Joe Biden, jovial et combatif, veut «finir la job»

Dans son discours de mardi, le président était en grande forme et prenait plaisir à confronter les invectives de quelques extrémistes républicains.
Ceux qui s’attendaient à un discours sur l’état de l’Union pépère de la part du premier président octogénaire de l’histoire des États-Unis ont été confondus.
En fait, c’est un Joe Biden animé dont la jovialité contrastait avec l’humeur maussade de son prédécesseur qui a profité de l’occasion pour donner un des meilleurs discours de sa carrière. Ce discours donnera le ton de la seconde moitié de son mandat et de sa probable campagne de réélection.
Biden persiste et signe
Dans une envolée oratoire qui a irrité ses opposants, Biden a fait l’éloge des politiques de son administration en soulignant leur caractère rassembleur. Sans surprise, il a choisi les indicateurs qui présentent sa performance sous son meilleur jour – ce que ses détracteurs n’ont pas manqué de dénoncer.
Il tenait d’abord à rappeler aux républicains qui menacent de ne pas rehausser le plafond de la dette qu’ils ont accepté sans broncher de le faire pour son prédécesseur même si ses déficits représentent aujourd’hui le quart de la dette totale.
Même si Biden n’échappe pas à la tentation d’embellir son bilan, il n’hésitera pas à le défendre vigoureusement d’ici à 2024 et il s’est montré prêt à faire face aux critiques de ses opposants pour « finir la job », comme il l’a maintes fois répété dans son discours.
Une pugnacité étonnante
Les points forts du discours sont venus lorsque Biden répliquait directement aux invectives de quelques vedettes de la droite trumpiste.
Par exemple, la représentante de Géorgie Marjorie Taylor Greene, accoutrée d’un col de fourrure blanc ostentatoire, a crié « Liar ! » (Menteur !) lorsque le président a mentionné que certains de ses collègues ont semblé remettre en cause le caractère bétonné de la sécurité sociale et de l’assurance maladie pour les aînés (Medicare).
S’est ensuivi un échange dont Biden est sorti gagnant lorsqu’il a forcé la majorité des républicains à applaudir sa propre détermination à sauvegarder ces programmes populaires.
Deux visions aux antipodes
La réplique républicaine est venue de la nouvelle gouverneure de l’Arkansas Sarah Huckabee Sanders, ancienne porte-parole de Trump. Après avoir mentionné le contraste entre elle, la plus jeune gouverneure du pays, et Biden, le président le plus âgé de l’histoire américaine, elle a enfilé sur un ton grinçant une litanie de thèmes chers à la droite trumpiste.
Le contraste était frappant. Alors que le discours de Biden faisait l’éloge d’un programme de gouverne interventionniste plutôt modéré et normal comparé à la plupart des démocraties avancées, la réplique républicaine misait à fond sur la guerre culturelle contre les épouvantails « woke » qui ne constituent dans les faits qu’une infime minorité de l’électorat et des élus démocrates, mais que les républicains voient dans leur soupe.
Même si ces épouvantails existent surtout dans l’imagination paranoïaque fertile de la base trumpiste du Parti républicain, Huckabee Sanders a affirmé que les électeurs devront choisir d’ici 2024 entre les « normaux » et les « cinglés ».
Ceux qui ont vu le discours de Biden et le triste spectacle des hurluberlus de la trempe de Marjorie Taylor Greene qui l’enguirlandaient mardi soir seraient peut-être portés à lui donner raison...