Bureaux désertés: le pire peut-être encore à venir pour le centre-ville de Montréal
Le taux d’inoccupation des espaces de bureau pourrait atteindre 29% d’ici 2027
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Dans l’attente d’une récession de plus en plus probable, le marché de l’immobilier de bureau de la grande région de Montréal connaît déjà l’une des pires périodes des dernières décennies.
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Selon la société de gestion immobilière CBRE, Montréal affiche actuellement le taux d’inoccupation le plus élevé des grandes villes du pays après ceux de Calgary et d’Edmonton, en Alberta.
Et nul observateur ne s’attend à ce que cette situation, résultant de l’adoption en masse du télétravail par les employeurs du Québec, change de sitôt.
- Via QUB radio, le spécialiste économique Yves Daoust revient sur le centre-ville, la récession possible et la caisse (tous les jours à 9h35)
À la traîne des autres villes
Au quatrième trimestre de 2022, le taux d’inoccupation des tours de bureaux de Montréal a continué de croître pour terminer l’année à 17%, loin derrière ses rivales canadiennes.
À titre de comparaison, Vancouver a terminé l’année avec un taux d’inoccupation de 7,8%, Ottawa avec un taux de 11,1% et Toronto, avec 16,2%.
Et bien qu’à la traîne par rapport à ces villes, Montréal n’a probablement pas encore connu son pire niveau, estime la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
Directrice principale, Affaires économiques et Relance du centre-ville à la CCMM, Jessica Bouchard explique que si les immeubles de catégorie A, très présents au centre-ville, réussissent à éviter le pire, la situation s’avère bien moins reluisante pour les immeubles plus anciens, de catégories B et C.
Très bientôt au-delà des 20%
Études à l’appui, elle dit s’attendre par voie de conséquences, à ce que le taux de disponibilité des édifices de bureaux atteigne les 20% avant longtemps.
Le Groupe Altus, qui suit de près l’évolution du marché de bureau, s’attend pour sa part à ce que le taux de vacance de cette catégorie croisse encore de 70%, ou de 12 points de pourcentage d’ici quatre ans. Ainsi, le taux de vacance des tours de Montréal passerait d’un niveau de 17% aujourd’hui à... 29% d’ici 2027.
Quelques indices encourageants
Mais tout n’est pas noir. La CCMM, par exemple, se réjouit que de plus en plus d’employeurs incitent leurs employés à reprendre goût au travail en présence. Ce serait le cas de la Ville de Montréal et du gouvernement fédéral, qui demanderait une présence au bureau de deux jours par semaine.
Résultat: la Chambre soutient que 80% des travailleurs du centre-ville se déplacent au bureau au moins une fois par semaine. Les mardis, mercredis et jeudis sont les journées les plus achalandées. Mais il faudra plus pour sauver les tours et le centre-ville.
Forte d’une aide de Québec de 14,5 millions de dollars, la Chambre multiplie les initiatives pour encourager le retour des travailleurs au moins 3 à 4 jours par semaine. La construction de l’Anneau, cette structure d’acier américain, commandée sans appel d’offres par Ivanhoé Cambridge, fut en partie financée par ces fonds de Québec.