/opinion/columnists
Publicité

Le terrifiant tir de Bobby Hull

HKN-HKO-SPO-BOSTON-BRUINS-V-TORONTO-MAPLE-LEAFS
Linus Ullmark Photo AFP


Le récent décès du légendaire Bobby Hull a rappelé à quel point il terrifiait les gardiens de but au milieu des années 1960 avec son « bâton banane », l’invention révolutionnaire de son coéquipier des Blackhawks de Chicago, Stan Mikita. 

Après la découverte accidentelle de Mikita lors de la saison 1965-66, Hull a collaboré aux expériences de son coéquipier afin de déterminer quelle serait la courbe idéale d’une lame de bâton. Au final, ils ont conclu que la concavité de la lame épousant la forme de la rondelle créait le contact maximal et conséquemment, la plus grande vitesse de tir.  

HKN-HKO-SPO-BOSTON-BRUINS-V-TORONTO-MAPLE-LEAFS
Bobby Hull lors d’une soirée hommage à Montréal. Photo d'archives

Jacques Plante, qui avait créé lui-même toute une controverse en 1959 en adoptant le masque, était en mesure de constater la puissance des tirs de Hull et de Mikita, mais il avait une autre crainte qu’il avait exprimée lors d’une entrevue télévisée à la Soirée du hockey en 1966, avant son retour au jeu avec les Blues. 

Plante voyait que Mikita et Hull avaient l’intention d’ajouter une autre dimension avec leur invention. Un des effets secondaires des lames arquées était justement des trajectoires courbées. 

Voici d’ailleurs ce que Plante avait dit à l’époque : « Je regardais Hull et Mikita pratiquer lors de la période de réchauffement et ils essayaient des courbes et des tombantes. Pour l’instant, ils ne les contrôlent pas, mais s’ils y arrivent, ce ne sera plus une question de gardien de but, mais une question de chance. » 

Au soulagement de Plante et de ses collègues gardiens, Hull et Mikita ne sont jamais parvenus à ajouter ces variations à leur arsenal. Et puis, la LNH a réglementé et imposé des limites à la concavité des lames.  

Imaginez ce que serait devenue la LNH avec des Sandy Koufax ou des Bert Blyleven sur patins. 

Autre époque, autres mœurs 

C’est quand même fascinant qu’en l’espace de cinq ou six ans, deux innovations révolutionnaires aient créé des réactions aussi différentes. À partir du 1er novembre 1959, Plante est devenu l’homme masqué, attirant à la fois curiosité et dédain, puisqu’il passait pour un peureux. 

Inversement, Hull et Mikita ont été portés aux nues pour leur créativité et pour la nouvelle dimension qu’ils ont apportée au hockey.  

Quant à ceux qui traitaient Plante de peureux, ils n’auraient jamais eu le cran d’avancer vers Hull pour contrer ses tirs. Il considérait que foncer vers Hull était à la fois la meilleure manière d’arrêter ses tirs et à la fois, la meilleure façon de ne pas recevoir la rondelle au visage puisque la rondelle n’avait pas assez de distance pour atteindre sa hauteur maximale. 

Les Hawks de Hull, de Mikita et de leur acrobatique gardien Glenn Hall étaient spectaculaires au possible et ils étaient mes trois héros. Aujourd’hui, il ne reste que Hall, 91 ans. 

Béliveau impressionnait Hull 

J’ai rencontré Hull lors d’une exposition à Las Vegas dans les années 1990 et je lui avais dit à quel point c’était un « martyre » d’être un jeune partisan des Hawks à Québec dans les années 1960, alors que tout le monde prenait pour le Canadien. 

Il m’avait répondu : « Nous avions une bonne équipe, mais notre entraîneur [Billy Reay] s’entêtait à faire jouer Mikita contre Jean Béliveau et ce n’était pas la bonne stratégie. Mikita était bon, mais il n’arrivait pas à la cheville de Béliveau. » 

Et il avait dit ça en plaçant deux ou trois jurons québécois, ponctués de quelques éclats de rire typiques. Il était tout un personnage, mais surtout, un des joueurs les plus spectaculaires de l’histoire.  

Il faudrait le faire revenir par hologramme lors d’un prochain match des étoiles.







Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.