«Disco Queen» de Stéphanie Janicot: la nostalgie des années disco
Coup d'oeil sur cet article
Les nostalgiques des boules en miroir, des planchers lumineux, de la musique des Bee Gees et des chorégraphies de John Travolta vont se régaler en lisant le nouveau roman de Stéphanie Janicot, Disco Queen. L’autrice de plusieurs romans à succès s’est inspirée des éléments marquants de cette époque de grande légèreté pour imaginer l’histoire émouvante d’une sexagénaire en convalescence en Bretagne, à qui on prépare une fête surprise.
Soisik, prof d’histoire-géo dans la soixantaine, est en convalescence à l’hôpital. Elle se met à rêver : pourquoi ne pas utiliser la cave de la maison dont elle vient d’hériter pour installer une boîte disco ?
En attendant sa sortie, elle décide de transformer ce désir en roman, pour passer le temps. Après tout, rien n’est impossible en littérature ! C’est l’occasion de revisiter ses souvenirs de jeunesse, les années disco, les fêtes, les vacances de camping à la mer.
Sa fille Chloé, invitée à lire les premiers chapitres, est d’abord réticente à l’idée... puis se laisse convaincre. Sans le dire à sa mère, et avec l’aide de toute sa famille et de ses voisins, elle décide d’ouvrir le chantier. Comme dans le roman de sa mère, cette boîte de nuit s’appellera Disco Queen.
Et comme dans le roman, l’inauguration ne pourra être faite qu’en présence de l’icône de La fièvre du samedi soir, John Travolta lui-même!
La vie qu’on se raconte
«Il y a une vraie raison d’avoir fait cette mise en abîme, c’est pas juste une question de forme», explique Stéphanie Janicot, en entrevue de Paris. «C’est aussi que ça dit quelque chose qui, pour moi, est très important : c’est qu’on a vraiment deux vies. C’est-à-dire la vie physique, réelle, qu’on vit tous les jours, et la vie psychique : des histoires qu’on se raconte dans sa tête. Et là, on les voit bien avec cette forme-là.»
Soisik a deux vies : elle est dans sa bulle, à l’hôpital, et elle a cette vie du roman, qu’elle se raconte. «Il se trouve qu’en plus, ce roman va prendre corps, grâce à ses filles.»
Sa génération
Stéphanie Janicot, plus jeune que son héroïne Soisik, entrait à peine dans l’adolescence quand la rage du disco est apparue. «C’est ma génération aussi. Moi, l’été où Saturday Night Fever est arrivé en France, c’est l’été où j’allais avoir 11 ans. J’étais dans un collège à Jersey et il y avait des boums. J’étais la plus jeune. Je voyais les ados qui dansaient au son de Stayin’ Alive et puis des slows comme How Deep is Your Love. C’était incroyable. J’étais fascinée par ça et c’était ma projection dans un monde d’ados.»
Stéphanie Janicot note que Soisik a cinq ans de plus qu’elle. «Ça m’a permis de lui faire vivre quelque chose de plus profond, de plus marquant, à cette époque. Mais on reste toujours marqué par l’époque de notre adolescence, par la musique qu’on a écoutée. Il n’y a rien de tel que la musique pour faire marcher la mémoire.»
La musique disco a une empreinte particulière: changement d’époque, liberté, grande légèreté. «J’avais envie d’écrire un livre sur la légèreté et j’ai choisi le disco comme allégorie de la légèreté. On met son habit de fête, on se crée un personnage, on est différent, on va dans une bulle festive, comme si on allait vivre dans une bulle de champagne.»
«Cette légèreté est incroyable et quand on écoute cette musique, on la perçoit. Et ça me fait le même effet aujourd’hui. J’ai la playlist de toutes mes têtes de chapitre et quand je l’écoute, c’est festif!»
- Stéphanie Janicot est journaliste et écrivaine.
- Elle est journaliste littéraire à La Croix et à Notre Temps.
- Elle est l’autrice d’une dizaine de romans, dont La Mémoire du monde (Prix Renaudot Poche), Le réveil des sorcières et L’île du docteur Faust.
- Elle habite à Paris.
EXTRAIT
«Elle a fini par attraper une boîte de cartes large format dont le dos était illustré par un ange aux ailes déployées.
— Tiens, choisis-en une de la main gauche, a-t-elle dit en les étalant face contre le lit. Soisik, complaisante et lasse, a pioché en plein milieu.
— Alors? a fait Yanne, excitée, en lui prenant la carte des mains.
Puis, ravie, elle a énoncé :
- “Party time”. Oh, maman, tu as trop de chance. “Party time”, c’est court, c’est précis. Tu vas sortir d’ici et faire la fête. Tu te rends compte?»