La santé toujours aussi malade
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S’il y avait un consensus à l’issue de la pandémie, c’est bien que le système de santé avait besoin d’un coup de barre, un gros coup de barre.
L’argent seul ne réglerait pas les problèmes, il fallait aussi des réformes structurelles.
Or ni l’un ni l’autre de ces deux objectifs principaux n’aura été atteint au terme d’un bras de fer politique qui aura duré deux ans. Et le pire dans tout ça, c’est que nous sommes tous perdants: Ottawa, Québec et nous, les patients.
Le règne du statu quo
Justin Trudeau rêvait grand. Des réformes en profondeur, des normes nationales pour les CHSLD, une garantie de services pour des milliards. Finalement, il n’aura qu’ajusté les vieilles méthodes fédérales pour donner l’illusion d’une meilleure transparence et d’une meilleure reddition de compte.
Tout au plus aura-t-il forcé la main des provinces sur la modernisation des données.
Disons qu’on est loin de la victoire politique qu’il espérait et dont il avait besoin pour relancer son gouvernement affaibli par un terrible début d’année 2023.
Pour François Legault, la défaite est amère.
Au rancart son rapport de force, son nationalisme payant, son front commun. Il est condamné à faire comme Philippe Couillard avant lui, prendre l’argent en rouspétant et en espérant que ce n’est que partie remise.
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C’est bien là le drame. Au terme d’une pandémie qui a rompu les reins de notre fragile de système de santé, la classe politique s’est rabattue sur ses vieux réflexes.
Le cadenas
Comme le dit l’adage, difficile de faire du neuf avec du vieux.
C’est pourtant ce que s’évertue à tenter le ministre Christian Dubé avec son Plan santé. Il s’agit ici d’essayer enfin de mettre en œuvre des réformes trop souvent abandonnées dans le passé.
On travaille à la marge sans oser réfléchir à l’essentiel : notre système public universel est-il viable à long terme quand on sait déjà qu’il est un des plus coûteux et des moins performants au monde?
Or pour oser cette question, il faudrait oser débattre de l’ultime vache sacrée: la Loi canadienne sur la santé, la camisole de force qui encadre tout le reste.
Après avoir été idéalisée, elle est devenue une arme politique. Impossible d’en discuter sans se faire accuser par les libéraux et le NPD de vouloir imposer une médecine à l’américaine au Canada. Comme s’il n’y avait pas des dizaines de systèmes de santé mitoyens, comme ceux qu’on voit en Europe.
Pour oser, il faudrait beaucoup de courage politique, un mandat fort de la population et le temps de mettre sur pied une Commission spéciale d’accoucher d’une nouvelle formule.
Justin Trudeau n’a plus le capital politique, il a préféré la paix à bas prix. Pierre Poilièvre ne prendra pas le risque de toucher à la kryptonite de la santé.
Pendant ce temps, le gouvernement Legault s’apprête à sévir contre les agences privées qui vampirisent le réseau. Mais du même souffle, il s’en remet aux cliniques de chirurgie privées pour réduire les listes d’attentes, sans trop se poser des questions sur leur impact à long terme.
Cherchez la cohérence.