«Les agneaux de l’aube» de Steve Laflamme: une enquête teintée d’occultisme
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Intéressé par différents sujets, dont la société occulte de l’Aube dorée et la littérature fantastique, l’écrivain Steve Laflamme a intégré ces éléments dans la trame de fond de son nouveau roman, Les Agneaux de l’Aube. Pour la première fois, ce professeur de littérature et auteur à succès souhaite aussi véhiculer un message important par le biais d’un thriller: l’importance de l’éducation.
Au quartier général de la SQ de Québec, le lieutenant-détective Guillaume Volta fait appel à la professeure de littérature Frédérique Santinelli pour l’aider à décrypter un texte légué par une des victimes des «Meurtres de l’aube». En effet, les morts violentes s’accumulent dans les régions de Québec et Charlevoix et il doit faire la lumière sur ces dossiers.
Les assassinats semblent inspirés d’œuvres d’auteurs ayant fait partie de l’Ordre hermétique de l’Aube dorée (en anglais, la Golden Dawn). Cette société secrète fondée au 19e siècle par des francs-maçons britanniques comptait plusieurs célébrités de l’époque victorienne dans ses rangs, dont l’excentrique poète britannique Aleister Crowley.
Versé dans la magie et les sciences occultes, cet individu controversé était alors perçu par l’Église comme le diable en personne.
L’enquête menée par Volta et Santinelli démontrera que les Meurtres de l’aube sont nés de la colère, de la frustration et de l’ignorance, à la suite d’enseignements archaïques.
Une «toune» d’Ozzy...
Steve Laflamme, en entrevue, explique qu’il a entendu parler d’Alistair Crowley pour la première fois quand il était adolescent, «dans une toune d’Ozzy Osbourne. Il y a un petit clin d’œil à ça dans le roman...», dit-il.
«Je trouvais que c’était un personnage qui avait du potentiel dans un thriller, dans un récit assez noir. En même temps, je ne voudrais pas que les lecteurs s’attendent à un roman fantastique ou occultiste. C’est vraiment juste un prétexte, un arrière-plan. Ça reste un thriller réaliste en bonne et due forme, sauf qu’il y a des personnages dans le roman qui étaient fascinés par Crowley, donc ça se reflète dans ce qu’ils font.»
Steve Laflamme souhaitait aussi inclure ses connaissances sur la littérature fantastique dans un roman.
«J’ai découvert Stephen King quand j’avais 15 ans et j’ai beaucoup lu de fantastique. J’ai étudié le fantastique à la maîtrise. J’ai été chroniqueur de fantastique dans une revue. J’ai beaucoup baigné là-dedans et je me disais que j’aurais une belle occasion de faire un clin d’œil à toutes sortes de classiques du fantastique.»
Au fil de ses recherches, il a réalisé que certains auteurs de littérature fantastique assez connus ont vraiment fait partie de la Golden Dawn. «Bram Stoker, qui a écrit Dracula, faisait partie de la Golden Dawn», donne-t-il comme exemple. Gustav Meyrink, l’auteur autrichien qui a écrit Le Golem, en faisait aussi partie. De même que le poète irlandais William Butler Yeats.
L’éducation
Dans ce roman, Steve Laflamme a donc abordé Crowley, la Golden Dawn et les auteurs de littérature fantastique qui ont fait partie de cet ordre. Mais ce qu’il a observé au cours des deux-trois dernières années, pendant la pandémie, a été important dans son processus d’écriture.
«J’ai été sidéré, pendant la pandémie, de voir à quel point la science était rabaissée et à quel point on est revenus à des déclarations populistes qui sont à la limite de ce qu’on entendait au Moyen-Âge. J’étais “flabbergasté” par ça, à quel point il y a une espèce de complaisance dans l’ignorance, chez certaines personnes», dit-il.
«Il y a plein de choses pas belles qui sont ressorties de la pandémie, en rapport avec ça, et je voulais trouver une façon de dénoncer ça un peu. C’est mon septième roman et je te dirais que c’est peut-être le premier roman dans lequel j’essaie de véhiculer un message : la nécessité de ne jamais perdre de vue l’importance de l’éducation, de l’instruction.»
- Steve Laflamme est né à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean.
- Il enseigne la littérature (policière, entre autres) au Cégep de Sainte-Foy.
- Il a publié précédemment une série en trois volets mettant en scène l’enquêteur Xavier Martel.
- Il sera présent dans les salons du livre ce printemps.
EXTRAIT
«Volta arrêta brusquement de tourner les pages de son dossier et dévisagea sa vis-à-vis avec tant de sérieux que Santinelli perdit toute envie de faire mieux connaissance avec lui.
– Ce dont on s’apprête à discuter doit rester entre nous, madame Santinelli. Ce sont des informations qui concernent une enquête policière en cours. J’ai demandé l’autorisation de vous consulter à titre d’experte, ce qui vous force au respect d’une totale confidentialité.
– Bien sûr, dit-elle, masquant mal le fait qu’elle se sentait intimidée.
Volta se lança.
– Vous avez entendu parler du corps découvert dans un champ, à Beaupré, en juin dernier?»