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Alex Harvey savoure sa nouvelle vie

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Il y a cinq ans, en février, Alex Harvey terminait sa carrière olympique en raflant le meilleur résultat canadien de l’histoire du pays en ski de fond. Depuis cet exploit, l’athlète, radieux, en savoure un nouveau, celui d’avoir réussi sa nouvelle vie.

Son petit chien Marshall sur les talons, Alex Harvey m’accueille avec dans les bras sa belle Simone, 10 mois.

Il s’excuse quelques instants pour la porter au lit. On pourra faire l’entrevue pendant son dodo d’après-midi, explique le nouveau papa dans le vestibule de la maison neuve où son épouse Sophie et lui ont emménagé en mai.

Le couple, qui se fréquente depuis 12 ans et qui s’est marié en juin 2019, s’est installé à Saint-Ferréol-les-Neiges, paradis des skieurs et des cyclistes, où Alex Harvey a grandi.

Leur maison se trouve à quelques pas, littéralement, des pistes de ski de fond. 

On est samedi, moment qu’a proposé l’ancien athlète pour l’entrevue. Comme avocat chez BCF, où il se spécialise en droit des affaires et transactionnel, ses semaines sont très chargées.

Photo Stevens Leblanc

«C’est vraiment stimulant», se réjouit-il, soulignant que le travail en mode hybride lui permet de mieux concilier travail et famille. 

Place importante 

Et comme on ne sort pas le skieur du gars, le jeune homme de 34 ans rentrait d’une randonnée en matinée, avec sa fille assise dans un traîneau, comme le faisaient ses parents avec ses sœurs et lui. 

C’est ainsi qu’Alex a appris à skier, à trois ans, en s’extirpant du traîneau à sa guise pour enfiler ses skis de fond. Sa fille suivra peut-être ses traces un jour, « si elle aime ça », dit-il.

L’époque où il s’entraînait deux fois par jour, six jours par semaine, et plus encore en camp d’entraînement, est évidemment révolue. 

Mais le sport, qui lui a «donné plus de rigueur et de structure», garde toujours une place très importante dans sa vie. C’est un besoin viscéral.

« Si on l’empêchait de bouger, il était insoutenable », a témoigné son père dont il est très proche, le champion de ski de fond Pierre Harvey, dans le balado de QUB radio intitulé Sur les traces d’un champion

Tout en douceur 

Il a coulé beaucoup d’eau sous les ponts depuis que l’athlète a pris sa retraite de la compétition.

Après sa dernière course, où il a remporté l’argent sous les acclamations sur les plaines d’Abraham — « une fin rêvée » —, le triple champion du monde y est allé « d’un atterrissage en douceur ». 

Sur les conseils de ses parents, il y a longtemps que l’athlète réfléchissait à ce qui se passerait après le ski.

Il a étudié le droit pendant dix ans, à travers la compétition. Il a complété son barreau dans les mois suivant sa retraite. 

Alex Harvey pratique comme avocat depuis 2021. Il a notamment été inspiré par des amis proches de ses parents et par les processus de négociations de ses contrats, comme athlète.

Il était intéressé par le milieu des affaires et la finance. 

Photo Stevens Leblanc

«Puis, j’ai toujours aimé argumenter juste pour le plaisir, me faire l’avocat du diable, même si je pensais la même chose, glisse-t-il tout sourire. Je retrouve dans ce métier des stratégies que j’utilisais en compétition.»

Tissu social

Le jeune homme s’est aussi fait un devoir de conserver son tissu social.

«Quand je parle avec de jeunes athlètes, je leur dis aussi d’essayer de garder contact avec les études, pas juste pour avoir une bonne job plus tard, mais pour élargir le groupe d’amis. Ça te garde les pieds sur terre et ça facilite la transition en diversifiant tes sources de satisfaction personnelle, qui ne devraient pas juste être de remporter des courses».

En soirée, Alex Harvey se rendait chez sa mère pour un souper familial.

Pendant plusieurs années, il quittait la maison le 1er novembre pour ne revenir que le 30 mars.

Les Noëls en famille n’existaient plus depuis ses 16 ans. Il les redécouvre avec bonheur depuis la fin de la pandémie. 

La famille est d’ailleurs demeurée au cœur de sa vie et il peut désormais en profiter beaucoup plus, tout comme il continue de profiter de la vie à fond le train... mais sans la compétition. 

QUELQUES FAITS MARQUANTS DE SA CARRIÈRE DE SKIEUR

Photo d'archives
  • Quintuple médaillé des Championnats du monde de la Fédération internationale de ski (FIS)
  • Il est monté sur 20 podiums de la Coupe du monde de ski de fond
  • Quatrième au sprint par équipes aux Jeux olympiques de Vancouver, avec son ami Devon Kershaw
  • Meilleur résultat olympique de l’histoire du Canada aux JO de PyeongChang en 2018 

  • Découvrez aussi la série balado d'Alex Harvey disponible via QUB radio :

Au secours du Mont-Sainte-Anne  

Désolé d’assister à la détérioration des installations du Mont-Sainte-Anne, propriété de Resort of the Canadian Rockies, Alex Harvey s’est impliqué comme administrateur du C.A. des Amis du Mont-Sainte-Anne.

L’organisme à but non lucratif, fondé en 2020 dans la foulée de deux accidents impliquant des équipements du centre, milite dans l’espoir de faire changer les choses.

«C’est devenu un enjeu de sécurité et de réputation des lieux. J’ai grandi ici et j’ai toujours été fier de mon centre de ski, de ma montagne, mais depuis 15 ans, avec le laisser-aller, je ne suis plus fier.»

Il estime que RCR ne constitue pas un investisseur étranger, contrairement à ce qu’a laissé entendre le ministre Pierre Fitzgibbon, et qu’il n’est pas normal « qu’un exploitant ne soit aucunement redevable envers le gouvernement, qu’il y ait des accidents et qu’on pense à le subventionner ». 

Reconnaissant envers Québecor

Alex Harvey et Pierre Karl Péladeau en ski à roulettes, le 26 octobre 2011.
Photo d’archives
Alex Harvey et Pierre Karl Péladeau en ski à roulettes, le 26 octobre 2011.

En 2011, Alex Harvey gagnait en popularité grâce à plusieurs bons résultats, et Québecor est devenu son commanditaire principal.

Il se souvient que lors de l’annonce du partenariat, à l’automne, Pierre Karl Péladeau, grand patron de l’entreprise qui est un amateur de ski, l’avait accompagné sur la Promenade Samuel-De Champlain, à Québec (photo).

Ils ont fait ensemble une sortie de ski à roulettes, un sport «casse-cou», souligne-t-il.

«On lui a dit : vous êtes sûr, et il a embarqué sur ses skis», raconte-t-il.

«Il y avait comme un intérêt naturel derrière ce partenariat qui m’a permis de me faire connaître plus et de véhiculer mon histoire. Mes autres commanditaires en ont aussi bénéficié, car comme c’était un grand groupe médiatique, ça donnait beaucoup de visibilité.»

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