans l’âge minimum pour travailler, et de limiter à 17 heures par semaine le nombre d’heures qu’un jeune peut passer au travail.
Alors que cet avis est le fruit d’un consensus entre les syndicats et les groupes patronaux, Alexandre Leduc craint que les patrons viennent «tirer la couverte de leur bord» en s’adressant directement au ministre du Travail, en coulisse.
En particulier, il redoute qu’ils réussissent à convaincre M. Boulet d’ajouter une clause de «tâches légères» qui permettrait à des jeunes qui n’ont pas encore 14 ans d’entrer sur le marché du travail.
«Ils vont dire: oui, mais c’est juste les tâches légères. L’hôtesse qui va juste déposer les verres d’eau sur les tables, ce n’est pas dangereux. Mais quand il va se passer que quelqu’un est malade, ou qu’ils ont du mal à recruter du personnel, il va se passer quoi ? Ces enfants vont aller faire des tâches plus dangereuses», a déploré le député solidaire.
M. Leduc rappelle par ailleurs qu’une augmentation importante des accidents du travail a été observée de 2012 à 2021 chez les jeunes, selon un rapport de la CNESST. La hausse est de 392 % pour les 14 ans et moins et de 221 % pour les jeunes de 16 ans.
En chambre mercredi, le ministre Boulet a réaffirmé qu’il compte s’inspirer de l’avis du CCTM pour la rédaction de son projet de loi. Toutefois, il a également reconnu qu’il y a «des exceptions qui peuvent être prévues» et qu’il écoute ce que M. Leduc appelle «le lobby des restaurants et des commerçants».
«C’est ça, une consultation. Et quand on fait une recherche de solution, on aboutit à un consensus», a dit le ministre.