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«Bro, what the fuck, mon chien explique mieux»: des chargés de cours insultés gratuitement par des étudiants

Des étudiants transmettent des commentaires déplacés lors des évaluations de l’enseignement à l'UQAR

Quebec
Photo Stevens LeBlanc Michèle Tessier-Baillargeon est vice-présidente du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université du Québec à Rimouski.

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Des chargés de cours de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) reçoivent des insultes et des propos déplacés, voire parfois haineux, de la part d’étudiants et demandent à la direction de remédier à la situation.

«Bro what the fuck, mon chien explique mieux.» «Psychopathe, malade physique et mentale [sic], il doit retourner à son pays, sale race.» 

Ces commentaires pour le moins dérangeants (voir plus bas) ont été rédigés par des étudiants, de façon anonyme, dans le cadre du processus d’évaluation de l’enseignement.

Ils sont transmis aux chargés de cours de façon intégrale à la fin de la session. 

«C’est particulièrement désagréable et, surtout, pas constructif du tout. On voit qu’il n’y a pas de volonté d’améliorer l’enseignement, il y a juste une volonté de se vider le cœur», lance Michèle Tessier-Baillargeon, vice-présidente du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQAR.

Le fait que les étudiants puissent transmettre des commentaires de façon anonyme fait partie du problème, qui s’est accentué au fil des ans, ajoute-t-elle.

«Il y a quand même un glissement qui s’est produit, ce n’est pas quelque chose qu’on se serait autorisé dans le passé. Les étudiants sont devant leur écran, mais ils ne sont pas sur les réseaux sociaux, ils répondent à une évaluation dans un contexte universitaire», souligne-t-elle.

Impact «majeur»

Pour certains chargés de cours, l’impact est «majeur», ajoute Mme Tessier-Baillargeon. 

Des collègues ont même refusé de redonner un cours après avoir reçu de tels commentaires. «Refuser un contrat parce qu’on a peur d’avoir des commentaires dérangeants, c’est la définition d’un milieu de travail malsain», dit-elle.

Des solutions

Il existe toutefois des solutions pour remédier à la situation et ces mesures sont déjà en place dans d’autres universités, indique Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN).

À l’Université Laval, les étudiants évaluent la qualité de l’enseignement de façon quantitative, par des échelles d’appréciation, et ceux qui veulent transmettre des commentaires doivent le faire à visage découvert, après la remise des notes.

À l’Université du Québec à Chicoutimi, les commentaires sont d’abord filtrés avant d’être transmis aux chargés de cours, ce qui permet de retirer les propos offensants ou inappropriés.

Or en l’absence de balises, «tous les ingrédients sont réunis pour faire place à des commentaires injurieux », affirme Mme Gauthier, qui estime que la direction a la responsabilité de protéger « l’intégrité psychologique» de ses chargés de cours.

À l’UQAR, la mise en place de tels mécanismes fait partie des demandes syndicales dans le cadre des négociations qui se déroulent présentement, mais la direction y oppose une «fin de non-recevoir incompréhensible», affirme Mme Tessier-Baillargeon, qui tient à préciser que les chargés de cours ne s’opposent pas à l’évaluation de l’enseignement, mais plutôt à la manière dont les commentaires sont transmis.

Invitée à réagir, la direction de l’UQAR a de son côté refusé de commenter la situation «pour ne pas nuire aux discussions en cours» à la table de négociation. 

Exemples de commentaires reçus 

  • «Le prof a un niveau mental d’un élève de troisième année. Il est perdu dans ses vêtements.» 
  • «Psychopathe, malade physique et mentale [sic], il doit retourner à son pays, sale race.»
  • «Elle ne s’est [sic] pas se coiffer. Donnez-lui de l’argent pour qu’elle change de couleur de vêtements.» 
  • «Incompétent, trou de cul.»
  • «Bro what the fuck, mon chien explique mieux.» 

Source : commentaires anonymes d’étudiants reçus par des chargés de cours dans le cadre du processus d’évaluation de leur enseignement, compilés par le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université du Québec à Rimouski.

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