Québec retrouve l’un de ses enfants chéris
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L’ouverture à Québec du plus grand centre de patinage en Amérique comporte plusieurs avantages, dont un qui était totalement inattendu : il a ramené dans la capitale l’un de ses enfants chéris, un héros national, le champion olympique Gaétan Boucher.
Chaque semaine, depuis qu’il a repris l’entraînement pour participer aux Jeux mondiaux des maîtres, dont il est sorti vainqueur, Gaétan Boucher parcourt la route de Boisbriand, où il habite, jusqu’à Québec.
Il séjourne du jeudi au samedi dans la capitale qui l’a vu naître et grandir, et qu’il avait quittée depuis de nombreuses années.
« C’est à cause de l’anneau que j’ai décidé de revenir », explique ce grand patineur de vitesse, après plusieurs heures d’entraînement sur l’anneau qui porte son nom, et qui se situe au cœur du flambant neuf Centre de glaces de Québec.
Quand je lui demande ce que lui procure ce retour, après 25 ans sans chausser ses patins, l’athlète répond avec des étoiles plein les yeux : « Juste de retourner sur la glace, c’est le paradis ».
Entré dans la légende
Né à Charlesbourg en 1958, Gaétan Boucher a commencé à patiner vers l’âge de neuf ans. Son père ne jurait que par le hockey, mais lui n’était pas intéressé.
Aussi quand il a vu une affiche, sur le babillard de l’école Saint-Denis, qui annonçait la création d’un club de patinage de vitesse, il s’est précipité.
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« Quand j’ai annoncé à mon père que j’avais décidé de faire partie de ce club, pendant qu’il écoutait la Soirée du hockey, il m’a dit : “Ces affaires-là, je crois pas à ça”. »
L’histoire en est restée là, jusqu’à ce qu’un voisin souligne à son père les performances de son fils. « Il lui a dit : ton fils fait les courses et il les gagne toutes ! », relate l’athlète.
Décédé il y a 20 ans déjà, son père n’a jamais cessé de l’encourager jusqu’à devenir président du club.
Quant au jeune Gaétan, il a soulevé le Québec entier à plusieurs reprises lors de championnats et d’Olympiques.
Il entre dans la légende en 1984, aux JO de Sarajevo, en raflant une médaille à chacune de ses compétitions.
À l’époque, il se remettait d’une blessure à une cheville qui a mis un terme à sa carrière prématurément, après les jeux de Calgary en 1988.
Le patineur a longtemps été l’olympien canadien le plus décoré des Jeux d’hiver.
Après le sport, Gaétan Boucher a étudié en marketing aux HEC, puis s’est dirigé vers l’éducation physique.
Puis, il a reçu une offre de Bauer et est devenu développeur de produits.
Depuis 2012, il est directeur général de la Corporation de développement culturel et sportif de Rosemère.
Un vrai marathon
Depuis trois ans, Gaétan Boucher est séparé de l’Allemande Karin Fliege, ancienne patineuse elle aussi, mère de ses quatre enfants.
Le couple demeure en bons termes et elle était présente à Québec pour les Jeux, en janvier.
Après 25 ans de vélo et de golf, la légende du patinage a donc renoué avec sa passion sportive, non sans embûches. Il a dû apprendre une nouvelle technique avec le patin clap.
Il a aussi dû composer avec des problèmes de cœur qui ont nécessité une intervention l’automne dernier, pour débloquer une artère.
C’est d’ailleurs grâce à l’entraînement intensif qu’il a mis le doigt sur le bobo, consultant pour ce qu’il croyait être des problèmes de brûlements d’estomac.
« Sans ça, j’aurais pu faire un infarctus », observe-t-il, estimant que le patin lui avait sans doute sauvé la vie.
Son médecin lui avait recommandé de ne pas participer à une compétition avant le mois de février. En trichant un peu, il a pu relever le défi fin janvier, mais ç’a été tout un marathon !
Patiner pour gagner
Gaétan Boucher entend donc participer à nouveau aux Jeux mondiaux des maîtres l’an prochain.
Il prévient tout de suite qu’il « n’a jamais perdu ce championnat et qu’il n’a pas l’intention de le perdre ».
Avis aux intéressés, il est d’ailleurs à la recherche de partenaires financiers pour l’appuyer.
Le rêve des Jeux olympiques à Québec
Membre du comité pour la candidature de Québec en vue des Jeux olympiques de 2002, Gaétan Boucher rêve toujours de voir sa ville natale accueillir ce grand événement un jour.
Il appuierait certainement une candidature, et ne dit pas non à une implication, compte tenu de ce que cela impliquerait.
« C’est sûr que j’y crois, car ça forme la jeunesse », souligne celui qui voit aussi dans les JO une façon d’inciter les jeunes à bouger, en cette ère où les téléphones et les Ipads sont rois.
« Et puis ça permet de développer certaines facilités, souligne le patineur, ajoutant que ça coûte tellement cher et que c’est de valeur. »
Quelques exploits
1980 : Médaille d’argent aux JO de Lake Placid
1984 : Deux médailles d’or et une médaille de bronze à Sarajevo
Médaille d’or au Championnat du monde de patinage de vitesse
Prix Oscar-Mathisen pour la meilleure saison
Trophée Lou Marsh pour l’athlète par excellence au Canada
Intronisation au Panthéon des sports canadiens
Janvier 2023 : Il remporte les Jeux mondiaux des maîtres