J’ai hébergé 2 pee-wee qui ne connaissaient pas notre hiver et c’était hilarant
J’ai le cœur gros. Après une dizaine de jours, je dois dire au revoir à Cole et à Senzo, deux pee-wee des petits Capitals de Washington que j’ai hébergés pour le tournoi.
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Comme 300 autres familles de la région de Québec à chaque tournoi, j’ai décidé d’en accueillir chez moi. Ce n’était aucunement pour en faire cette chronique. Et je ne prétends pas avoir accompli quelque chose d’exceptionnel. Mais avec l’accord des papas, je tenais à faire part de cette expérience. Parce que c’était hilarant, stressant, triste et surtout inoubliable.
Il y a 20 ans, j’ai joué au tournoi et mes parents avaient accueilli des joueurs de la Suisse centrale. L’ancien du CH Yannick Weber évoluait pour cette équipe. Les pee-wee chez moi ne parlaient ni français ni anglais. Ils communiquaient surtout en allemand. Après deux heures, avec ma grande gueule, on se comprenait déjà parfaitement. Je ne sais pas trop comment, mais ils sont devenus mes meilleurs amis en une semaine. Et je me rappelle encore leur départ : tout le monde en larmes dans l’auto devant mon école. « Ich liebe dich Juan Nick ! » C’était la dernière fois qu’ils me parlaient.
Avec des fistons de 2 et 3 ans qui frappent tout dans ma maison avec des minibâtons de hockey et ma conjointe qui adore ce sport, je me suis dit que c’était le temps d’en héberger à nouveau, 20 ans plus tard.
Ç’a commencé le 8 février. Je suis allé les chercher au Château Frontenac, où leurs papas séjournaient. Pourquoi ne préfèrent-ils pas rester à l’hôtel, surtout au Château ? Parce que ça fait partie de l’esprit du tournoi. Et quand je leur demandais s’ils préféraient aller passer un après-midi à l’hôtel avec leurs parents, c’était un non catégorique.
En gougounes dans la neige
J’ai rapidement compris qu’ils n’avaient aucune idée de ce qu’est notre hiver. En gougounes, Senzo pensait pouvoir sortir du Château sans problème.
Je leur ai demandé de choisir la musique dans la voiture pour qu’on se dégêne un peu. Cole a étonnamment choisi les Beatles. Nous avons passé devant le palais de Bonhomme, et le charme de Québec ainsi que de notre hiver a commencé à les décoller de leur téléphone cellulaire.
On continue la route. « Les gars, c’est là que vous jouez demain. » C’était le Centre Vidéotron. Ils capotaient. « C’est comme un aréna de la LNH », a instinctivement lancé Senzo. Merci de tourner le fer dans la plaie...
On avait acheté plein de bonnes choses pour qu’ils soient traités comme de vrais athlètes : fruits, barres tendres, œufs, fromage, yogourt. Ils n’ont presque rien mangé la première journée. « Les gars, venez à l’épicerie, vous pourrez choisir ce que vous voulez. »
Désolé, Isabelle
Je vous jure. Ce qu’ils ont choisi donnerait des cauchemars à ma collègue Isabelle Huot : Dr Pepper, Pop-Tarts choco-guimauve, Fruit-O-Long, céréales Reese et Pringles à la pizza.
Après cette séance hautement gastronomique, on sort de l’épicerie et il y a de la neige partout dans le ciel en soirée.
Les deux gars ne disent pas un mot, fixent le ciel. Ils n’en reviennent pas. Spontanément, Cole se lance dans un banc de neige dans le stationnement en sortant d’un commerce.
On revient à la maison et, pour eux, il n’est pas question d’aller à l’intérieur. Malgré leur allure de jeunes un peu blasés près de la crise d’adolescence, on a rapidement vu le cœur de ces enfants de 12 ans tout émerveillés. Durant deux heures, ils ont créé une glissade dans les marches de mon entrée en arrosant. Tout était gelé, impossible d’accéder à ma porte d’entrée durant plusieurs jours.
Le lendemain, Cole racontait à son père comment, même le soir, c’était fou parce qu’il y avait tellement de neige que tout était blanc et c’était comme le jour. Les deux gars étaient aussi émerveillés de savoir qu’il y avait des patinoires extérieures partout.
Anecdote hilarante d’ailleurs à la patinoire. Cole gèle des pieds. Je le vois grimper sur la bande et sauter dans la neige. Il cale alors ses deux patins profondément dans la neige. « Qu’est-ce que tu fais là, Cole ? »
« Je me suis dit que si mes deux pieds étaient tout ensevelis de neige, ça pourrait les réchauffer », m’a-t-il répondu, avec Senzo et moi qui étions crampés. On a dû partir vite. Il a compris en quelques secondes que ce n’était pas la meilleure de ses idées.
De jour en jour, nos pee-wee se sont dégênés et sont devenus aussi nos enfants, les grands frères. Un allait calmer notre bonhomme de 3 ans quand il n’arrivait pas à dormir, l’autre dormait en cuillère avec notre labrador. Un matin, Cole s’est levé, la mine basse, en me disant qu’il ne restait que quatre jours à passer avec nous.
Au Super Bowl, les papas sont même venus à la maison avec quelques très, très bonnes bouteilles. Le père de Senzo nous a raconté comment l’arrivée d’Ovechkin avait transformé le développement du hockey à Washington.
« Murci »
Mercredi, c’était notre dernière soirée tout le monde ensemble. Les gars ont décidé de donner tout un spectacle au karaoké et ils ne voulaient pas arrêter. Ils ne voulaient pas vraiment aller se coucher, car ils savaient ce qui s’en venait. Senzo est parti. Comme il y a 20 ans : « I love you, John Nick, murci murci murci. » Oui, j’ai versé quelques larmes en cachette après. Cole restera avec nous encore quelques jours et après, ce sera la même épreuve...
Ah, oui. Et ils ont joué au hockey aussi. Ça ne s’est pas bien passé. Ils ont perdu leurs deux premiers matchs. Mais au fond, on s’en fout pas mal. Je crois qu’ils ont passé une belle semaine quand même, et c’est à ça qu’on sert, les familles d’accueil.
Ces familles sont au cœur du succès du tournoi. Plusieurs hébergent des joueurs depuis toujours et méritent beaucoup de crédit pour la réputation de l’événement international.