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Tragédie de Laval: encore un homme qui pète les plombs... pourquoi?

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Toujours la même maudite histoire.

Un gars qui pète les plombs.

Fâché contre son ex. Contre les femmes. Contre les gais. Contre les Noirs.

Ou contre ceux qui ne croient pas au même dieu que lui.

Et il prend un camion, ou une machette, ou un fusil semi-automatique et laisse libre cours à sa colère, à ses frustrations...

Les crabes

Je ne sais pas si la masculinité toxique existe réellement.

Si tous les hommes portent effectivement en eux cette violence larvée, qui peut à tout moment exploser, comme un camion bourré de nitroglycérine qui roule sur une bosse.

J’ai de la difficulté à croire que tous les hommes sont des bombes ambulantes. J’ai connu trop de bons gars dans ma vie – dont mon père – pour souscrire à cette théorie.

Mais une chose m’apparaît indubitable.

L’homme n’est le sexe fort que dans sa tête.

Dans les faits, il est faible.

Photos courtoisie et Agence QMI

On joue les durs, on roule des mécaniques, on donne l’impression d’être rempli à ras bord de certitudes, alors que dans le fond, on est pétri de doutes.

Plus on est dur en dehors, plus on ressent le besoin de projeter une image de force, de solidité, et plus on est mou en dedans.

Comme un crabe.

Chaque fois que j’entends des histoires comme celle qui est arrivée mercredi à Laval, je pense à The Shining, le film de Stanley Kubrick basé sur le roman de Stephen King.

L’histoire d’un homme qui est censé protéger sa femme et son fils, mais qui devient leur pire cauchemar.

Il les poursuit dans une grande maison vide, une hache à la main.

Qu’est-ce qui l’a mené là? Qu’est-ce qui a transformé cet homme d’apparence normale en monstre?

King a toujours dit que cette histoire était une métaphore à peine voilée sur ses années d’alcoolisme.

Quand, angoissé par la page blanche, il s’est tourné vers la bouteille pour calmer ses peurs.

Au lieu de stimuler son imaginaire et de l’inspirer, l’alcool l’a au contraire assommé et a réveillé les monstres qui sommeillaient dans sa tête, dans son âme.

Du jour au lendemain, il n’était plus l’auteur à succès qui subvenait aux besoins de sa famille et permettait à ses proches de mener une belle vie, mais un monstre, un bourreau, un ennemi.

Il semblait solide, mais s’effritait à l’intérieur.

Comment on devient un monstre

Tous les films de Kubrick tournent autour du thème de la masculinité.

L’homme sensible confronté à la sauvagerie de la guerre (Full Metal Jacket). L’homme rationnel confronté à l’absurdité de l’univers (2001: l’odyssée de l’espace).

Le bon mari confronté à l’infidélité de sa femme et à la jalousie (Eyes Wide Shut). L’artiste confronté à la solitude, aux exigences de la vie de famille et à ses démons (The Shining).

Le mâle kubrickien semble toujours fort au début. Puis, peu à peu, il s’effondre, il implose.

Puis explose.

Au cours des prochains jours, nous allons, avec raison, déverser notre haine sur cet homme qui a tué deux enfants.

Mais il faut aller au-delà de cette colère.

Et essayer de comprendre ce qui transforme trop d’hommes d’apparence tranquille en monstres.

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