Legault peut dire merci... à Trudeau

François Legault peut remercier Justin Trudeau. L’affaire Elghawaby qui a pris toute la place a permis au chef caquiste de se poser en défenseur du Québec, alors que la crise des urgences et le nivellement par le bas en éducation auraient dû être au centre de la rentrée parlementaire.

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On ne peut pas dire que l’opposition officielle n’a pas essayé. 

Marc Tanguay et André Fortin ont brandi mardi la menace de démission des infirmières de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, le temps d’attente de 50 heures sur civière en Outaouais et les délais pour les chirurgies en oncologie qui ne s’améliorent pas.

Le lendemain, le chef libéral rappelait la décision d’abaisser la note de passage à 55 % à une épreuve ministérielle de mathématiques en raison des résultats désastreux des élèves.

Sans compter l’exemple d’une dame de Québec ayant choisi de faire l’école à la maison à sa fille, parce que le bal de remplaçants successifs dans sa classe ne favorisait pas l’apprentissage. 

Le gouvernement caquiste aurait pu être dans l’eau chaude. 

Mais Justin Trudeau a nommé la semaine dernière Amira Elghawaby au poste fraîchement créé de représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, et le premier ministre Legault a eu la partie plus facile.

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Il en rajoute

Le ministre Jean-François Roberge avait dès lors réclamé des excuses de celle dont les écrits ont dépeint les Québécois comme antimusulmans.

Elle ne l’a pas fait. 

Et pour en ajouter, Justin Trudeau a affirmé mardi qu’il appuyait à 100 % sa nomination.

François Legault n’a pas mis de temps à répliquer que le premier ministre du Canada cautionnait « le mépris envers les Québécois ».

Il y a eu ensuite de timides excuses tardives de la principale intéressée, que le ministre Roberge a bien fait de juger insuffisantes.

Pendant ce temps, les partis d’opposition se sont enfargés dans leurs lacets de bottines sur cette question devenue le point de mire de la semaine.

Enfilade d’erreurs

Au PLQ, un tweet hallucinant de la députée Jennifer Maccarone accusait la CAQ d’avoir manqué d’humanité et la pressait de soutenir la nomination !

Dans un revirement à 180 degrés gênant, le parti a ensuite réclamé aussi des excuses, puis le départ de la représentante spéciale.

Les députés de Québec solidaire se sont abstenus de voter sur une motion réclamant la fin du mandat de Mme Elghawaby pour ménager la susceptibilité de leur base militante.

Le nouveau député solidaire de Maurice-Richard, Haroun Bouazi, a aussi commis une bourde en affirmant sur les réseaux sociaux que le gouvernement Legault avait volontairement fait diversion en pointant du doigt une femme voilée.

Et toujours dans la catégorie « sable mouvant », la co-porte-parole Manon Massé a tenté de corriger le tir en affirmant que François Legault avait sûrement dit ce qu’il pensait véritablement.

Mais elle s’est enfoncée ensuite en l’accusant d’avoir manqué de sensibilité parce qu’il a demandé le départ de la dame controversée au lendemain de la commémoration de la tuerie de la mosquée.

Les sorties, justifiées, de François Legault et de Jean-François Roberge n’ont justement rien à voir avec les croyances religieuses de Mme Elghawaby ni avec les vêtements qu’elle porte.

Pour la rentrée, le chef caquiste a fait d’une pierre deux coups. Il a damé le pion aux principaux partis d’opposition et s’est retrouvé sur cette question au diapason avec le PQ, qui l’aurait autrement accusé de ne pas défendre la nation québécoise.

Il n’aura pas cette chance servie sur un plateau d’argent chaque semaine, mais ça lui a permis de gagner du temps.