Passionné d’armes, mais pas une menace à la sécurité nationale: le fonctionnaire de L'Ancienne-Lorette plaide coupable à huit chefs d'accusation
Une trame factuelle loin des craintes initialement envisagées
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Le fonctionnaire Karl Maheux a plaidé coupable jeudi à 8 chefs d’accusation en lien avec les armes à feu et des substances explosives, mais les conclusions d’enquête exposées en cour sont bien loin des craintes initiales qui présentaient l’homme comme une menace à la sécurité nationale.
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À première vue, les accusations de possession de dispositifs prohibés, d’armes prohibées et de possession de substances explosives portées contre Karl Maheux à la suite d’une importante saisie chez lui en février 2021 pouvaient donner froid dans le dos.
Or, l’enquête de la GRC a démontré qu’il n’y a eu au final dans cette affaire «aucun élément pouvant soulever des inquiétudes pour la sécurité du public».
Maheux a bel et bien reçu un silencieux livré en ligne, ce qui lui a valu l’accusation d’importation et de possession d’un dispositif prohibé. Il a toutefois indiqué aux enquêteurs croire qu’il s’agissait de «fake suppressors», des dispositifs en vente libre sur internet, ajoutant n’avoir jamais utilisé les dispositifs en question.
L’homme avait aussi en sa possession des armes prohibées, soit du poivre de cayenne et deux couteaux à ouverture automatique, ainsi que des substances pouvant mener à la fabrication d’explosifs. Mais les interrogatoires menés et les témoignages de gens de son entourage ont permis de rassurer les autorités sur «l’arsenal» saisi.
Passionné d’armes
On apprend dans le résumé des faits déposé conjointement en cour jeudi que Karl Maheux est un passionné des armes à feu.
Il a été par le passé propriétaire d’une boutique de vente d’armes. Il est titulaire de tous les permis nécessaires à la possession d’armes, même prohibées. Le collectionneur a également déjà compétitionné en tir et est toujours membre d’un club selon la preuve.
Quant aux explosifs, l’enquête a permis d’établir que les substances ayant mené à l’évacuation de l’ensemble des voisins de l’accusé dans un rayon de 100 mètres le jour de son arrestation lui servaient à la confection de bombes fumigènes utilisées de façon récréative.
«Il a été démontré que les tuyaux retrouvés chez lui et les produits chimiques servaient à la confection de fumigène pour le paintball», a exposé jeudi le procureur de la couronne, Me Pierre-Alexandre Bernard.
Karl Maheux a également plaidé coupable à un chef de possession d’une arme prohibée, soit un revolver de calibre .32 qui appartenait à son grand-père et qui n’était plus en état de fonctionner selon les conclusions de l’enquête. La dernière accusation concerne l’entreposage négligent de certaines armes qui étaient cependant enregistrées légalement. L’homme détient des permis pour 8 armes à feu enregistrées au registre fédéral, ainsi que 3 armes de chasse enregistrées au provincial.
Opération d’envergure
La saisie du 5 février 2021 aura été l’élément déclencheur des inquiétudes entourant Karl Maheux.
Le raid policier a été mené après qu’un colis contenant un silencieux eut été intercepté à Vancouver. Ce sont les autorités qui ont livré de façon contrôlée le paquet à l’accusé et qui ont procédé à une entrée dynamique dans sa résidence de L’Ancienne-Lorette au moment où il ouvrait la boîte.
Trouvant sur place des armes et des substances non identifiées, les policiers évacuent massivement le voisinage. Par la suite, des informations obtenues laissant croire que Maheux puisse être un sympathisant de certaines causes complotistes préparant un coup d’éclat ont rajouté à l’inquiétude, notamment chez ses collègues au ministère de l’Éducation.
Rien dans l’enquête n’a toutefois permis de supporter ces prétentions, a indiqué la couronne jeudi matin.
Un rapport présentenciel a été demandé par les parties, qui reviendront devant la juge Sandra Rioux à la fin mai pour la suite des procédures.