Commissaire à la langue française: les libéraux ne soutiendront pas la candidature de Benoit Dubreuil
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Les libéraux voteront contre la candidature de Benoit Dubreuil au poste de Commissaire à la langue française, mais cela ne change pas les plans du gouvernement Legault qui dispose de l’appui de Québec solidaire et du Parti québécois.
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«Malheureusement, le gouvernement caquiste, en tout respect pour M. Dubreuil, ne propose pas de nommer la bonne personne à ce poste», a déclaré Marc Tanguay dans un communiqué de presse vendredi après-midi.
Le caucus libéral s’est entretenu avec le philosophe et essayiste Benoit Dubreuil jeudi. Mais cette rencontre n’a pas suffi à les convaincre d’appuyer sa nomination à titre de commissaire à la langue française.
Les libéraux citent des «divergences philosophiques majeures» pour expliquer leur décision. Des passages du livre Le remède imaginaire, cosigné par M. Dubreuil, sont en causes.
Selon eux, M. Dubreuil «considère que l’utilisation d’une autre langue que le français à la maison par une majorité des immigrants peut être considérée comme un signe de fragilisation de notre langue officielle».
Au contraire, les libéraux sont d’avis que «c’est la langue parlée dans la sphère publique qui doit servir d’indicateur de référence».
Les libéraux prétendent également que Benoit Dubreuil «remet en cause le sentiment d’appartenance à la société québécoise des personnes immigrantes», ce qui aurait «heurté» certains membres du caucus.
Pour étayer leur propos, les libéraux citent en exemple le passage suivant de l’essai de M. Dubreuil, dans lequel ils décèlent un «manque de nuance» : «Les résultats concrets de cette situation s’observent sur la scène politique, là où le vote des non-francophones diffère significativement du vote des francophones. Il est évidemment délicat d’aborder cette question, particulièrement depuis la déclaration déplacée de Jacques Parizeau sur ‘’l’argent et les votes ethniques’’. Mais vaut-il mieux la passer sous silence, en laissant croire qu’il suffit d’augmenter l’immigration pour maintenir le poids du Québec au Canada ? La réalité est que ce problème n’a pas la même signification selon le parti pour lequel on vote.»
Enfin, le caucus libéral fait valoir que «les enjeux linguistiques semblent s’inscrire de façon périphérique» dans le parcours de M. Dubreuil.
L’opposition des libéraux ne change pas les plans du gouvernement Legault, qui entend proposer et faire entériner la candidature du philosophe et essayiste à l’Assemblée nationale la semaine prochaine.
Après avoir montré des réticences à l’endroit de cette nomination, Québec solidaire s’est finalement rangé derrière le choix de la CAQ, en soulignant qu’ils ne lui donnent pas de «chèque en blanc».
La nomination du commissaire à la langue française doit se faire avec l’appui des deux-tiers des députés de l’Assemblée nationale. Bien qu’il possède à lui seul suffisamment de sièges pour aller de l’avant avec son candidat sans l’aval des partis d’oppositions, le gouvernement a tenu à récolter un appui plus large. Il est soutenu par Québec solidaire et le Parti québécois.